Le rejet des eaux de Fukushima inquiète dans les pays voisins du Japon

INTERNATIONAL - Le Japon a commencé ce jeudi 24 août à rejeter en mer de l’eau issue de sa centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Une décision annoncée quelques jours auparavant malgré les inquiétudes de ses pêcheurs, celles de la population sud-coréenne et une vive opposition de Pékin, qui a immédiatement renforcé ses restrictions commerciales vis-à-vis de Tokyo, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

Ce premier déversement devrait durer environ 17 jours et porter sur quelque 7,800 m3 d’eau contenant du tritium, une substance radioactive qui n’est dangereuse qu’à des doses hautement concentrées. Faut-il pour autant s’en inquiéter ? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise une valeur guide de 10.000 Bq/L (Becquerel par litre) pour le tritium dans l’eau. Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima, prévoit de filtrer l’eau puis de la rejeter avec une teneur de moins de 1500 Bq/L de tritium, soit un niveau sept fois inférieur au plafond établi par l’OMS.

Au total, le Japon prévoit d’évacuer plus de 1,3 million de m3 d’eaux usées stockées jusqu’à présent sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, provenant d’eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui avait dévasté la côte Nord-Est du pays. Si ce plan a été approuvé début juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’inquiétude persiste dans les pays voisins.

Manifestations en Corée du Sud

Séoul a publiquement soutenu la décision de Tokyo de rejeter les eaux contaminées de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, tout en insistant sur la nécessité de « transparence » de la part du Japon. Mais pour la population, les craintes subsistent. Un sondage de l’institut Gallup réalisé en juin révélait que près de 80 % des Sud-coréens redoutaient une éventuelle contamination de l’eau de l’océan et des fruits de mer dûe au rejet de Fukushima.

Les manifestations se sont également multipliées à l’approche de la date fatidique. Ce jeudi, plus de dix personnes ont même été arrêtées pour avoir tenté de pénétrer dans l’ambassade du Japon à Séoul, lors d’une manifestation pour dénoncer les rejets en mer d’eau de Fukushima.

Un petit groupe de manifestants s’était rassemblé devant l’ambassade, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans comme : « L’océan n’est pas la poubelle du Japon ».

Restrictions de la part de la Chine

Même son de cloche de la part de Pékin qui dénonce une action « égoïste et irresponsable » de Tokyo et qui a suspendu toutes ses importations de produits de la mer japonais, en invoquant « la sécurité alimentaire ». En juillet, la Chine avait déjà interdit l’importation de denrées de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et Hong Kong et Macao ont pris des mesures similaires plus tôt cette semaine. La Chine était l’an dernier le premier marché à l’export pour la pêche japonaise.

Le déversement en mer d’eau tritiée est cependant une pratique courante de l’industrie nucléaire dans le monde entier, et le niveau annuel de radioactivité de ces rejets par les centrales nucléaires chinoises est bien supérieur à celui prévu à Fukushima Daiichi, a relevé Tokyo.

Selon des analystes, la position intransigeante de Pékin sur l’eau de Fukushima est très probablement aussi liée aux relations sino-japonaises déjà tendues sur de nombreux sujets économiques et géopolitiques.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a annoncé que son gouvernement avait demandé à la Chine d’« éliminer immédiatement » la suspension de ses importations de produits de la mer japonais décidée après le début du rejet en mer d’eaux de la centrale nucléaire de Fukushima.

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