Suicide de Dinah: le "choc" de la mère de l'adolescente après le classement sans suite de l'enquête

Suicide de Dinah: le "choc" de la mère de l'adolescente après le classement sans suite de l'enquête

"On est choqués. C'est une déception extrême...", souffle Samira Gonthier. La maman de Dinah a appris ce vendredi matin, par voie de presse, que le parquet de Mulhouse optait pour le classement sans suite de l'enquête ouverte après le suicide de l'adolescente, le 5 octobre 2021.

"La mort de Dinah n'est pas consécutive à un harcèlement scolaire", a annoncé la procureure de la République de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, lors d'une conférence de presse.

"Il y a eu en effet certaines insultes, auxquelles elle répondait sans difficulté, mais il y a eu surtout une souffrance de quitter un groupe qu'elle formait avec un certain nombre d'amies" en classe de 3e.

"Il y a eu entre ces deux groupes des échanges un peu houleux qui ont rendu notamment Dinah très malheureuse, mais aucun élément objectif ne ressort qui puisse être qualifié de harcèlement", a-t-elle poursuivi, présentant une enquête "objective, exhaustive, impartiale et très complète", avec au total une centaine de personnes entendues.

Des "actes d'investigations essentiels" manquants

Pourtant, pour l'avocate de la famille de Dinah, Me Laure Boutron-Marmion, la décision de classement sans suite est "contestable", notamment en raison de la non-réalisation d'"actes d'investigation essentiels", dont elle a fait la demande mercredi, explique-t-elle a BFMTV.com. L'avocate réclame que de nouvelles analyses soient faites sur le téléphone de la jeune fille.

"Pour l'instant, ils ont analysé les échanges datant des deux derniers mois avant sa mort. Or, à ce moment-là, Dinah ne subissait plus de harcèlement, nous étions en vacances d'été", nous détaille la mère de la victime.

Selon Samira Gonthier, le harcèlement a débuté en 2019, alors que l'adolescente était en classe de 4e, jusqu'à l'été 2021. Pendant les vacances estivales, les persécutions se sont arrêtées et la jeune fille a pu entamer une rentrée sereine en classe de 2nde, dans un nouvel établissement. C'est après avoir recroisé ses bourreaux au réfectoire de l'école que le harcèlement a repris, conduisant, selon la famille, à son geste de désespoir. Dinah était retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim, près de Mulhouse, le 5 octobre 2021.

"Plusieurs éléments probants" attestent du harcèlement et de "l'absence de réaction du collège pour tenter de prendre en charge la détresse de Dinah", affirme Me Boutron-Marmion. Et d'ajouter: "Nous avons été interpellés par les propos du parquet qui décrit le quotidien de Dinah comme celui d'une adolescente comme toutes les autres."

"On a la niaque"

La procureure de la République de Mulhouse a en effet dressé le portrait d'une "jeune fille brillante, absolument pas isolée" mais aussi avec un côté sombre, "une personnalité complexe, avec un déséquilibre psychique". "Elle avait une soif de reconnaissance telle que ce n'était jamais assez, elle était toujours insatisfaite", a noté la magistrate.

"Je veux que ma fille soit reconnue comme victime car c'est ce qu'elle a été pendant deux ans, et qu'on reconnaisse que son collège n'a rien fait pour l'aider", martèle Samira Gonthier.

En arrêt maladie depuis le drame, Samira Gonthier se dit prête à poursuivre le combat judiciaire. "On a la niaque", affirme-t-elle avant de vaciller: "Je pleure sans arrêt depuis un an... C'est très dur." La famille et son conseil ne renoncent pas, une plainte avec constitution de partie civile pour saisir un juge d'instruction pourrait être déposée. "Nous réfléchissons, nous ne voulons pas agir dans la précipitation", glisse Me Laure Boutron-Marmion.

Article original publié sur BFMTV.com