Tabernacle, vous comprenez ?

À l’heure du bouclage de cette newsletter, selon la formule, nous ignorions si les députés français seront arrivés jusqu’au big bang vendredi soir, à savoir au débat sur l’article 7 de la réforme des retraites. Y a-t-il eu un vote ? une émeute ? En début de soirée, tout était encore en suspens.

Ce que nous savons, par contre, c’est que l’ambiance débordante qui régnait au palais Bourbon cette semaine a impressionné plus d’un correspondant étranger. Finalement, dans cette épineuse question de la réforme des retraites, le tumulte ne siège pas dans la rue, long fleuve tranquille de manifestations paisibles. Non, pour entendre du langage fort, tournez-vous vers les bancs en velours de l’Assemblée nationale, a constaté avec stupeur la Süddeutsche Zeitung allemande. Les cris, insultes, engueulades et suspensions ont marqué également The Wall Street Journal, aux États-Unis, qui parle d’un Parlement “sous haute tension”.

Alors si vous avez encore bien en tête le zapping de la semaine en provenance du palais Bourbon, à coups d’“assassin” et d’“imposteur”, notre recommandation du jour ne risque pas de vous dépayser. Il y a du langage fleuri. Et ce dès les premières phrases. La personne en colère n’est pas française, mais québécoise. Et nous voici déjà au cœur du problème. Car dans un grand coup de colère publié dans le journal montréalais La Presse, le journaliste Marc Cassivi ne se remet pas de sa découverte : la France a eu le toupet de doubler une série signée par un enfant du pays, Xavier Dolan, La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Un non-sens, une insulte, une preuve de mentalité bornée, s’énerve le journaliste : “C’est comme si on remplaçait la musique de John Williams dans les films de Lucas ou de Spielberg par du Satie ou du Ravel. C’est une atteinte à l’intégrité de l’œuvre. Et une insulte au français parlé au Québec.” Et son argument ne manque pas de solidité quand il ajoute : “On parle la même langue.”

Par la suite, en tout cas, Cassivi ne lésine pas sur ses coups, pointe du doigt le pays “où le taux d’unilinguisme frôle les 40 %”, visiblement non disposé “à un minimum d’efforts pour comprendre certaines particularités liées à nos régionalismes”, tout en rappelant que la francophonie n’est pas une métropole mais “une relation de donnant-donnant”. Il ne s’agit pas, vous l’aurez compris, d’une lecture flatteuse. Mais l’article vaut la lecture, vous le trouverez en suivant ce lien. Il vous montre la perspective 100 % québécoise sur une particularité de l’industrie du cinéma français. Mais elle est aussi très drôle aussi, et elle est – nous le promettons – non traduite. Bonne lecture, et très bon week-end à vous.

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