UFC 296: Woirin-Pantoja, quand le coach français menait le futur champion UFC à des ceintures

Pas question de louper l’occasion. Quand Alexandre Pantoja croise notre envoyé spécial à Las Vegas chargé de l’interviewer avant l’UFC 296 de ce week-end et la première défense de sa couronne des mouches face à Brandon Royval, le Brésilien voit un nom s’illumine à l’apparition d’un nom sur l’écran. Daniel Woirin, actuel entraîneur de Benoît Saint Denis, le Français qui monte fort dans le classement des -70 kilos à l’UFC. Le nouveau roi des -57 kilos arrache le téléphone de son interlocuteur et lance l’enregistrement vidéo. Monsieur Woirin, vous avez un message: "Hey Daniel, ça va? Je veux te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi! C’est un honneur de m’être entraîné avec toi. J’ai continué avec ce que tu m’as apporté. Et je vais défendre cette ceinture!"

>> Vivez le choc Pantoja-Royval et le bouillant UFC 296 avec les offres RMC Sport

Quelques jours plus tôt, il avait déjà sauté sur un message d’encouragements du coach français sur les réseaux sociaux pour lui répondre et marquer son respect: "C’est un honneur d’avoir été entraîné par vous maître. Cette ceinture UFC est aussi la vôtre!" Alexandre Pantoja a remporté trois titres dans sa carrière pro de MMA débutée en 2007 et forte de plus de trente combats (26-5; 33 ans). Dont deux avec Daniel Woirin à ses côtés. Leur histoire commune débute en 2014 aux Etats-Unis. Le technicien français spécialiste de striking a déjà connu les sommets de la discipline en accompagnant les légendes Anderson Silva, Lyoto Machida ou Dan Henderson.

Son chemin va cette fois lui mettre un futur champion dans les pattes. "J’ai commencé à travailler avec lui à la Black House MMA de Los Angeles, à Gardena, raconte Daniel Woirin. Je travaillais pour eux quand je suis sorti de la Team Quest. Ils venaient du Brésil et Alexandre Pantoja est venu pour combattre dans l’organisation qui s’appelait RFA à l’époque et qui est devenu LFA." Le Brésilien compte déjà quatorze combats en carrière pro, tous dans les organisations locales au pays comme le Shooto Brazil, pour douze victoires. Mais il faut changer des choses pour passer dans une autre dimension.

"Il vient de la Nova União (célèbre camp d’entraînement de Rio d’où sont issues plusieurs stars, NDLR) et là-bas il y a un tas de mecs dans sa catégorie donc il était un peu mis de côté, se souvient le coach français. C’est pour ça qu’il est parti aux Etats-Unis. Il a tenté sa chance. Il n’avait pas d’appart et il dormait dans la salle, à la Black House MMA. C’était une situation un peu précaire." Mais le talent est là. Co-fondateur de la Black House et influent manager de MMA, Ed Soares lui trouve une opportunité pour la ceinture des mouches de la Resurrection Fighting Alliance, dont il est le président.

L’aventure se fera avec coach Woirin, qui va pouvoir le faire progresser en pieds-poings. Pour le plus grand plaisir de Pantoja. "Il me suivait depuis longtemps au Brésil, depuis qu’il était jeune, quand j’étais avec Anderson. Quand j’ai commencé à l’entraîner, il a halluciné." Le coup de foudre va vite être réciproque. "J’ai tout de suite vu que le mec était un tueur à gages. Il est super dur, bagarreur, efficace. Et il a un sol... C’est un mec incroyable."

Pas que dans le combat, d’ailleurs. "Humainement, c’est un super gars, gentil, très simple. Il me fait penser à Gegard Mousasi, nonchalant mais super cool. C’est marrant car on a un point en commun, précise Woirin, très lié au Brésil par son parcours comme par sa vie personnelle (sa femme). J’ai une maison à deux heures de Rio, dans la région des lacs, là où tout le monde va en vacances un peu comme dans le sud en France. Et lui habite juste à côté. Il n’est pas de Rio même. On était dans la même région."

View this post on Instagram

! 🐚🐪

A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Avec le coach français dans son coin, le futur champion UFC prend la ceinture RFA en septembre 2014 au Nouveau-Mexique (Etats-Unis) en soumettant Matt Manzanares. Quelques mois plus tard, en mai 2015, nouveau combat principal cette fois dans le Mississippi avec en jeu la ceinture AXS TV Superfight des mouches dans l’événement RFA vs Legacy FC 1, prémices de la fusion l’année suivante de RFA avec Legacy Fighting Championship pour donner naissance à la Legacy Fighting Alliance. Opposé à Damacio Page, un combattant passé par l’UFC, Pantoja l’étrangle pour se parer une nouvelle fois d’or avec Woirin à ses côtés.

"Pour prendre les ceintures au RFA, il était face à des adversaires durs, beaucoup plus balèzes que lui, dont un ancien de l’UFC, et il les a terminés, pointe le coach de BSD. Il est impressionnant. Et il a un sol de malade. C’est aussi un gros bagarreur, avec un style un peu décousu mais très efficace, létal. Il est petit mais très fort. Sportivement, c’est un monstre." Après un tour par The Ultimate Fighter, l’émission de télé-réalité qui permet à ses vainqueurs d’obtenir un contrat UFC et où ses deux premières victoires sont obtenues face à Brandon Moreno (qu’il a détrôné du titre UFC en juillet dernier) et Kai Kara-France (numéro 4 du classement des challengers de sa catégorie qu’il pourrait affronter à l’avenir), il rejoint l’UFC en 2017.

Une année où Woirin l’accompagnera encore sur un combat, son deuxième dans l’organisation leader du MMA, à Glasgow (Ecosse) pour une victoire par soumission sur Neil Seery: "Il m’avait appelé, j’étais en Europe, j’ai fait ça avec lui". Le coach français a quitté la Black House, le combattant brésilien va rejoindre l’armada de l’American Top Team en Floride et s'envoler vers sa quête du Graal de la ceinture UFC. Leurs chemins se séparent. Mais le temps n’a pas effacé le lien ni le respect, d’un côté comme de l’autre.

"Le voir champion à l’UFC me fait plaisir car il est passé par des galères, conclut Woirin. Il vient d’une famille pauvre. C’était compliqué pour lui. Il s’est saigné pour aller aux Etats-Unis. Il est parti là-bas, il fallait qu’il réussisse, donc quand tu vois un gars comme ça réussir, tu es super content pour lui. Et c’est sympa de voir sa reconnaissance et de recevoir ses compliments. C’est rare de nos jours donc ça fait vraiment plaisir que les gens n’oublient pas." Daniel Woirin, qui voit Alexandre Pantoja s’imposer, aura comme chaque fois un œil un peu plus concerné devant son combat face à Royval à l’UFC 296 qui annonce du grand spectacle. Avec un souhait bien fidèle à son état d’esprit de combat pour son ancien élève: "J’espère qu’il va le défoncer".

Article original publié sur RMC Sport