OM: qui est Rachid Zeroual, le leader des South Winners au cœur de la crise?

OM: qui est Rachid Zeroual, le leader des South Winners au cœur de la crise?

Nom: Zeroual. Prénom: Rachid. Il n'est jamais mentionné dans les communiqués, mais il est l'un des protagonistes majeurs de cette crise. Bon nombre de supporters l'ont bien compris, au point de signer une pétition pour réclamer son départ de la direction des South Winners, emblématique groupe de supporters de l'Olympique de Marseille. Rachid Zeroual cristallise toutes les critiques contre ces ultras accusés d'avoir brandi la menace d'une "guerre" pour pousser la direction à la démission. Car lors de la fameuse réunion du 18 septembre entre représentants des associations des supporters et l'état-major du club, l'intéressé a été décrit comme ayant été l'un des plus virulents.

Une figure de Marseille

À Marseille, et pas seulement dans le 14e arrondissement où il a grandi, Rachid Zeroual est incontournable. Il est des débuts des South Winners en 1987, dans le virage sud. Il gagne en influence à mesure que le groupe grandit, mais aussi parce qu'il se distingue par ses qualités d'organisation. Ce qui lui permet de devenir salarié du club pendant un temps, en tant que responsable des relations avec les supporters.

Son groupe, qui pendant longtemps a pu commercialiser lui-même les abonnements, est de ceux qui ne se limitent pas aux résultats et au soutien pendant les matchs. D'abord parce qu'il est fondamentalement marqué par l'antiracisme, clamant une franche opposition aux "fascistes" qui peuvent investir les tribunes. Mais aussi parce qu'il veut compter dans la vie de la ville.

"N’oubliez jamais notre dévouement pour les minots et les actions sociales que l’on mène", disait Rachid Zeroual en mars dernier devant le tribunal correctionnel de Marseille.

"C'est lui qui a fait tomber Bouchet"

Mais le personnage est aussi puissant et respecté que sulfureux. En 2003, une rixe avec des supporters lui coûte quatre mois de prison ferme, mais aussi son emploi au club. Le président Christophe Bouchet, qui l'évince, s'en va peu après. "Le rêve de Zeroual est de devenir le patron de l'OM, mais il est déjà le vice-président du club. (...) C'est lui qui a fait tomber Bouchet", lisait-on dans les colonnes du Monde en 2006. Les départs de deux autres présidents, Jean-Michel Roussier (1995-1999) et Yves Marchand (1999-2000), lui sont aussi attribués.

Avec Robert-Louis Dreyfus et Pape Diouf, les relations sont bonnes. Idem avec Jean-Claude Dassier, président entre 2009 et 2011, qui avait confié dans L'Équipe: "Quand je suis devenu président de l'OM, en juin 2009, on m'a conseillé de le rencontrer. (...) Il avait une mauvaise réputation, mais j'ai découvert un personnage intéressant. Nous avons toujours eu de bons rapports".

Auprès de RMC Sport, Rolland Courbis, aux manettes de l'équipe de 1997 à 1999, livre son expérience personnelle, plutôt positive: "J'ai passé deux ans et demi à Marseille. On ne gagnait pas tous les matchs, mais je n'ai pas eu l'ombre d'un problème, ni d'une réunion désagréable. (...) À mon arrivée, il y avait une réception. Rachid en était, on a sympathisé, on a rigolé et je n'ai jamais eu de problème. Et on se faisait siffler de temps en temps! (...) Mais on ne peut pas comparer les relations. Nul n'est prophète en son pays, mais je suis quand même né dans les quartiers Nord à Marseille. Je ne suis pas étranger, moi. Quand on discute avec un Marseillais, ce n'est pas tout à fait la même chose que si tu discutes avec les différents entraîneurs qu'il y a eu ces derniers temps".

Des menaces contre Didier Deschamps

Scruté par la classe politique dans une optique de "paix sociale", le pouvoir de Rachid Zeroual est directement mis en cause dans deux sombres chapitres de l'histoire récente de l'OM. Dans un documentaire diffusé sur France 3 en 2018, il raconte comment il s'est permis de mettre la pression sur Didier Deschamps, entraîneur entre 2009 et 2012: "Il était parti dans un restaurant et j'y suis allé pour aller le remuer un peu. (...) Je lui ai donné un conseil, c'est de partir de l'Olympique de Marseille. Que s'il m'arrivait quelque chose, il suivrait derrière. Et il est parti de l'Olympique de Marseille. Je l'ai fait trembler de tout son corps. Je lui ai dit que je lui décapsulerais la tête de ses épaules".

Un conflit qui fait l'objet d'une note d'une brigade anticriminalité organisée de la police, soulignant au passage une proximité du supporter-leader et de José Anigo, ancien coach et directeur sportif de l'OM.

"Le bouc-émissaire de tout ce qui peut se passer à Marseille"

En 2021, l'épisode de l'envahissement du centre d'entraînement ramène Rachid Zeroual devant la justice. L'événement avait poussé dehors le président d'alors, Jacques-Henri Eyraud. En 2023, le tribunal correctionnel condamne le patron des South Winners à neuf mois de prison donc cinq avec sursis. "Ça fait 11 ans que ça se passe très bien chez les Winners, disait-il à RMC Sport. Pendant le confinement, on a aidé tout le monde. On a ramassé des denrées alimentaires qu’on a redistribuées. On ne mène que des opérations humanitaires, caritatives, sociales. Expliquez-moi le monstre que je suis! Même malade (il souffre d'un cancer du sang, ndlr), ils arrivent à trouver que je suis un monstre?".

Pour le leader des South Winners, sa réputation sulfureuse est ainsi largement surfaite. "Je suis un responsable de groupe, on veut me condamner et me faire porter le chapeau, avait-il ajouté lors de l'audience. Je suis un peu le bouc-émissaire de tout ce qu’il peut se passer à Marseille". Se défendra-t-il de la même façon cette fois?

Article original publié sur RMC Sport