Srecko Acimovic, l'officier serbe qui a dit non

Srecko Acimovic est originaire de Rocevic, un petit village près de
Zvornik, dans la partie serbe de la Bosnie-Herzégovine. D’origine
serbe lui-même, il a pris une part active à la guerre qui a ravagé son pays, se
hissant au poste de commandant du 2e bataillon de la brigade de Zvornik
de l’armée de la république serbe de Bosnie [Republika Srpska], dirigée par le tristement célèbre Ratko
Mladic, actuellement jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le
tribunal de La Haye. Le commandant Srecko Acimovic, lui, restera dans
l’Histoire pour avoir refusé d’obéir aux ordres de sa hiérarchie le sommant de
fusiller les prisonniers musulmans capturés lors de l’offensive serbe à
Srebrenica (juillet 1995).

Son histoire, rappelée par le quotidien bosnien Dnevni Avaz à
la veille de la commémoration du massacre de Srebrenica, a pris un relief
particulier face à l’absence cette année de représentant de l’Etat serbe – le
nouveau président de Serbie, le nationaliste Tomislav Nikolic, ayant choisi de
bouder la cérémonie. Il y a dix-sept ans, les troupes serbes s’emparaient
de l’enclave de Srebrenica, exécutant 8 000 prisonniers, des garçons et des
hommes essentiellement, au mépris des lois de la guerre. Un crime qualifié de génocide par la justice internationale. “Contrairement à la
majorité des officiers de l’armée serbe de Bosnie, Srecko Acimovic n’était pas
issu d’une académie militaire où les lois et les
coutumes de la guerre ainsi que la Convention de Genève [sur le traitement humain des
prisonniers] sont longuement étudiées.
C’est pourtant lui, par ses actes, qui a réussi à ajouter une page honorable – la seule – dans le triste chapitre du massacre de 1995 et à sauver quelque
peu l’éthique militaire”, poursuit Dnevni Avaz.

“L’ordre d’exécuter les prisonniers était choquant, et j’ai
décidé en accord avec mes subordonnés de le refuser”, explique
simplement l’intéressé. A deux reprises, Srecko Acimovic ignore les ordres envoyés par télex par son
commandement lui assignant “sa part” de prisonniers à massacrer, soit
près de 500 personnes. Ensuite, il explique son opposition par téléphone à Drago
Nikolic, chef de la sécurité de la brigade de Zvornik, puis le lendemain de
vive voix au colonel Vujadin Popovic, du corps de la Drina de l’armée serbe,
venu en personne pour tenter de le convaincre – non sans le menacer de
poursuites disciplinaires. Ces deux hommes ont été condamnés à la prison à vie (avec une peine incompressible de trente-cinq ans) par le tribunal de La Haye pour leur
responsabilité dans le massacre de Srebrenica. Notamment grâce au témoignage de Srecko Acimovic, qui aura aussi permis à la justice
internationale d’établir avec certitude que ces tueries n’étaient pas le fait
de quelques têtes brûlées mais bien une stratégie délibérée de l’état-major des
forces serbes de Bosnie.

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