OM: rencontre avec Longoria, menaces, caillassage du bus de l'OL... Les vérités de Rachid Zeroual, le leader des South Winners

OM: rencontre avec Longoria, menaces, caillassage du bus de l'OL... Les vérités de Rachid Zeroual, le leader des South Winners

Rachid Zeroual, on vous a très peu entendu depuis la fameuse réunion du 18 septembre dernier. D’abord, confirmez-vous que vous avez renoué le dialogue avec le président Pablo Longoria ?

Vous savez, on doit tout se dire, entre leader d’une association de supporters et président de l’OM. Ils nous répètent toujours que nous sommes une famille, et qu’il faut se dire les choses, même quand on n'est pas d’accord, que cela fait partie de la vie. Alors, oui je l’ai rencontré. C’était notre première discussion après cette fameuse réunion. Je l’ai vu avant tous les autres groupes de supporters, lors d’un petit-déjeuner.

Comment s’est passé ce face-à-face ?

Je l’ai laissé parler. Il m’a expliqué son point de vue, qu’il se sentait mal à l’aise quand le ton montait à ce point lors d’une réunion. Je lui ai répété qu’on était à Marseille, et que les supporters étaient comme cela, capables de hausser la voix. Je lui ai répété notre mécontentement au sujet des abonnements, car on a dû payer dix euros de plus pour une Ligue des champions que l’on n’a pas vue. J’avais aussi ce dossier, qui m’était tombé dessus cet été, concernant le Campus, un dossier dont ils ne se sont pas occupés. On n’a pas aimé non plus ce qu’il s’est passé à Ajaccio (dernier match de la saison dernière, marqué par des incidents, NDLR) : on a eu des blessés et il n’a pas daigné se déplacer pour venir les voir, alors que le stade d’Ajaccio est tout petit. Il ne s’est pas inquiété de la cinquantaine de supporters qui ont pris des projectiles en pleine gueule, ou qui s’étaient fait matraquer par des CRS. C’est une erreur de sa part.

"Il n’y a pas eu de menaces de mort, jamais de la vie!"

C’est exactement le contenu des reproches que vous lui aviez faits lors de la réunion ?

Oui, il y a eu des critiques sur les dix euros en plus pour l’abonnement, les reproches par rapport à Ajaccio, et le plus sensible était le cas du Campus. J’ai pris cette affaire à cœur, car quand les parents viennent vous voir les larmes aux yeux, au bord de la crise de nerfs, en tant que marseillais ça ne peut pas vous laisser insensible. J’avais d’ailleurs amené des parents lors de cette réunion. Pedro (Iriondo, alors directeur général, NDLR) aurait dû s’occuper de ce dossier mais ils ont dénigré les familles et les parents. Mais lors de notre dernier rendez-vous, je lui ai surtout demandé de démentir que je l’aurais menacé de mort. Quand vous amenez des parents à une réunion et que vous défendez une cause noble, à aucun moment on ne se permettrait de proférer des menaces de mort.

Il n’y a donc eu aucune menace de mort lors de la réunion ?

(Il insiste). Jamais de la vie. Je ne serais pas en face de vous si je l’avais menacé de mort. Avec toutes ces accusations, j’ai plus l’impression qu’on essaye de me décrédibiliser, de me museler et de m’isoler. J’ai simplement essayé de dire la vérité, j’ai ma manière de voir et de sentir les choses. Après, si du fait que je suis fils d’immigrés ça ne plaît pas à une certaine sphère de Marseille ou des réseaux sociaux, je les emmerde ! Je suis français, et marseillais, je vis pour mon club du matin au soir et je me battrai toute ma vie pour l’OM, pour ma ville et pour les abonnés. Quand il y a des choses qui ne vont pas, on le dit. On déteste l’injustice et qu’on nous la fasse à l’envers.

Pablo Longoria n’a pas supporté que l’on remette en cause son honnêteté et qu’on le soupçonne de magouiller ?

Il ne m’a pas dit ça à moi ! Par contre, je lui ai posé la question sur sa plainte. Il m’a confirmé avoir porté plainte, mais pas contre nous, uniquement parce qu’il subit des pressions d’autre part. J’ai surtout insisté pour qu’il rétablisse la vérité et qu’il dise bien qu’il n’y a pas eu de menaces de mort de notre part. Aux dernières nouvelles, il voulait le faire mais avec les incidents contre Lyon ça n’a pas été possible… Ils ont pourtant défendu des associations au sujet du caillassage, cela aurait pu être le moment pour dire la vérité par rapport à cette réunion.

Une vidéo circule sur internet. Avez-vous chanté "Vendez le club et cassez-vous", samedi soir après OM-Lille ?

Absolument pas ! C’est une vidéo qui a été reprise d’un autre match. Il faut se méfier des récupérations, ce n’était sûrement pas ce samedi, je ne l’ai pas chanté au micro et je ne l’ai pas entendu. Ressortir cette vidéo, je ne sais pas si c’est volontaire et mal intentionné pour faire croire que j’ai passé un message à Longoria. C’est faux.

"Je ne supporte pas ce qu’il s’est passé avant OM-Lyon. Ce sont des fadas, des extrémistes."

Quel est votre sentiment par rapport aux incidents avant OM-OL ?

Il y a une enquête en cours et c’est logique. Heureusement que ce genre d’évènements n’arrive que rarement, car on essaye de faire quoi croire, qu’à Marseille, on accueille les clubs adverses tout le temps de la sorte. Je ne supporte pas ce qui s’est passé contre Lyon. Attaquer un bus de joueurs et voir l’état dans lequel était l’entraîneur, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il y a une montée de violence, il y a aussi des supporters marseillais lambda qui se font agresser dans certaines tribunes, et je n’aurais jamais cru que ça débarque à ce point autour des stades, encore moins de cette manière-là.

Est-ce que ceux qui ont caillassé les bus lyonnais sont des supporters marseillais, voire des abonnés des groupes ?

On parle d’indépendants, moi je vais dire que ce sont des extrémistes. Ce sont des fadas, des gens qui s’emparent de nos tribunes, qui sont camouflés, qui appartiennent ou pas à un groupe. Ils sont peut-être parfois abonnés au stade mais alors ils choisissent bien leur groupe, fuient le noyau des associations de supporters et restent à la marge pour qu’on ne les voit pas sur les caméras, que personne n’affiche leur nom ou leur visage. Les autorités ont tellement tapé sur les groupes de supporters, qu’on en oublie leur rôle majeur. Et à cause de ces cas isolés, de ce défouloir, il y a eu cette bavure, qui est inadmissible. Moi aussi, petit, je venais au stade car ma famille m’y a amené, par amour de l’OM. On était là par passion uniquement. Après, j’ai découvert une tribune dans laquelle il y avait un peu de tout et qui risquait de virer "skinhead", comme le kop Boulogne (au Parc des Princes à Paris, NDLR). Et j’ai lutté contre la violence pendant longtemps, beaucoup ont dû l’oublier, visiblement.

Article original publié sur RMC Sport