Taïwan, Israël, climat... Que faut-il attendre de la rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping à San Francisco?

Une rencontre pour apaiser les tensions et avancer. Ce mercredi, et pour la première fois depuis un an quasiment jour pour jour, les présidents américains et chinois Joe Biden et Xi Jinping vont se rencontrer en marge d'un sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec) organisé à San Francisco. L'entretien doit se tenir dans un domaine huppé et bucolique, à une quarantaine de kilomètres du fameux pont du Golden Gate.

Il s'agit de la première visite du dirigeant chinois sur le sol américain depuis son déplacement de 2017. Cette année-là, il avait rencontré Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.

Le locataire de la maison Blanche doit s'entretenir avec son homologue pendant plusieurs heures. Un rendez-vous alimente l'espoir que les deux puissances puissent apaiser leurs relations après des années de tensions.

Une année tumultueuse

Quelques heures avant cette rencontre, Joe Biden s'est voulu conciliant et a établi les contours de cette réunion. "Nous n'essayons pas de nous découpler de la Chine", a-t-il dit mardi, assurant que l'objectif principal est d'"être capables de prendre le téléphone et de se parler s'il y a une crise".

Car les crises se sont justement accentuées ces derniers mois. Les deux dirigeants, qui se connaissent depuis plusieurs années, avaient discuté pendant trois heures en marge d'un sommet du G20, en Indonésie, il y a un an. La relation a depuis tourné à l'aigre, en particulier avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d'année.

De plus, Joe Biden a également très largement irrité Pékin en soulignant en février les "énormes problèmes" que rencontre selon lui la Chine au plan économique. En réponse, le même mois, Xi Jinping a critiqué, avec une virulence rare, une stratégie américaine d'"encerclement" alors que Washington muscle ses alliances en Asie-Pacifique.

Même la fameuse "diplomatie du panda" a fait les frais du coup de froid: le 8 novembre, les trois pandas géants du zoo de Washington sont repartis pour la Chine, signant la fin d'une pratique animalo-diplomatique débutée en 1972. Le ton entre Washington et Pékin s'est toutefois suffisamment radouci à l'été.

Si les deux parties ont fait en sorte de tempérer les attentes autour de la réunion de jeudi, les analystes spéculent sur quelques annonces. Le président américain veut rétablir les communications militaires entre les deux puissances nucléaires, suspendues depuis plus d'un an.

Taïwan, Israël et Ukraine

Autre sujet de tension, la situation autour de Taïwan sera très logiquement abordée, alors que Washington s'insurge contre les actions "provocatrices" de Pékin en mer de Chine méridionale.

En août 2022, Joe Biden avait passé un cap supplémentaire dans l'escalade, indiquant qu'en cas d'invasion chinoise, les États-Unis défendraient militairement l'île, provoquant une nouvelle fois l'ire du régime chinois. Ces derniers mois, les exercices militaires chinois se sont multipliés au large de Taipei.

Le statut de l'île, dont Pékin revendique la souveraineté, et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.

À l'aune des événements en Ukraine et en Israël, la situation internationale sera très largement évoquée. Les États-Unis réclament à la Chine de ne pas envenimer les grandes crises internationales, et en particulier la guerre entre Israël et le Hamas, que Joe Biden ne veut surtout pas voir s'étendre.

"Ils ont dans la région des lignes de communication que nous n'avons pas", a expliqué John Kirby, lors d'une conférence de presse tenue mardi, en référence à la relation entre Pékin et l'Iran.

Pour ce qui concerne l'Ukraine, les États-Unis n'escomptent certes pas que la Chine coupe les ponts avec la Russie, mais espèrent au moins qu'elle s'abstienne de lui livrer des armes. Mercredi matin, Moscou a d'ailleurs estimé que le rendez-vous entre Xi et Biden était "important" pour le monde entier.

La question climatique

Autre partie de choix qui doit être abordée: l'environnement. Ce mercredi, les deux pays se sont engagés à collaborer plus étroitement pour lutter contre le réchauffement de la planète, soulignant que la crise climatique est "l'un des plus grands défis de notre temps".

Dans une déclaration commune, leurs pays se sont engagés mercredi à faire en sorte que la 28e conférence climat de l'ONU (COP28), qui débutera fin novembre à Dubaï, soit un succès.

Ils ont à nouveau promis de respecter les objectifs de l'accord de Paris de 2015 sur le climat, à savoir maintenir le réchauffement de la planète "bien en deçà" de 2 degrés Celsius et poursuivre leurs efforts pour limiter l'augmentation à 1,5 degré.

"Les États-Unis et la Chine reconnaissent que la crise climatique touche de plus en plus de pays à travers le monde", indique le communiqué.

Cette déclaration commune fait suite à des négociations entre les émissaires chinois et américain pour le climat, Xie Zhenhua et John Kerry, organisées du 4 au 7 novembre en Californie.

Pékin a dévoilé la semaine dernière un grand programme de contrôle de ses émissions de ce gaz. Il ne propose pas d'objectif précis de réduction mais prévoit de capter et réutiliser certaines des émissions de méthane, afin de recycler jusqu'à six milliards de mètres cubes des émissions issues des mines de charbon d'ici 2025.

Dans leur déclaration commune, la Chine et les Etats-Unis ont convenu de définir leurs objectifs respectifs de réduction du méthane en vue de les inclure dans leurs plans de réduction des émissions pour 2035, connus sous le nom de "contributions déterminées au niveau national" (CDN).

Article original publié sur BFMTV.com