Système U devient Coopérative U : 5 choses à savoir sur le quatrième acteur de la distribution française
Chaque semaine, Yahoo vous invite à mieux connaître une entreprise. Petits secrets, anecdotes, histoires insolites, ne manquez pas l’occasion d’épater vos amis. Cette fois-ci, intéressons-nous à un groupe français qui fête son 130e anniversaire en 2024 : Système U.
1 - Après 40 ans, Système U change de nom
Un nouveau chapitre dans l’histoire de Système U vient de s’ouvrir. Le quatrième distributeur alimentaire français change de nom pour s’appeler Coopérative U. L’annonce a été faite ce jeudi 16 mai aux 1 500 associés réunis en congrès par le PDG du groupe Dominique Schelcher. "Le terme de ‘système’ introduit en 1983, est très lié à l’esprit années 80. Aujourd’hui, il y a une ‘défiance’ envers les systèmes, et cette appellation n’avait plus de raison d’être, on a voulu assumer ce que nous sommes à savoir une coopérative", a justifié le dirigeant auprès du JDD. En revanche, les enseignes Hyper U, Super U, U Express et Utile conservent leur appellation.
Fondé en 1894 sous le nom du "Pain Quotidien" avant de devenir Unico puis Sytème U, le groupe tourne la page de quatre décennies de Système U. Quatrième acteur français de la distribution derrière Leclerc, Carrefour et Intermarché avec près de 11% de parts de marché, l’enseigne vise les "15% de part de marché d'ici 2030". Coopérative U aspire aussi à "accroître sa part de marché dans le secteur du frais" et "intensifier sa présence dans le domaine de l’e-commerce".
Ça y est ! Nous avons adopté un nouveau nom.
Ce nom, c'est... Coopérative U.
Après plus de 40 ans sous le nom de Système U, nous refermons cette page tout comme nous avions refermé celle d’UNICO, pour ouvrir un nouveau chapitre dans notre histoire. pic.twitter.com/mdnmjusBAB— Dominique Schelcher (@schelcher) May 16, 2024
2 - Il a changé de nom à plusieurs reprises
S'il fallait résumer les débuts de l’aventure Système U en un proverbe, "l’union fait la force" conviendrait parfaitement à la situation. En 1894, Auguste Juhel, un épicier nantais, s’allie avec d’autres commerçants indépendants de la région pour résister aux premières chaînes et aux magasins plus imposants, notamment Félix Potin. Déjà à cette époque, les volumes vendus par les grands magasins leur permettent d’obtenir des remises de la part des fournisseurs et donc de vendre moins cher les produits aux clients.
En quelques mois, Auguste Juhel convainc plusieurs collègues et la vingtaine d’adhérents fonde "Le Pain Quotidien", l’ancêtre de Système U. Son objectif est clair : regrouper les achats pour obtenir de meilleures conditions d’achat face à la concurrence des grands magasins et ainsi assurer la survie des épiciers indépendants. En 1928, le mouvement prend de l’ampleur et 300 commerçants créent la marque Unico. Quarante ans plus tard, l’union des commerçants regroupe "plus de 70 coopératives régionales et 10 000 épiciers adhérents".
En 1975, Unico devient U pour des raisons pratiques et logistiques car l’inscription Super Unico prenait trop de place sur les devantures des bâtiments et coûtait plus cher. Pour impulser une nouvelle dynamique et grandir, le groupement fonde Système U en 1983. Entre-temps, l'enseigne a ouvert le premier super U de France à Maizières-lès-Metz, en Moselle, le 6 juillet 1972. Dix-sept ans plus tard apparaissent les premiers Hyper U. Aujourd’hui, la coopérative de commerçants, présidée par Dominique Schelcher, regroupe 1 700 points de ventes (Hyper U, Super U, U Express et Utile) et emploie 73 000 collaborateurs.
3 - Le quatrième groupe de distribution dans la hiérarchie
Pour la petite coopérative fondée dans le pays nantais il y a 130 ans, l’année 2019 revêt une saveur particulière. Cette année-là, le groupement de distributeurs indépendants Système U a doublé un Casino en perte de vitesse pour devenir le numéro 4 de la grande distribution en France. L’enseigne coopérative a aussi symboliquement franchi le cap des 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec une part de marché qui s’établit à 10,8%. "Nous croissons de façon chirurgicale pour nous adapter à une France qui se métropolise et qui se déplace vers la côte ouest et les régions du Sud", se félicitait son patron Dominique Schelcher au début de l'année 2020.
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Quatre ans après cette jolie performance, Système U a creusé l’écart avec Casino et conforté sa place au pied du podium derrière Leclerc, leader incontesté du secteur, Carrefour et Intermarché. L’an dernier, la part de marché des magasins U a atteint 11,8%. Sur 100 euros dépensés en 2023 en grande distribution, près de 12 l'ont été dans un supermarché U.
4 - Dominique Schelcher, un patron qui monte au front
Le grand public l’a sûrement découvert au moment de la crise du Covid-19. Nommé par ses pairs en 2018 pour prendre la suite du charismatique Serge Papin, Dominique Schelcher est monté au créneau quand ses supermarchés - comme ses concurrents - ont été pointés du doigt pour avoir vendu des masques au plus fort de la crise sanitaire au printemps 2020. Un pré carré jusque-là réservé au monde de la santé. "Le 24 avril, le gouvernement nous a autorisés à vendre des masques chirurgicaux dès le 4 mai. Nous avons fait notre travail pour remplir cette mission. Et voilà que nous devons nous justifier publiquement", déplorait-il à l’époque sur X. "Pour toutes nos équipes sur le terrain sans relâche, cette polémique des masques est insensée et infondée", a-t-il martelé.
Les stocks à vendre à prix coûtant vont se constituer dans les jours et les semaines qui viennent avec un seul objectif : permettre aux Français de se protéger. Pour toutes nos équipes sur le terrain sans relâche, cette polémique des masques est insensée et infondée.
— Dominique Schelcher (@schelcher) May 2, 2020
Patron multi-tâches, le jeune quinquagénaire est tombé dans la marmite U dès son plus jeune âge. Enfant, il travaillait dans la supérette Unico que ses parents tenaient dans le village de Fessenheim. Avant son trentième anniversaire, cet Alsacien pur jus rejoint le Super U familial de Fessenheim (Haut-Rhin) avant d’en prendre les rênes six ans plus tard. Désormais responsable des 1 700 magasins du groupe, il est toujours propriétaire de son propre Super U chez lui sur ses terres alsaciennes.
Très actif sur LinkedIn et X, le dirigeant au tempérament plutôt timide a dû se faire violence pour faire oublier son prédécesseur Serge Papin. "Le contraste entre le Vendéen séducteur au teint hâlé et l’Alsacien glabre tiré à quatre épingles est saisissant", s’amuse Challenges au moment de dresser le portrait de Dominique Schelcher. Le dirigeant a depuis gagné le respect de ses équipes. "Pendant la crise, il a été d’une solidité impressionnante. Il nous a guidés comme un chef", salue un collaborateur. "J’ai trouvé très sécurisant de pouvoir échanger souvent avec lui, en toute sincérité, pendant cette période très stressante (le Covid, ndlr)", se félicite son homologue Michel-Edouard Leclerc. Écouté des politiques, il a reçu l’ordre du Mérite des mains de Bruno Le Maire. Pour oublier ses dossiers et s’évader, Dominique Schelcher aime se réfugier dans… les dictionnaires. Le chef d’entreprise en possèderait… 500.
5 - Un avant et un après 23 mars 2018
Le 23 mars 2018, l’expédition meurtrière de Radouane Lakdim au Super U de Trèbes (Aude) a ôté la vie à trois personnes dans le supermarché : le boucher Christian Medvès, 50 ans, Hervé Sosna, un client de 65 ans, et le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 44 ans, à l’issue d’une prise d’otage de près de quatre heures. Si l’auteur des faits a été neutralisé, sept personnes de son entourage sont jugées au cours d’un procès qui doit rendre son verdict ce vendredi 23 février.
Cette funeste date a évidemment profondément marqué le groupe de distribution qui a mis les moyens pour accompagner ses salariés lors d’événements traumatisants. "Chez U, il y a un avant et un après 23 mars 2018, très clairement", a indiqué Dominique Schelcher sur Franceinfo le 16 janvier dernier. Depuis cette date, le groupe a embauché une psychologue qui "immédiatement après un événement traumatique, par exemple le décès d’un client en magasin, accompagne les salariés". De nombreux employés ont fait part lors du procès du traumatisme profond qui les habite depuis l’attentat. Près de six ans plus tard, seuls deux ou trois employés de l’époque sont encore salariés du Super U de Trèbes et la majorité a fait le choix de changer de vie professionnelle.