PSG-AC Milan: comment Zaïre-Emery est devenu, en quelques mois, l’une des plus belles promesses du foot français

Si jamais il en avait besoin, Didier Deschamps en a maintenant la confirmation. Alors qu’il n’est pas encore majeur, Warren Zaïre-Emery fait déjà partie de l’élite. Le sélectionneur de l’équipe de France a pu le constater lors de la victoire du PSG face à l’AC Milan, mercredi en Ligue des champions (3-0). Présent au Parc des Princes, l’entraîneur des vice-champions du monde a assisté à la démonstration du milieu de terrain de 17 ans. Aligné dans l’entrejeu, dans un rôle de relayeur, le n°33 a fait admirer son aisance technique, son volume de jeu et ses qualités athlétiques au-dessus de la moyenne.

Après avoir résisté à deux charges adverses, il a servi Kylian Mbappé pour débloquer la rencontre à la demi-heure de jeu. Et il a conclu sa masterclass par une seconde offrande pour Kang-in Lee, qui a corsé l’addition avant le temps additionnel (en profitant d’une feinte de frappe de Gonçalo Ramos). De quoi faire de Zaïre-Emery le plus jeune joueur de l’histoire de la C1 à délivrer deux passes décisives dans la même rencontre (à 17 ans et 231 jours précisément). L’UEFA a récompensé sa prestation en le désignant homme du match. Il est désormais le meilleur passeur de la compétition après trois journées (trois passes décisives).

De nombreux records de précocité

Son récital face aux Rossoneri a aussi permis à WZE de devenir le plus jeune à atteindre les vingt titularisations avec le PSG (toutes compétitions confondues). Un record de plus dans une collection déjà bien fournie. Un an et deux mois après avoir été lancé chez les professionnels par Christophe Galtier, lors d’un succès à Clermont en Ligue 1 (5-0), le natif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) est le plus jeune joueur aligné sous le maillot parisien en championnat et en Ligue des champions. Il est également le plus jeune buteur dans les annales du club.

Au-delà de ses stats, Warren Zaïre-Emery dégage une sérénité totalement bluffante pour son âge. Depuis son arrivée en juillet dernier, Luis Enrique en a fait l’un de ses hommes de base. Peu importe le système mis en place. Le crack d’origine martiniquaise a disputé toutes les rencontres du PSG cette saison, à l’exception de celle face à Strasbourg samedi en Ligue 1 (3-0), en raison d’une blessure à la cheville gauche. Son coach espagnol l’adore et lui accorde une énorme confiance. Ses partenaires aussi. Même les salariés du club sont dithyrambiques à son sujet. Décrit comme un garçon humble et respectueux, Zaïre-Emery séduit absolument tout le monde par son talent hors-normes et son attitude exemplaire.

Surnommé "le robot" dans le vestiaire

Souriant, poli, naturel en interview, il s’inspire de la discrétion de N’Golo Kanté pour concilier sa vie de lycéen et son statut de nouveau phénomène du football français. Actuellement en terminale STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), le prodige d’1,78m, qui grandi à Rosny-sous-Bois, bénéficie d’horaires aménagées pour suivre ses cours tout en participant aux entraînements. Il se prépare à passer son baccalauréat au printemps prochain. En dehors du ballon rond et de l’école, le jeune Warren passe du temps en famille, souvent avec ses trois frères, entre musique, PlayStation et tennis de table (où il assure être le plus doué de la fraterie).

Couvé par Presnel Kimpembe et Marquinhos, Zaïre-Emery est surnommé "le robot" au sein du vestiaire parisien, en raison de son goût pour le travail et de son hygiène de vie impeccable. Il effectue régulièrement des séances supplémentaires à la salle afin de s’étoffer physiquement et d’endurcir son corps, pour le préparer aux duels et à l’exigence du top niveau. Des efforts largement payants. Depuis la reprise, WZE semble plus affûté, plus solide sur ses appuis et plus dur sur l’homme qu’à ses débuts.

Le U17 le plus cher du monde

Après quelques piges en tant que latéral ou piston sous les ordres de Christophe Galtier, Luis Enrique l’a (ré)installé au milieu de terrain. Sa zone préférentielle. Et le champion d’Europe U17 (l’an passé en Israël) en profite pour exploiter son immense potentiel. Selon le site Transfermarkt, qui estime sa cote à 50 millions d’euros, Zaïre-Emery est aujourd’hui le U17 le plus cher du monde, à égalité avec Lamine Yamal, la pépite du Barça (16 ans).

"C’est un joueur magnifique. On espère qu’il va continuer comme ça", admire Kang-in Lee. "Warren est un joueur surprenant, de seulement 17 ans, qui fait tout bien, que ce soit en attaque, en défense, dans l'agressivité, dans la technique, complète Luis Enrique, ravi de disposer d’un tel joyau. Il a une bonne vision de jeu, le sens du but, le sens de la passe. C'est l'exemple parfait pour tous les jeunes du centre de formation du PSG qui veulent jouer au plus haut niveau. Je suis bien sûr très content de ses performances." Stefano Pioli, le coach du Milan, est lui aussi stupéfait par un tel profil: "C'est un joueur très jeune et qui semble très mature. Il est très complet, technique. Il est très fort."

Un véritable amoureux du PSG

Dès sa nomination en tant que sélectionneur de l’équipe de France Espoirs, fin août, Thierry Henry n’a pas hésité à le surclasser en lui confiant le brassard de capitaine. "Le ciel est sa limite", dit de lui le champion du monde 1998. Une responsabilité que WZE assume parfaitement. Comme depuis ses débuts. Après avoir usé ses premiers crampons au FCM Aubervilliers, il a intégré le Camp des Loges à 8 ans, sous l’œil protecteur de son père Franck, ancien joueur du Red Star.

Doublement surclassé en équipes de jeunes, il a débuté avec les U19 en Youth League à l’âge de 15 ans. Avant de longs mois de négociations pour aboutir, en juillet 2022, à la signature de son premier contrat pro avec le PSG (jusqu’en 2025), alors que tous les cadors européens étaient à l’affût. Un rêve éveillé pour ce pur produit du 93, biberonné aux chants du Virage Auteuil. "Je suis un gamin de l’Île-de-France, j’ai toujours aimé le PSG", a-t-il récemment expliqué au Parisien. "J’espère que ça va durer. Faire toute ma carrière sous ce maillot, c’est un rêve. J’espère l’accomplir."

Une prolongation en bonne voie

La réciproque est vraie aujourd’hui. Paris n’entend pas se séparer de son diamant. Pour rien au monde. Manchester City a tenté une approche cet été, en essayant de l’inclure dans un éventuel transfert de Bernardo Silva. Mais le président Nasser Al-Khelaïfi n’a même pas étudié la question. Dans son esprit, Warren Zaïre-Emery (qui compte un titre de champion au palmarès) est intransférable, quel que soit la somme ou le deal proposé. Les dirigeants qataris souhaitent en faire l’emblème d’une équipe à l’accent plus parisien (voire français) dans les années à venir.

Dans cette optique, des négociations sont en cours autour d’une prolongation longue durée. Comme révélé par Fabrizio Romano et confirmé par RMC Sport, les discussions avancent bien entre les différentes parties. L’optimisme est de mise dans ce dossier. Le nouveau chouchou du Parc des Princes, qui entretient un lien privilégié avec les supporters (il a plusieurs fois lancé des chants au mégaphone face au Collectif Ultras Paris), est représenté par Polaris Sport, la structure du célèbre agent portugais Jorge Mendes. Le représentant de Cristiano Ronaldo s’est d'ailleurs lui-même déplacé pour convaincre la famille de Zaïre-Emery de le rejoindre il y a quelques temps (alors qu’il envoie le plus souvent des intermédiaires).

Les Bleus désormais dans le viseur

Au rythme où il progresse, Warren Zaïre-Emery ressemble de plus en plus à un candidat crédible à l’équipe de France. A moins d’un souci physique, il l’intégrera tôt ou tard. Reste à savoir quand. Certains évoquent la possibilité de le voir à l’Euro dès l’été prochain en Allemagne, avant d’enchaîner avec les Jeux olympiques de Paris 2024. Ce sera peut-être même avant. Lui ne s’en fait pas une montagne pour l’instant: "Je pense que c’est un objectif pour tout le monde, après je n’y pense pas forcément, je joue mon football. C’est avant tout un travail au quotidien, je vais travailler pour pouvoir y accéder."

Pourquoi pas dès le mois prochain, avec la réception de Gibraltar (le 18 novembre à Nice) et un déplacement en Grèce (le 21 novembre à Athènes)? Histoire de clore sans pression les éliminatoires de l’Euro, pour lequel les Bleus sont d’ores et déjà qualifiés...

Article original publié sur RMC Sport