Tour de France 2024: on a essayé de défier Pogacar sur le Pas de Peyrol et ce qui s’est passé ne va pas du tout vous étonner

Le scénario était écrit d’avance: un tempo d’enfer de l’équipe UAE, un dernier relais d’Adam Yates qui éparpille ce qu’il reste du peloton, et une attaque de Pogacar qui décramponne tout de suite Vingegaard à quelques hectomètres du sommet. Quelques secondes d’avance qui se transforme en une demi-minute. Du tableau noir. Bon, la suite ne s’est pas passée comme prévu, Vingegaard a repris Pogacar et l’a battu au sprint a l’arrivée, alimentant les discussions sur la tactique étrange de Pogacar et relançant la guerre des nerfs entre les équipes des deux favoris.

N'empêche, la passe d’armes nous a donné des fourmis dans les jambes, et on a essayé de prendre part à la fête à notre tout petit niveau, grâce au simulateur Rouvy qui propose de pédaler sur les itinéraires du Tour de France et notamment sur cette montée du Pas de Peyrol-Puy Mary, les pentes les plus dures du jour.

Comme les pros, on commençait par une montée "tranquille", une petite descente puis l’ascension redoutée du Puy Mary-Pas de Peyrol pour un parcours total de 25 km et 960m de dénivelé positif. Je n’ai donc pédalé qu’une heure en tout, quand les coureurs se sont avalés huit fois plus de distance, quatre fois plus de dénivelé positif, ont 10 jours de course dans les pattes et doivent récupérer derrière.

2km à 12.2% de moyenne

Comme je m’en suis rendu compte un peu tard, l’itinéraire Rouvy ne collait pas vraiment avec celui du Tour, mais les deux se rejoignent au bas de la montée principale, on comparera donc seulement ce secteur. Le segment Strava de ma montée "Rouvy" court sur 5.21 km pour 420m de dénivelé et une pente de 8.1% de moyenne. Celui "IRL" des coureurs du Tour de France est de 5.38 km, 428m de dénivelé et 8.2% de moyenne

Il existe aussi un segment sur les deux derniers kilomètres, les plus durs, qui est aussi proche: 2.06 km, 264m de dénivelé et 12.8% de moyenne pour le Tour, 2.03 km, 247m et 12.2% pour Rouvy.

Mettons fin au non suspense tout de suite: Pogacar m’a assommé. Même après 175km et près de 3.000m de dénivelé positif déjà avalé, le maillot jaune m’a éparpillé façon puzzle: 13’48 à 23.4 km/h de moyenne contre 23’48 à 13.1 km/h de moyenne pour moi (et à 291w de puissance moyenne sur la montée, je ne suis pas mécontent de mon temps). Bon, ce n’est pas une surprise, le Slovène a assommé tout le monde. A noter néanmoins qu’il ne met que 10 secondes au précédent détenteur du KOM, l’Australien Richie Porte qui avait bouclé la montée en 13’58 lors du Tour de France 2020.

Dans les deux derniers kilomètres, même tarif, 7’19 à 16.9 km/h de moyenne pour Pogi, 13’17 à 9.2 km/h, à 287w de moyenne j’étais clairement au bout du rouleau. Pogacar et les coureurs du Tour de France avaient encore 30km et deux ascensions.

L’écart est plus faible mais significatif avec le gruppetto

Et par rapport aux coureurs du gruppetto, sacrément fourni après les efforts de dingue livrés par le peloton sur le tout début de l’étape, couru à un train d‘enfer pour former une échappée qui n’a jamais pu prendre le large? Là, les chiffres sont un peu moins humiliants, mais, vus les efforts fournis au début de l’étape, il montre le monde qui sépare les amateurs des pros.

Simon Geschke, ancien maillot à pois du Tour, a uploadé l’étape sur Strava, et il a même laissé sa courbe de puissance. Il est arrivé 115e, avec les sprinteurs Laporte et Kristoff, à plus de 30 minutes de Pogacar et Vingegaard. Verdict: 22’25 à 14.4km/h de moyenne (1km/h de plus que moi, sans "trop" forcer - Geschke l'a déjà monté 6 minutes plus vite-, quand j'étais à fond) pour la montée totale et 12’42 à 9.8km/h de moyenne sur les deux derniers kilomètres. Même là, le compte n’y est pas pour moi. Une nouvelle illustration du Tour de force réussi par les coureurs. Et pour moi? Il va falloir se remettre à, l’ouvrage ce week-end pour essayer de décrocher un bon temps sur le Plat d’Adet et le plateau de Beille, deux montées des Pyrénées gravies par les coureurs samedi et dimanche, et disponibles sur Rouvy.

Article original publié sur RMC Sport