UFC 295: Pourquoi Benoît Saint Denis peut rêver à la ceinture alors qu'il n'est pas encore dans le Top 15

Il vient d’un pays où on aime souvent critiquer ceux qui rêvent trop fort à voix haute. Mais Benoît Saint Denis n’est pas du genre à se cacher. Après sa démonstration de force face à Thiago Moises à l’UFC Paris, début septembre, "God of War" a annoncé la couleur au micro devant un public incandescent: "Il n’y a pas un seul mec en -70 kilos qui fait 3 x 5 minutes avec moi et je vais vous le prouver étape par étape. Et je viendrai défendre la ceinture de l’UFC à Paris quand elle sera autour de ma taille!"

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La déclaration pourrait paraître présomptueuse. Trop précoce, aussi, surtout dans une contrée où personne n’a encore jamais remporté de titre incontesté à l’UFC (Ciryl Gane a été champion intérimaire chez les lourds). Mais à l’heure du combat qui peut faire entrer le Français dans le top 15 des challengers de la catégorie des légers, ce week-end face à l’Américain Matt Frevola dans l’écrin du mythique Madison Square Garden de New York, Benoît Saint Denis n’est pas le seul à y croire. Chez les fans comme chez les spécialistes, beaucoup voient en lui un potentiel à monter très haut.

Depuis ses débuts dans la division des -70 kg à l’UFC, après un premier combat dans son ancienne catégorie des -77, l’ancien militaire membre des Forces Spéciales – qui affronte un ancien officier de réserve de l’armée US avec Frevola, le tout le 11 novembre, date symbolique dans les deux pays – marche sur la concurrence. Les dangereux Brésiliens Ismael Bonfim et Thiago Moises, respectivement croisés dans la cage en juillet et septembre? Eparpillés façon puzzle à base d’agressivité non-stop et de coups de pieds ravageurs. Le test Frevola, numéro 14 du classement, permettra de voir si l’œuvre de destruction se poursuit face à un combattant du top 15 qui le respecte au point de le décrire comme "le croque-mitaine" de la catégorie.

Avec sa puissance et son physique imposant pour la catégorie, ses grosses qualités au sol, ses coups de pied qui vous foudroient, son intensité dans le combat et ses progrès de sortie en sortie, le Français possède les armes pour continuer à monter le grand escalier vers le Graal de la ceinture UFC. Jusqu’à avoir tapé dans l’œil de Dana White, le boss de la grande organisation de MMA: "Quand on regarde son bilan, son taux de victoires par soumission à 75% saute aux yeux. Mais il a prouvé qu’il était tout aussi dangereux debout avec son striking. Le gars est puissant, il aime aller à la bagarre, c’est l’un des meilleurs espoirs français aujourd’hui. S’il passe l’obstacle Frevola, il sera classé dans le top 15 la semaine prochaine."

Patron de Dominance MMA et manager du champion actuel de sa catégorie Islam Makhachev, Ali Abdelaziz a lui aussi bien compris l’étendue du problème Saint Denis, comme il l’a glissé à RMC Sport: "Ce gars est incroyable! S’il continue comme ça, je pense qu’il combattra pour le titre UFC." Appuyée par beaucoup, l’ambition de "BSD" est légitime. Mais il y a encore des choses à améliorer pour atteindre le sommet. Au premier rang desquelles cette propension à prendre beaucoup de coups en raison de son style bagarreur qui n’hésite pas à échanger les gnons.

D’autres ont réussi comme ça, on peut par exemple penser à Justin Gaethje (ancien champion intérimaire des -70 kg et actuel détenteur de la symbolique ceinture BMF) ou Max Holloway (ancien champion des -66 kg), mais la frontière entre échec et réussite peut se jouer à une droite bien placée quand on joue autant avec le feu. "C’est un dur à cuire, témoignait Makhachev au micro de RMC Sport en octobre avant l’UFC 294. Il va bien monter, il a le potentiel. Il a de bonnes techniques. Mais dans le top 15 ou 10, les mecs pourront contrer son style."

Journaliste spécialisé MMA, Luke Thomas va plus loin: "Vous ne pouvez pas avoir une défense aussi poreuse et devenir champion dans cette catégorie. Ça n’arrivera jamais!" Le nouveau chouchou populaire du MMA tricolore serait inspiré de s’améliorer sur ce plan. Mais quelque chose nous dit qu’il peut aussi aller au bout comme ça, avec son style, avec ce côté habité et en mission qui fait qu’il donnera plus de coups que l’adversaire et que ce dernier tombera avant lui. La route sera longue, sinueuse, compliquée. Mais le conducteur derrière le volant a bien raison de rêver fort et à voix haute. Benoît Saint Denis a tout pour transformer l’espoir en réalité.

Article original publié sur RMC Sport