Racing 92: son ambition, ses premiers pas, la Coupe du monde… Les confidences de Stuart Lancaster

Racing 92: son ambition, ses premiers pas, la Coupe du monde… Les confidences de Stuart Lancaster

Comment se passe la préparation depuis votre arrivée ?
Ça se passe bien ! On a joué deux matchs de préparation : une victoire contre Perpignan et une défaite contre Brive qui était décevante. De ce point de vue, c’est mitigé. Mais sur le plan personnel, ça fait cinq semaines que je suis ici en France, l’environnement et l’endroit sont supers pour entraîner. Je crois qu’on a beaucoup progressé, mais le vrai test sera contre Bordeaux ce samedi.

Que saviez-vous du club avant de le rejoindre, avez-vous été surpris par certaines choses en arrivant ?
Non je connaissais bien le club avant de venir. Je suis même venu quelques jours en 2016 pour faire du travail de conseil. (Avec le Leinster), on avait joué contre le Racing en 2018 en finale de Coupe d’Europe, et la saison dernière on a joué le Racing deux fois… mais j’avais déjà donné mon accord pour venir ici ! C’est très rare qu’un coach soit désigné un an avant son arrivée. Mais ils cherchaient un entraîneur et j’ai eu cette opportunité. Donc je connaissais déjà bien le club et en plus j’ai eu tout ce temps de préparation avant d’arriver il y a cinq semaines.

C’est la première fois que vous allez entraîner un club du Top 14. Qu’attendez-vous de ce championnat ?
J’ai beaucoup de respect pour les équipes, pour la compétition et son niveau de difficulté. C’est un championnat qui est long, avec 26 matchs, en plus des play-offs. Le but c’est de gagner le titre. On a pu voir à quel point c’était important pour les joueurs et les gens la saison passée en finale. Il y a une très grosse concurrence. Je n’ai pas joué contre toutes les équipes du Top 14, mais j’ai de l’expérience face aux équipes françaises, et face au XV de France lui-même. J’ai très hâte de commencer. On a trois matchs avant la Coupe du monde, puis une pause de six semaines. Ensuite, ce sera non-stop jusqu’à juin.

Justement, qu’est-ce que ça change pour vous en tant qu’entraîneur d’avoir ce Mondial qui coupe la saison en deux ?
Le plus gros changement pour moi c’est plutôt d’être venu en France, de m’adapter à la langue et ce gendre de défis. Je suis habitué à avoir des préparations courtes en Angleterre, et là c’est pareil. Ça a été une pré-saison très courte de trois semaines, "mais on a beaucoup travaillé. Je sais qu’il y aura des hauts et des bas durant notre saison. Mais j’ai l’impression qu’on a de bonnes fondations. On veut construire ces fondations pour ces trois premiers matchs. Ensuite, à la fin de la Coupe du monde on récupérera évidemment 11 joueurs de classe mondiale, qui reviendront. Donc c’est très enthousiasmant.

Comment prépare-t-on son équipe tout en sachant qu’il manque une dizaine de joueurs importants ?
On se concentre sur les joueurs qui sont là. C’est très facile d’être distrait en se disant "oui mais untel va revenir après". Mais il faut s’occuper de ce qu’il se passe aujourd’hui et ici. Les joueurs que tu as devant toi. Tous ces joueurs ont très envie de jouer pour le Racing 92. Les espoirs ont montré de l’envie en s’entraînant avec les pros. On a eu 45 joueurs qui se sont entraînés, sans compter évidemment les 11 joueurs à la Coupe du monde. On a de bonnes forces et une belle profondeur d’effectif qui se construit. C’est un début très positif.

Avez-vous vu parler avec vos joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde ?
J’ai évidemment parlé avec ceux qui ont signé après moi au club. Cameron Woki et Gaël Fickou sont aussi venus quelques fois quand ils avaient des pauses avec le XV de France, donc c’était super de les voir. On reste en contact avec les internationaux. Ils sont sur le groupe WhatsApp de l’équipe et j’ai hâte de construire une relation avec eux quand ils arrivent.

Comment allez-vous gérer leur retour progressif après la compétition ?
Il faudra juger chaque joueur individuellement. Un joueur peut sortir des poules et être prêt à rejouer tout de suite. Un autre aura peut-être remporté la Coupe du monde, fêté ça pendant une semaine et aura besoin d’une pause. Je suis confiant en ma capacité de gérer l’effectif. Il faut bien le gérer pour se qualifier pour les play-offs et être au summum de notre forme à la fin de la saison ensuite.

Dès votre première saison, vous avez l’objectif de remporter le Top 14 ?
Oui évidemment ! Et de gagner la Coupe d’Europe aussi ! J’espère que tous les clubs ont cet état d’esprit. Chaque équipe veut gagner tous les tournois auxquels elle participe. Je viens d’un club au Leinster qui veut gagner ses deux compétitions chaque année. Et je veux qu’on ait cette même envie ici. J’ai réussi ce doublé en 2018 et c’était un sentiment incroyable. Mais j’ai perdu dans trois finales et beaucoup d’autres matchs donc je sais ce que cela requiert. C’est très difficile à atteindre. Mais ça doit être notre objectif.

Quelle patte comptez-vous apporter à l’équipe ?
Je coache depuis 23 ans maintenant. Et contrairement à d’autres entraîneurs, je coache l’attaque et la défense. J’aime penser que j’apporte beaucoup d’expérience. Une envie de jouer avec un style offensif, ce qui va parfaitement avec l’ADN du club. Mais j’accorde beaucoup d’importance également aux fondamentaux de la défense.

Vous ne parlez pas encore français, comment gérer vous la communication avec vos joueurs ?
Je suis en train d’apprendre le français. J’apprends des nouveaux mots tous les jours, mais c’est de les mettre ensemble dans des phrases qui est plus dur ! (rires) Pour l’instant je vais continuer de communiquer en anglais, plutôt que dans un mauvais français. Et je vais continuer à apprendre, mais c’est une langue difficile !

Vous vous plaisez ici en France ?
Oui vraiment ! La météo est superbe. Ma femme a déménagé avec moi. Les chiens sont là aussi… deux chiens anglais qui se baladent en France en se demandant ce qu’ils font là ! (rires) C’est génial. On habite dans un endroit très calme près du centre d’entraînement. C’est parfait.

Qui sont vos favoris pour le mondial ?
C’est dur à prédire. Avec la France, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Irlande, il y a beaucoup d’équipes fortes dans la même moitié de tableau. Je pense que les nations qui sont un peu en dessous vont avoir leur mot à dire. L’écart s’est resserré. Ça va être très compétitif. J’ai l’espoir que ce soit une compétition très offensive, qui ne sera pas dominée par le jeu au pied. J’ai hâte.

Article original publié sur RMC Sport