Joe Biden affirme que les Etats-Unis défendraient Taïwan en cas d'invasion chinoise

Joe Biden interviewé par la chaîne américaine CBS pour l'émission
Joe Biden interviewé par la chaîne américaine CBS pour l'émission

Ferme vis-à-vis de la Chine, optimiste sur le Covid mais mystérieux sur ses intentions pour l'élection présidentielle 2024: le président Joe Biden a multiplié les déclarations choc lors d'une interview diffusée dimanche à la télévision américaine, à moins de deux mois des élections de mi-mandat au Etats-Unis.

Sur la chaîne CBS, le président démocrate a répondu directement aux questions du journaliste Scott Pelley.

"Les forces américaines, les hommes et les femmes américains défendraient-elles Taïwan en cas d'invasion chinoise?", lui demande Scott Pelley. Réponse de Joe Biden: "Oui, si une attaque sans précédent venait à se produire."

Officiellement, pas de réel changement dans la doctrine dite de "l'ambiguïté stratégique" sur la question des relations entre la Chine continentale et Taïwan, affirment les autorités américaines.

Si les Etats-Unis reconnaissent Taïwan comme partie intégrante de la République populaire de Chine depuis 1979, ils affirment également traiter l'île comme un Etat à part entière. Seule différence, l'absence de relations diplomatiques officielles.

La fin de "l'ambiguïté"?

L'ambiguïté résidait jusqu'ici dans le fait de ne pas promouvoir l'indépendance de Taïwan, mais de ne pas afficher de neutralité en cas de volonté d'annexion effective de la part de la Chine.

Or, c'est la première fois qu'un président américain affirme publiquement que ses troupes défendraient Taipei en cas d'attaque de la Chine. Pour de nombreux experts, ce changement de ton est dû à la récente invasion de l'Ukraine par la Russie, qui pourrait donner des idées au régime communiste. Pékin a d'ailleurs mené des manoeuvres militaires dans la région en août dernier.

Cette déclaration s'inscrit aussi dans la définition de Pékin comme adversaire principal des Etats-Unis sur la scène internationale. En témoigne également la visite de Nancy Pelosi sur l'île le 2 août, dans le cadre d'un visite en Asie.

La Chine n'a pas tardé à réagir à ces propos de Joe Biden, dénonçant une "grave violation" des promesses diplomatiques de Washington. "C'est une grave violation de l'engagement important des États-Unis à ne pas soutenir l'indépendance de Taïwan. Cela envoie un mauvais signal, grave, (de soutien) aux forces séparatistes militant pour l'indépendance de Taïwan", a déploré devant la presse Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"La pandémie est finie"

Dans la même interview, Joe Biden évoque aussi la pandémie de Covid-19, l'une de ses priorités lors de son accession au pouvoir en janvier 2021.

"La pandémie est finie. Le Covid nous pose toujours problème. Ca nous demande toujours un gros travail. Mais la pandémie est finie", a affirmé le président américain.

Alors que le pays a dépassé le million de morts du à la pandémie le 12 mai dernier, le nombre d'infections et d'hospitalisations est en baisse continue depuis juillet, selon le Centre de contrôle des maladies (CDC) américain.

Seul chiffre en hausse depuis début septembre, le nombre décès: près de 400 par jour en moyenne sur les sept derniers jours décomptés (jusqu'au 15 septembre).

"Intention" de se représenter en 2024, pas de "décision définitive"

Le dirigeant démocrate a également et pour la première fois fait savoir qu'il n'avait pas décidé s'il comptait se représenter à la présidentielle américaine de 2024. Jusqu'ici, il affirmait sa volonté de se représenter.

"Est-ce une décision définitive que je me représenterai? Cela reste à voir", a-t-il déclaré, tout en affirmant que cela était pour l'instant son "intention".

Si les médecins qui l'ont examiné à l'occasion de ses 79 ans en novembre 2021 l'ont déclaré "apte" à l'exercice de son mandat présidentiel, ce n'est pas l'avis de nombre de commentateurs de la vie politique américaine.

Joe Biden est le plus vieux président américain en exercice. Il est critiqué par ses adversaires républicains et même par une frange des démocrates vis-à-vis de son âge et de ses absences, voire de ses "bourdes", lors de plusieurs événéments publics.

Pour l'élection 2024, il aura 82 ans. S'il est réélu, il en aura 86 à la fin de son second mandat.

Article original publié sur BFMTV.com