Les super-profits continuent d’embêter le gouvernement

Photo d’illustration de la Première ministre Élisabeth Borne avec le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
LUDOVIC MARIN via AFP Photo d’illustration de la Première ministre Élisabeth Borne avec le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.

LUDOVIC MARIN via AFP

Photo d’illustration de la Première ministre Élisabeth Borne avec le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire.

POLITIQUE - Le sujet reste le même, mais le ton a changé. Après avoir ouvert la porte à une taxation des super-profits le 27 août dernier, la Première ministre, Élisabeth Borne, estime ce jeudi 1er septembre qu’il est « compliqué de savoir qui fait des super-profits ». Une déclaration qui intervient deux jours après l’opposition très ferme du ministre de l’Économie Bruno Le Maire à toute nouvelle taxation sur les entreprises.

« C’est compliqué de savoir qui fait des super-profits », juge la cheffe du gouvernement au micro de France Inter. « J’ai vu des amendements débattus en juillet-août, on nous dit que ce sont les entreprises qui augmentent de 30 % les bénéfices. Mais une entreprise peut augmenter de 30 % ses bénéfices parce qu’elle avait fait deux mauvaises années et qu’elle retrouve juste la rentabilité dont elle a besoin pour investir pour protéger les emplois », illustre-t-elle.

La Première ministre plaide désormais pour qu’« un travail » soit fait afin d’aboutir à une définition précise. Un discours qui n’est pas sans rappeler celui du ministre de l’Économie, deux jours plus tôt : « Je ne sais pas ce que c’est qu’un superprofit. C’est une notion qui n’a pas de sens », déclarait le locataire de Bercy devant les patrons du Medef.

À ce stade, aucun texte ne définit le niveau de bénéfices à partir duquel une entreprise fait des super-profits : + 30 % ? + 50 % ? + 100 % ? Le chiffre n’est pas le seul critère à prendre en compte : les partisans d’une taxation spéciale veulent particulièrement cibler les entreprises qui ont vu leurs revenus s’envoler grâce au contexte de guerre en Ukraine.

C’est par exemple le cas de TotalÉnergies, qui a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre 2022, à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards au même trimestre de 2021. Chez EDF, le chiffre d’affaires a crû de 67,2 % au premier semestre 2022. Quant au géant mondial du transport de marchandises CMA CGM, il a enregistré un bénéfice net de 7,2 milliards de dollars pour le seul premier trimestre, soit une augmentation de près de 243 %, selon nos confrères de La Tribune.

Borne refuse d’exclure une taxation mais…

Relancée par Léa Salamé, Élisabeth Borne a refusé d’exclure catégoriquement la création d’une nouvelle taxe. Mais elle l’assure, son ministre et elle sont « sur la même ligne » : « Ce que l’on dit, Bruno Le Maire comme moi, c’est que nous souhaitons prioritairement que les entreprises qui n’ont pas de raison d’augmenter leur prix ne les augmentent pas », insiste la Première Ministre.

Appelant les entreprises « qui ont des marges financières » à augmenter les salaires ou à baisser les prix de vente, la Première ministre a tenté de renvoyer le dossier à plus tard : « On fera le point pour regarder à la fin de l’année si certaines entreprises n’ont pas entendu le message. (...) Je pense que les entreprises font faire preuve de responsabilité, si certaines ne le faisaient pas, nous ne fermons pas la porte », a-t-elle déclaré.

Si le gouvernement reste frileux, les Français le sont moins : 60 % des personnes interrogées dans le cadre de notre sondage YouGov pour Le HuffPost sont favorables à une taxation.

À voir également sur Le HuffPost : Taxer les super-profits ? On est allés au Medef et ce n’est pas gagné

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