OL: "Mon rêve a été brisé", une ex-membre du centre de formation demande réparation au club pour "discrimination sexuelle"

OL: "Mon rêve a été brisé", une ex-membre du centre de formation demande réparation au club pour "discrimination sexuelle"

Une ancienne joueuse du centre de formation de l'Olympique lyonnais réclame au club près de deux millions d'euros de réparation pour non-respect de l’égalité homme-femme. Lina Salhane était présente au tribunal judiciaire de Lyon mercredi, clamant avoir subi des discriminations sexuelles ayant conduit à son renvoi alors qu'elle était membre du centre de formation, en 2018.

La Strasbourgeoise en avait été évincée de façon brutale, d'un simple coup de fil, un an seulement après l'avoir intégré en provenance d'Allemagne. Quelques jours, surtout, après avoir révélé des agressions sexuelles de la part d'un formateur, Yohan Desbos, condamné depuis à six mois de prison avec sursis. Pour l'ex-joueuse, pas de doute: son renvoi, qui a scellé sa carrière, est lié à sa dénonciation. "Ça fait mal, c’était un de mes plus grands rêves personnel. Mon rêve a été brisé malheureusement, c’est pour ça que je veux gagner ce combat", a-t-elle soufflé à BFM Lyon à l'issue de l'audience.

Salhane: "La discrimination dans le foot est à tous les niveaux"

Une accusation balayée par le club, qui argue que deux autres joueuses impliquées dans l'affaire ont continué au sein de l'OL et que les "évaluations sportives défavorables" de Lina Salhane ne permettaient pas de prolonger sa licence. A l'audience, son conseil, Me Slim Ben Achour, pointe toutefois une "discrimination systémique" liée au fait que les jeunes joueuses n'ont pas de convention de formation, contrairement aux garçons.

"La décision qui va suivre sera super importante personnellement, puisque ça fait cinq ans que j’attends. Mais c’est surtout pour l’avenir du foot, clame la jeune femme. La discrimination dans le foot est à tous les niveaux: au niveau salarial, sur la diffusion des matches... C’est dommage car on fait le même sport, on tape dans le même ballon, on court tout droit comme eux."

"L'OL viole l'un des piliers de la République française", assure Me Ben Achour

Depuis, la situation évolue. Un arrêté du 19 juin a approuvé la mise en place de conventions type de formation pour le secteur féminin et la création d'une ligue professionnelle de football féminin doit être effective à partir du 1er juillet 2024. En attendant, "le système du foot féminin n'est pas à la hauteur du foot masculin", reconnaît le conseil de l'OL, Me Christophe Bidal. "Mais c'est moins une faute individuelle qu'une faute systémique", plaide-t-il assurant que le club ne fait que respecter la règlementation posée par la Ligue de football professionnel (LFP).

Mais pour Me Ben Achour, "l'OL viole l'un des piliers de la République française", invoquant la Constitution qui interdit la discrimination femme-homme. Une loi supérieure, dans la hiérarchie des normes, aux règlements de la Fédération française de foot, rappelle-t-il. Le Défenseur des droits, saisi dans l'affaire et dont une représentante était présente à l'audience, a également conclu à une "discrimination avérée dès le départ puisque les filles ne se voient pas proposer cette convention de formation". La décision sera rendue le 22 novembre.

Article original publié sur RMC Sport