Yahoo Actualités Nice: Dante, la quarantaine rugissante et un avenir qui interroge
Mai 2023, Dante prolonge d’une saison son aventure à Nice et se présente devant la presse pour s'en expliquer : "Le football, c'est ma vie. La relation entre le club et moi est belle. Elle n'était pas prévue au départ. Beaucoup pensaient que je ne resterais que deux ou trois ans. Moi aussi d'ailleurs. Pour bien finir cette belle histoire, ça serait beau de finir ici." En effet, sept ans après sa signature sur les recommandations de Lucien Favre, le capitaine brésilien se montre toujours performant. "Sa présence rassure les autres", reconnaît son directeur sportif Florent Ghisolfi. "Il nous apporte beaucoup de garanties. Il incarne parfaitement l’exigence et l’identité que nous voulons imprimer à l’équipe et, plus largement, l’exigence et l’identité du club." Cependant son histoire d’amour avec la Ligue 1 a mis du temps à se concrétiser.
"Il grelottait un petit peu" à son arrivée à Lille au mercato d’hiver en 2004
Ses premiers pas en France lui laissent un goût d’inachevé. Après deux ans et dix-neuf matchs disputés sous le maillot du Losc, il file en douce en Belgique qui sera son tremplin vers la Bundesliga.
"C’est vrai qu’il grelottait un petit peu", glisse dans un sourire son entraîneur de l’époque Claude Puel.
"C’était particulier, d’autant qu’il venait tout seul, avec sa famille et ses amis à l’autre bout du monde. Mais il était déterminé." La détermination, terme récurrent lorsqu’on évoque le défenseur brésilien. Tout juste arrivé en Europe, il souhaitait déjà s’y imposer, confie Puel: "Ce n’était pas un titulaire. Il avait des lacunes, manquait un peu de vitesse mais compensait déjà avec sa lecture et sa technique. Il était très respectueux mais avait un caractère affirmé. Il ne se satisfaisait pas de sa situation parce qu’il voulait jouer plus. Il n'est pas resté dans son coin à faire la tête. Il a travaillé et a cherché à progresser." S'ensuivent des passages à Charleroi, au Standard de Liège, Monchengladbach, Bayern Munich, Wolfsburg et Nice…
"On dirait qu’il a mon âge", ironise Todibo
Son partenaire de défense Jean-Clair Todibo n’en revient pas du niveau et de la constance de son capitaine, de 17 ans son aîné : "Il a 40 ans et il est super performant. On dirait qu’il a mon âge ! Contre Brest, je suis sorti pour un pépin au mollet, lui il était encore en train de jouer. C’est énorme ce qu’il fait, il sort des matchs de très, très haut niveau. C’est fou ce qu’il propose ! Je pense que les gens ne se rendent pas compte. Il s’entraîne tous les jours, il ne se gère pas et il sort un super match à chaque fois." Claude Puel n’est pas surpris : "Au-delà de la qualité du joueur, ça montre son intelligence. Il a su passer des paliers et c’est encore le cas. Il y a une adaptation constante qui fait qu’il est toujours hyper performant." Directeur sportif de l’OGC Nice au moment de son arrivée, Julien Fournier met l’accent sur son rôle dans le vestiaire : "Humainement je lui mettrai 11/10. C’est un vrai leader. Il est capable d’emmener un groupe avec lui. Quand on a Dante dans son équipe, à Nice, et qu’on veut développer des jeunes joueurs, c’est un bien précieux. Ces joueurs-là sont extrêmement rares dans notre championnat."
Il a retrouvé son meilleur niveau après s’être fait les croisés à 37 ans
Julien Fournier admet cependant avoir douté, au départ, de la longévité du Brésilien : "Quand il signe, on cède dans la négociation pour lui faire signer un contrat de trois ans. Je me souviens lui avoir dit dans les yeux ‘c’est une année de trop et j’espère que tu me feras mentir.' Souvent on en plaisante quand on se voit parce que c’était une belle connerie de ma part. Sept ans après, il est encore là !" Toujours présent en effet, malgré une rupture des ligaments croisés du genou gauche à 37 ans. La carrière du "CommanDante" aurait pu s’arrêter en novembre 2020 à Angers, sur la pelouse du stade Raymond-Kopa. Mais son amour du foot et sa détermination le font revenir. "On avait un accord oral sur sa prolongation avant sa blessure," glisse Fournier. Le club respecte son engagement et son capitaine le lui rend bien avec deux saisons pleines après son opération. Il dispute 38 matchs en 2021-2022 et 49 la saison dernière en retrouvant les joies de la coupe d’Europe.
Dante futur entraîneur de l’OGC Nice ? "C'est le sens de l'histoire"
La question de son avenir se pose comme chaque année. Son association à Jean-Clair Todibo prouve depuis plusieurs saisons qu’elle fait partie des meilleures charnières du championnat.
"Je pense qu’il ne fera jamais l’année de trop", observe Julien Fournier.
"Il se connaît tellement bien que quand il sentira que ce ne sera plus possible, il arrêtera. J’espère en tout cas qu’il restera longtemps à Nice et qu’il en deviendra même l'entraîneur. C'est le sens de l'histoire… J’ai de fortes convictions sur sa capacité à être un bon entraîneur", ajoute l’ancien dirigeant du Gym. Le principal intéressé n’est pas contre l’idée de s'asseoir un jour sur le banc mais "pas encore, chaque chose à la fois", répond-il quand le sujet est abordé. Il se concentre pour le moment sur sa carrière de joueur.
"Je ne vais pas dépasser Hilton, ça c’est sûr"
"J’ai toujours cette envie de faire les sacrifices, de me faire mal, de me lever pour aller m'entraîner," se réjouit Dante. Mais jusqu’à quand ? "Le plus important, c'est de rester lucide et loyal avec les autres. Il faut avoir une vision claire de ses capacités. Je ne vais pas dépasser Hilton (qui a stoppé sa carrière à 43 ans, NDLR), ça c'est sûr, mais je préfère ne pas me dire que c'est la dernière." Pour Julien Fournier, c’est au Brésilien de choisir sa sortie : "J’espère que le club aura le bon sens de le laisser décider." Son premier entraîneur sur le sol européen, Claude Puel, observe toujours la soif de progrès en lui: "Ce n’est pas un joueur qui dit simplement ‘bon je fais une année de plus.’ Non, à chaque fois il progresse ! S’il est encore dans cet état d'esprit, il n’y a aucune raison qu’il ne fasse pas une année supplémentaire." Réponse dans les prochains mois.
