Nice: ses ambitions, Donnarumma, Farioli... les confessions de Sirigu pour son retour en France

Nice: ses ambitions, Donnarumma, Farioli... les confessions de Sirigu pour son retour en France

Salvatore Sirigu, ce pas totalement une surprise de vous voir signer en faveur de l'OGC Nice, puisque vous aviez déjà failli rejoindre le club par le passé...

C'est le destin peut-être. Je suis content, c'est un très bon club, qui m'a donné envie de revenir en France (six ans après son départ du PSG, ndlr).

Comment s'est passée cette semaine de mise à l'essai, après avoir subi une rupture du tendon d’Achille en janvier avec la Fiorentina?

J'ai eu une très mauvaise blessure. On a fait tous les tests, on a pris la semaine pour être sûrs que tout allait bien. Grâce au bon travail que j'avais fait avant, j'étais prêt. Mais il faut continuer à travailler.

Quel va être votre rôle au sein de ce projet niçois?

J'aurai toujours un rôle de joueur. Il faut qu'on s'entraîne tous les jours pour donner quelque chose à cette équipe. L'entraîneur fera les choix ensuite, ce n'est pas un problème. Cette équipe doit faire des choses importantes. On doit tous se sentir important dans ce projet, et on doit amener quelque chose d'important à l'équipe.

Farioli, c'est quelqu'un dont on parle beaucoup déjà en Italie.

Et au sein de l'équipe, justement?

Je compte apporter mon vécu et mon expérience. Quand on arrive à 36 ans, on veut voir grandir les joueurs les plus jeunes. Et qu'ils puissent aussi amener quelque chose d'important au club. On se doit de le faire en tant qu'ancien, mais aussi en tant qu'être humain. Il y a cette envie de transmettre quelque chose. Je l'ai déjà fait par le passé, et maintenant je peux encore plus le faire.

Un entraîneur plus jeune que lui? "Ça fait hyper bizarre!"

En parlant de cette volonté de transmettre, vous serez en première ligne pour accompagner l'évolution de Marcin Bulka...

C'est un très bon gars. Mais je veux aussi parler de Teddy (Boulhendi, le troisième gardien dans la hiérarchie niçoise), des jeunes derrière... Cette cohabitation, c'est quelque chose de particulier, il faut bien la vivre au quotidien. J'ai eu la chance de travailler avec des gardiens qui m'ont fait grandir dans ma carrière. Maintenant c'est à moi d'avoir ce rôle.

Vous avez quelques atomes crochus avec l'entraîneur, Francesco Farioli: il est italien, il connaît bien ce poste pour avoir été entraîneur des gardiens par le passé... Sa présence ici a été importante pour vous?

Oui, ça a été important. C'est quelqu'un dont on parle beaucoup déjà en Italie. Il est très jeune, mais il impose déjà une identité bien précise de jeu. J'ai la chance de travailler avec lui, d'apprendre de nouvelles choses, des façons différentes de jouer et de s'entraîner. On n'arrête jamais d'apprendre.

Votre coach a 34 ans, il est donc plus jeune que vous. Cela doit vous faire bizarre, non?

(Rires) Ça fait hyper bizarre! Mais on ne dirait pas qu'il est plus jeune: la façon qu'il a de se comporter, de parler avec les gens... On dirait qu'il est expérimenté depuis dix ans. C'est incroyable. Et je n'y pense pas quand je parle avec lui. Si je peux être un relais pour lui? Je pense qu'il n'a rien à me demander. (Rires) C'est quelqu'un de très attentif, très préparé. Il pense à tout, il sait ce qu'il doit faire. Même quand tu as quelque chose en tête, il y a déjà pensé.

Pouvez-vous nous parler du début de saison de Nice, qui vient tout juste de s'imposer sur la pelouse du PSG et demeure toujours invaincu après 5 rencontres (2 victoires, 3 nuls)?

Tout le monde parle de la victoire face à Paris. Mais j'ai aussi vu les matches d'avant, et les joueurs ont vraiment toujours bien joué. Des fois, il n'y a pas eu de réussite. Ce n'est pas facile, il y a de nouvelles méthodes. On doit garder la tête sur les épaules, continuer à travailler pour qu'il y ait de belles périodes comme ça à l'avenir. Mais on n'a rien fait encore.

Comment avez-vous vécu votre retour au Parc des Princes, vendredi dernier, vous qui avez évolué avec le PSG durant cinq saisons?

C'était bizarre, je n'avais jamais été de l'autre côté du vestiaire. D'habitude j'allais à gauche, là j'allais à droite. (Rires) Mais c'est comme ça, ça m'a fait plaisir. Paris a été une étape de ma vie très importante (entre 2011 et 2017, dont deux prêts à Séville et Osasuna), qui a beaucoup compté pour moi. Embrasser tout le monde, ça a été magnifique.

Vous avez pu échanger Marco Verratti, et sur la fin de son aventure avec le PSG?

Avec Marco, on a été en sélection ensemble, on a gardé un très bon rapport. On a parlé (de son départ). Il était tranquille. Quand il est sorti du terrain (lors de ses adieux au Parc des Princes), c'était émouvant. Peut-être qu'il a compris qu'il a fermé une partie de sa vie. Il a beaucoup donné au PSG, au championnat français, au foot... J'espère qu'il aura une belle expérience au Qatar aussi belle qu'à Paris.

Donnarumma, on peut le critiquer, mais il fera toujours des choses incroyables.

Quel regard avez-vous sur l'évolution du projet à Paris, vous qui avez fait partie du début de l'ère qatarie?

Le club a une évolution incroyable. Surtout au niveau du regard des gens sur le PSG. Maintenant, le club est connu dans le monde entier, il est considéré comme l'un des meilleurs en Europe et dans le monde. Et ça, c'est la plus belle victoire qu'un club peut avoir.

Concernant le niveau de la Ligue 1, pensez-vous qu'il a progressé grâce au PSG et à tous les investissements qui ont été faits dans plusieurs équipes du championnat?

Bien sûr. Avoir une équipe comme le PSG, on ne s'en rend peut-être pas compte en France mais ça donne de l'intérêt à l'étranger. Les gens regardent plus ce championnat. En Italie, quand je jouais ici, c'était plus compliqué de voir les matches. Maintenant, on regarde tous les matches de Ligue 1 comme ça peut être le cas pour l'Angleterre, l'Espagne ou l'Allemagne. Des entraîneurs ont apporté quelque chose de nouveau ici.

Gianluigi Donnarumma est assez décrié en ce moment, pas seulement en France: en tant qu'italien, quel regard portez-vous sur son évolution?

Des critiques, il en a toujours eu. Mais il a 24 ans, cela fait déjà huit ans qu'il joue... On ne l'a pas beaucoup dit mais il a fait deux arrêts incroyables l'autre soir (contre Nice). Ça, c'est Gigio: on peut le critiquer, mais il fera toujours des choses incroyables.

Avez-vous la sensation de découvrir une nouvelle génération d'entraîneurs avec Farioli?

J'ai eu la chance de connaitre plusieurs entraîneurs, de jouer dans des équipes importantes. Les choses changent, le foot t'impose de changer. A Naples, on a avait un peu cette façon de jouer l'année passée. C'était un peu pareil à la Fiorentina avec un très jeune entraîneur en place depuis trois ans (Vincenzo Italiano). La philosophie évolue beaucoup en Italie. Ce n'est pas évident mais ça donne des résultats et il faut y croire

Parlons un peu de vos coéquipiers, Jean-Clair Todibo et Khéphren Thuram: ce sont deux internationaux, deux joueurs qui sont en train de prendre une autre dimension ces derniers mois...

Je les connaissais. Khéphren, je l'ai vu déjà tout petit avec son père, il avait 8, 10 ans. Ça me fait bizarre de jouer avec lui, il est même plus grand que moi maintenant! (Rires) Il a beaucoup évolué. Il y a beaucoup de joueurs ici qui peuvent faire du bien. Il y a un gros travail dans ce groupe pour mettre en valeur ces joueurs-là. La force individuelle ressort par la force de travail d'un groupe.

Pensez-vous pouvoir compter sur une plus grande compréhension du poste de gardien de la part de Farioli, qui fut entraîneur des gardiens avec Roberto De Zerbi?

Il comprend peut-être un peu plus parce que c'est parfois difficile de comprendre le poste de gardien de but. Parfois, j'entends parler des gens qui n'ont pas passé un seul jour dans les buts... Il comprend un peu plus ce qui peut se passer sur le terrain. Il peut te demander quelque chose qu'il a expérimenté et sait que cela peut se passer pendant un match. C'est important, c'est encore un rôle très inconnu. C'est un peu compliqué de parler, de juger.

Vous qui avez toujours joué dans des clubs ambitieux: quelles sont vos ambitions avec Nice cette saison?

C'est de ramener quelque chose pour le club, pour que le projet continue de grandir, que ça donne de la motivation pour travailler au quotidien. Je serai content si le club créait maintenant la base pour gagner dans les prochaines années. Pour que Nice devienne important en France, et pas seulement.

Un turnover avec Bulka? "Il n'y a pas de problème dans ce domaine"

Avez-vous discuté d'un potentiel turnover avec Marcin Bulka cette saison, notamment en Coupe de France?

C'est compliqué. Là, maintenant, on parle de Monaco parce que c'est le match qui arribe. On va préparer chaque match sans penser aux autres. Il n'y a pas de problème dans ce domaine. Ce n'est plus le foot d'avant, il faut se concentrer sur chaque semaine sans penser à ce qu'il peut se passer à l'avenir

Dante va bientôt avoir 40 ans (le 18 octobre prochain): avec sa tranquilité, il vous impressionne?

Avoir des gens comme ça devant, c'est très rassurant. C'est quelqu'un de très expérimenté. Il aide les autres, il permet de s'adapter. Cela prouve qu'avec l'âge, c'est plutôt la tête qui fait la différence. Lui, il a 25 ans dans sa tête, il est toujours très jeune dans sa manière de penser, de s'entraîner, d'arriver tous les jours avant les autres. Il travaille fort, comme les gamins. Qu'il soit encore là, ce n'est pas étonnant quand quelqu'un travaille pendant un an. C'est même normal pour moi.

Quels souvenirs conservez-vous de vox rencontres contre Nice?

J'ai eu la chance de jouer dans le vieux stade et c'était le bordel! C'était petit mais bruyant, c'était beau, ce sont des émotions qu'on veut vivre quand on joue au foot. Ne nouveau stade esttrès différent mais toujours avec la passion. C'est un stade très difficile face à une équipe très difficile à jouer. Ce n'est pas évident d'y gagner, les résultats sont très difficiles à obtenir face à un public qui pousse vraiment, qui donne quelque chose. C'est l'âme du stade et de l'équipe, c'est très difficile pour les adversaires et très bien pour Nice!

Article original publié sur RMC Sport