Volley: que va changer la Marmara SpikeLigue au volley ? Les réponses du président de la Ligue

Yves Bouget, comment le voyagiste Marmara est devenu le sponsor titre de la Ligue A Masculine ?

Depuis notre installation à la Ligue, un de nos objectifs est l’amélioration du contexte économique global de la Ligue. Dans ce cadre là, bien évidemment, le naming faisait figure de priorité car c'est un gros apport financier. On a dialogué avec certains groupes, on n’a même pas regardé d’autres, et Marmara est très vite devenu une évidence pour des raisons culturelles et d'image. Nous nous sommes très vite reconnus car nous partageons le même public familial. On s’est reconnu sur ces valeurs de famille, de convivialité et d’inclusion car au volley, un petit libéro joue aux côtés de gros balaises au block ou en attaque. Ce sont des mots partagés et non des valeurs de circonstance.

Est-ce que financièrement ce naming compense ce qu’aurait apporté la sélection de la Chine si elle avait participé au championnat de France, c’est-à-dire environ 2 millions d’euros ?
Non c’est moins. Mais c’est un engagement fort de 3 ans car on a confiance dans nos valeurs communes. La LNV est fière que le groupe TUI fasse du sponsoring sportif pour la première fois avec le volley professionnel français.

Pourquoi tout renommer la Ligue A Masculine en Marmara SpikeLigue ?

On porte cette nouvelle appellation de SpikeLigue depuis longtemps et ce naming était l’occasion de changer. MSL (Marmara SpikeLigue) ça nous parle et ça parle à tout le monde. On travaille avec d’autres acteurs pour créer un naming pour la Ligue A Féminine qui sera forcément adapté à l’image de notre championnat de France féminin.

Comment la ligue va l’utiliser cet apport ? Ce sera uniquement pour les clubs de l’élite professionnelle masculine ?

Non je gère et je travaille pour trois championnats. Mais oui, le naming profitera par ruissellement à la structuration financière de tous les clubs professionnels, indirectement avec notre aide ou directement par des actions ciblées, localement, avec notre partenaire. Renforcer la LNV par ce naming, c’est renforcer et finaliser la structuration de tout le volley professionnel français. Les budgets des clubs n’ont jamais autant progressé que depuis 2 ans. Leurs fonds propres augmentent. Dans tous les commerces, le plus difficile est de faire rentrer les premiers clients. Aujourd’hui, le sponsor potentiel d’un de nos clubs voit maintenant ce naming, la diffusion des matchs à la télé, les 530.000 spectateurs dans nos salles et les 50.000 abonnés sur lnvtv. Ce prospect se questionne beaucoup moins sur l'impact de notre sport. Les grands groupes l'ont déjà reconnu. Je veux continuer à investir dans la structuration qui profite essentiellement aux clubs.

L'été a été houleux pour deux clubs historiques du volley masculin france, le Paris Volley et l’AS Cannes. Comment se fait-il que le club de la capitale a failli évoluer avec les amateurs ?

Dupuis plus d’un an, tous les clubs ont pu se confronter aux exigences de la Licence Club créée par la LNV (salle de 1500 places minimum, conditions d’accueil des équipes et du public, écran géant, salariés administratifs, salary floor). Le Paris Volley connaissait parfaitement sa situation. Dans un premier temps, la ligue a jugé qu’il ne pouvait pas participer à un championnat professionnel. Le Paris Volley a joué avec le feu et s'est brûlé, avec notre refus initial. Il s'est brûlé volontairement. Culturellement, le Paris Volley pensait que la LNV n’appliquerait pas ses propres règles. Je pense que ce psychodrame aurait pu être évité assez facilement si les dirigeants du Paris Volley avaient pris un peu plus au sérieux les différents critères de la licence club. La preuve : c’est au pied du mur que ses dirigeants ont trouvé les solutions. Cela veut dire que ces solutions existaient avant.

L’AS Cannes a failli sombrer financièrement ?

Deux dirigeants ont eu le courage de reprendre un club dans une situation financière extrêmement critique. J’utilise l’adjectif de courageux car je pense qu'ils se sont engagés sont vraiment connaître tous les tenants et les aboutissants de la situation. Ils ont eu la malchance de découvrir certains éléments financiers tardivement, éléments qui ont mis le club dans une situation catastrophique. Ils ont eu le mérite de trouver un investisseur australien courageux pour leur venir en aide. Comme ce club n'était pas structuré, les comptes présentés n’étaient pas forcément des comptes valides. Mais voilà, ils ont réussi à fédérer autour d’eux un vrai investisseur, M. Carracher, qui a fait face et qui a permis au club d'obtenir son retour en Ligue B. La Ligue a toujours été derrière l’AS Cannes et a été un facilitateur pour que les choses se finissent bien. Vu le sérieux de l’investisseur australien, il aurait été dramatique qu’on ne trouve pas une solution juste, avec un investisseur étranger qui investit son propre argent dans le volley français.

La gestion des clubs doit changer ?

C’est ce que je prêche depuis longtemps. Nous sommes des entreprises de spectacle vivant. Une association sportive ne peut plus gérer une société de spectacle. Pour gérer le monde du spectacle, il n'y a pas mieux qu'une société commerciale. De plus en plus de clubs font cette démarche, d’ailleurs l’AS Cannes vient de le faire. Demain, il faudra des structures parfaitement identifiées… qui ne sont pas opaques ! Quand le monde professionnel se mélange au monde fédéral et associatif, toutes les opacités sont possibles. C’est fini. D’ailleurs, on peut réfléchir à toutes les résistances qu'on rencontre aujourd’hui.

Les salles modernes sont un moyen d’en finir avec l’opacité ?

Le plus gros chantier de la Ligue sera d'aider les clubs à être digne du spectacle qu’ils proposent. Aujourd’hui encore les télés ne veulent pas aller dans certaines salles de nos championnats professionnels, des salles qu’on a connues dans les années 70. Est-ce que, aujourd'hui, on se pose la question de savoir si Patrick Bruel accepterait de chanter dans une salle de 500 personnes, faites de placage et d’inconfort. Regardez le chemin parcouru par le foot et le rugby. Certaines salles ne sont pas au niveau et je comprends bien que nos présidents subissent l'équipement urbain. Les sports de salle paient cash le sous-investissement de nos villes pendant 40 ans dans l'équipement sportif. L’outil d’équilibre financier d’une société sportive professionnelle c’est sa salle, sa billetterie, l’accueil de son public et ses VIP. Sur ce dossier vital, la LNV est plus présente en soutien et en appui de nos clubs qu’en Père Fouettard.

Article original publié sur RMC Sport