OL: le déni de Textor, l'ambiance dans le vestiaire, le cas Cherki... Les coulisses de la crise à Lyon

OL: le déni de Textor, l'ambiance dans le vestiaire, le cas Cherki... Les coulisses de la crise à Lyon

Une situation jamais vue à Lyon

Jamais dans son histoire dans l’élite (65 saisons à ce jour, pour une présence continue depuis 1989), l’OL n’avait "réussi" une telle mauvaise entame de saison : 3 points sur 27 possibles et une place de lanterne rouge ! Et il faut remonter à 1966 pour ne pas avoir de succès dans un enchaînement de neuf rencontres. De quoi inquiéter tout le monde qui connait le foot et qui se plonge dans les statistiques : 14 des 17 équipes ayant ce nombre de points au quart du championnat ont été reléguées. Soit 83% d'entre elles.

Et à Lyon, on se souvient que la dernière équipe à avoir connu la descente en mai 1983 (28 points en 38 matchs) avait dans ses rangs Serge Chiesa, Laurent Fournier, Jean-François Domergue, Slobodan Topalovic, Alain Olio, Albert Emon et comptera trois entraineurs en une saison, dont un certain Robert Herbin, passé des Verts à Lyon !

Un nouveau board dans le déni

Mais cela n’inquiète pas le nouveau board lyonnais. Que ce soit en president box où tous les dirigeants américains et brésiliens du club étaient rassemblés dimanche soir, comme lors du rapide point presse en zone mixte de John Textor, une impression ressort aux comportements des nouveaux patrons : "Ils restent cool, calmes, sereins, voire même souriants alors que ceux qui connaissent le foot savent que l’heure est grave", synthétise un habitué des loges, présent dimanche soir.

"Aiment-ils le club comme nous l’aimons ?", interroge un autre. "Ils sont plus accrochés à leur projet."

Une différence de culture qui interpelle beaucoup. "Quand je pense qu’ils disent que dimanche prochain à Marseille, c’est l’OM qui a la pression...", en sourient (jaune) ces supporters historiques-VIP.

Un président au discours qualifié de "lunaire"

Quand une consœur questionne sur la possibilité de la Ligue 2, John Textor la coupe, par un grand sourire et un "I am sorry" avant d’afficher sa réponse, sur un ton qui a de quoi choquer : "Avant tout, vous avez l’air d’être une gentille femme, sincèrement", assène-t-il. "Je sais que vous devez poser la question. Mais la question est comique. Cette équipe ne risque pas la relégation. Les équipes reléguées dans n’importe quel pays ou championnat ne jouent pas comme nous ce soir." En zone mixte, les observateurs posent donc des questions "comiques": "Quiconque évoque la relégation ne veut qu’instaurer de la peur, créer des histoires. Ce sont des plaisanteries. Je ne prends pas cela au sérieux. Je respecte votre question mais c’est du non sens pour moi", a poursuivi Textor.

L'Américain évoque aussi la négativité autour du club. Faisant référence à une récente prise de position de Bruno Bernard, le président de la métropole de Lyon qui au micro de BFM Lyon la semaine dernière a parlé de la politique illisible, Textor réplique : "Il y a beaucoup de négativité autour du club. Elle vient de politiciens locaux, d’anciens responsables, de bureaucrates mais jamais des supporters."

Des supporters toujours au soutien

Comme face à Lorient, quinze jours plus tôt, les 43.999 spectateurs présents au stade dimanche soir (selon le décompte officiel) pour voir le "petit" derby mais surtout le 17e (Lyon) face au 18e (Clermont) avant le coup d’envoi, n’ont jamais cessé leurs encouragements. Surtout au moment de l’ouverture du score adverse qui a plombé encore plus l’ambiance dans l’enceinte dans ce "match de la peur". Comment expliquer ce soutien sans faille, alors qu’à d’autres époques, la moindre "série de matches nuls alors que nous étions sur le podium, les banderoles pullulaient", se souvient un ancien présent au stade ? Peut-être que la peur d’une rétrogradation à l’étage inférieur, 40 ans après la dernière descente (saison 1982-1983) et après une série de 35 années dans l’élite s’empare d’eux ? Peut-être qu’ils savent ce groupe fragile mentalement et qu’une pression supplémentaire serait fatale ?

Peut-être aussi le résultat d’un dialogue constant entre les cadres "historiques" (Lopes, Lovren, Tolisso…) et le principal groupe de supporters, les Bad Gones. Ils se sont parlés en milieu de semaine : les uns promettant de tout faire pour sortir le club de l’ornière après des matches manqués ; les autres assurant rester groupés et en soutien. D’ailleurs, les supporters comme à Brest ou Reims restent au soutien même en déplacement. Une décision officielle dans les heures à venir devraient permettre à 600 d’entre eux d’être de retour au Vélodrome ce dimanche.

Un vestiaire (très) inquiet qui reste uni

A voir le visage marqué de Fabio Grosso en conférence de presse, avec un sourire certes présent en début de réponse mais qui disparait au fil des mots prononcés, le staff a compris que le mal est plus profond qu’imaginé en prenant le groupe le lundi 18 septembre. Six semaines plus tard, avec un seul point pris sur 12 possibles (3 défaites, à Brest, à Reims et devant Clermont), Fabio Grosso et ses adjoints tardent à trouver la bonne recette : en comptant les compositions de Laurent Blanc et de Jean-François Vulliez, les entraîneurs lyonnais ont utilisé 26 joueurs pour former leurs équipes de départ. Et aucune n’a réussi à performer sur la longueur et n’a même ouvert le score en 9 neuf rencontres.

Tout juste, le groupe a eu le "bonheur", même éphémère, de mener dans une rencontre que 56 minutes – en 810 minutes de jeu officielles – face à Lorient ! Le groupe reste toutefois uni : quand les cadres (Alexandre Lacazette il y a deux semaines dans un restaurant du 7e arrondissement de la ville et Corentin Tolisso, chez lui cette semaine) invitent à dîner ensemble, tout le monde répond présent.

Le coach tarde à avoir des (bons) résultats

Pour que sa méthode très rigoureuse porte ses fruits à moyen terme, Fabio Grosso ne doit pas perdre son vestiaire. Et pour ne pas le perdre, seuls les (bons) résultats l’aideront à faire passer le message de ce lundi par exemple : au lendemain de la sixième défaite en neuf matchs, la journée prévue de repos a mué en séance sur le terrain en après-midi. La thérapie par le travail reste la méthode de Fabio Grosso. Et par l’exemple aussi : même le batailleur Nicolas Tagliafico, qui avait obtenu un jour de repos (vendredi) au retour de ses matchs avec l’Argentine durant cette période internationale, a subi la très pointilleuse décision de son coach. Sa présence, sur ce jour de repos, au Stade de France pour la demi-finale de la Coupe du monde de rugby de son pays n’a pas été du goût du technicien transalpin. Présent dans le groupe de 25 annoncé la veille, il disparait le lendemain des 20 présents sur la feuille.

Le cas Rayan Cherki toujours clivant

Préférant placer l’international espoir dans un rôle de 10 dans son immuable 4-3-3, Fabio Grosso a encore donné à Rayan Cherki une chance de montrer ce qu’il peut faire contre Clermont. Et peut-être aussi parce qu’Ernest Nuamah n’était pas assez remis de ses deux rencontres aux Etats-Unis avec le Ghana. Mais l’essai n’aura duré que 45 minutes, ce qui n’a pas forcément plu au jeune Lyonnais qui peine toujours à placer ses bonnes prestations chez les Espoirs, avec son nouveau sélectionneur Thierry Henry dans le football des "grands".

Clermont, sur sa première prise de balle dimanche soir, par un tacle appuyé mais pas litigieux, lui a ainsi rappelé qu’en Ligue 1, il faut plus de vitesse, d’intensité et d’impact. Ce que n’a pas encore – il n’a que 20 ans - Rayan Cherki. Laurent Blanc répétait qu’il n’hésiterait jamais à se prendre la tête avec lui avec une place façonnée pour lui en deuxième partie de saison en milieu offensif derrière le ou les attaquant(s). Fabio Grosso, peu fan de son côté individualiste, fait revenir à la case "Peter Bosz" le jeune Lyonnais.

Quid de ce mercato "XXL" attendu pour janvier 2024 ?

"Il faudrait d’ici-là déjà marquer des points et ne pas en avoir une quinzaine de retard sur le premier non-relégable", persifflent des supporters au sujet du mercato de janvier. Il reste ainsi 11 matches d’ici cette fenêtre possible. Mais après les promesses faites devant le vestiaire au soir d’un match amical à Molenbeek cet été ("personne ne partira cet été"), puis répétées devant les cadres, John Textor a tour à tour vendu Castello Lukeba puis Bradley Barcola. "Il ne faut pas oublier que c’est avec eux et dans une dynamique certaine que la deuxième partie de saison dernière s’est terminée au troisième rang", rappelle un proche du groupe.

Et puis, d’ici-là, il faut que la DNCG lève l’interdiction de transfert intimée en juin. De plus, il ne faut pas que les craintes de décisions fortes des instances mondiales du foot sur le transfert d’Ernest Nuamah à Molenbeek et prêté à Lyon dans la foulée se transforment en décisions radicales. Deux hypothèses que le board US de l’OL veut balayer d’un revers de main. Pas si évident que cela...

Article original publié sur RMC Sport