Sublime : ce film argentin tient la promesse faite par son titre

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Le temps de l’amour et des copains

Manuel (Martin Miller) est le plus ordinaire des adolescents de 16 ans. Il passe ses soirées à la plage avec sa copine Azul (Azul Mazzeo), traîne dans les bois avec sa bande d’amis et les retrouve dès qu’il le peut pour jouer les premiers succès de leur groupe de musique.

Mais c’est avec son meilleur ami Felipe (Teo Inama Chiabrando) que Manuel entretient la relation la plus particulière. Aussi proches que des frères, ils ne se lâchent pas d’une semelle et partagent depuis leur plus tendre enfance l’intimité de l’autre. À l’aube de l’âge adulte, ce lien prend peu à peu une couleur nouvelle et fait naître le doute chez Manuel. Les sentiments qu’il éprouve pour Felipe s’arrêtent-ils à l’amitié ?

“Non, non, rien n’a changé…”

Comment mes yeux ne t’ont pas vu ? Comment ai-je pu être si proche, sans réagir ? Je ne me suis pas réveillé à temps, je suis resté bloqué à mi-chemin. J’ignore si je dois attendre ou m’enfuir en courant. Ne t’en va pas, s’il te plaît, ne t’en va pas sans savoir ce que tu représentes pour moi.

Tandis qu’il contemple l’horizon crépusculaire depuis la plage désertique, Manuel écrit ces mots sur un cahier chiffonné. D’abord bribes, les phrases deviennent des paroles de chanson, celles de Ça ne change rien, dont la mélodie omniprésente rythme le film de l’Argentin Mariano Basin.

Mais le romantisme maladroit du jeune homme prend un sens bien différent lorsque la caméra du réalisateur s’attarde sur les regards hésitants que Manuel jette à son ami Felipe. Finalement, peut-il vraiment dire que rien n’a changé ?

“... tout, tout va continuer !”

En réalité, tout a changé : Manuel et Felipe ne sont plus vraiment des enfants, sans tout à fait être adultes. Bouleversés par leurs premiers émois amoureux, dont ils font une expérience bien différente, les deux garçons semblent s’engager sur des routes distinctes.

C’est dans la façon de filmer cette progressive distance que brille Mariano Biasin, car c’est dans le paradoxe que naît le sublime autant que le tragique. En effet, c’est avant tout leur proximité toujours plus forte qui contraint les deux adolescents à s’éloigner pour fuir la gêne naissante et s’en protéger. À l’instant précis où l’intimité innocente de l’enfance se casse et disparaît, c’est tout le cadre de leur amitié qui vacille.

À la différence de Close, dont la cassure se faisait dans la violence et la distanciation brutale, cette lente et progressive rupture semble s’accorder parfaitement aux ballades maladroites et mélancoliques du groupe de Manuel et Felipe. Mais, comme dans les paroles de Ça ne change rien rédigées par un Manuel bouleversé, une douce note d’espoir subsiste.

Pour son premier film en tant que réalisateur, le talentueux Mariano Biasin a convoqué une troupe de comédiens débutants, tous plus vrais que nature. Balbutiants, ils séduisent par la sensibilité de leur jeu naturel, que le cinéaste filme avec délicatesse jusqu’au cœur de l’intimité.

Récompensé aux festivals internationaux de Seattle, San Francisco et Saint-Sébastien, Sublime a également fait parler de lui à la prestigieuse Berlinale où il a été nommé dans pas moins de 3 catégories. Récit initiatique et amoureux à valeur universelle, Sublime atteint bel et bien le degré de beauté que son titre laissait espérer et ne manquera pas de toucher ses spectateurs en plein cœur.

Sublime est à découvrir en salle dès le 17 mai.

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