Newcastle-PSG: Luis Enrique, entêté jusqu'au-boutiste partout où il est passé?

"Je suis le premier responsable pour le résultat de l’équipe", Luis Enrique a beau assumé son rôle dans la déroute du PSG à Newcastle (4-1), pas sûr que les supporters approuvent tous ses choix. Au contraire, le plan de l’entraîneur a viré au fiasco à St James' Park, où il a reçu une leçon tactique de la part d’Eddie Howe.

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Le choix de jouer avec seulement deux milieux et quatre joueurs à vocation offensive a notamment suscité une grosse incompréhension voire de la colère après l’ampleur de la débâcle européenne. Mais justement, ces critiques pourraient renforcer Luis Enrique dans sa volonté d’installer ce système tant le technicien espagnol semble se nourrir des attaques contre ses choix.

"Luis Enrique est bien sûr très entêté mais c’est un entêtement qui vient surtout des critiques, pointe Fredéric Hermel, le spécialiste du football espagnol pour RMC Sport. Il suffit que l’on critique, par exemple, son système contre Newcastle, ou le fait de faire jouer tel ou joueur, pour qu’il s’entête. Il a un rapport toujours violent et conflictuel avec la presse. Plus on va le critiquer, plus il va s’entêter."

"Avec Messi, il s’est écrasé"

Au Barça par exemple. Revenu tardivement de ses vacances de Noël en Argentine, Lionel Messi a été mis sur le banc par Luis Enrique pour le premier match de l’année 2015. Entré au retour des vestiaires, l’attaquant n’a pu éviter la défaite contre la Real Sociedad (1-0) pour la reprise début janvier. De quoi valoir au technicien un coup de pression de sa direction et du président Josep Maria Bartomeu.

"Avec Messi, il s’est écrasé, renchérit le spécialiste du football espagnol. Après le match, le président Bartomeu avait demandé à Lionel Messi s’il voulait la tête de Luis Enrique. Messi avait répondu simplement qu’il voulait que l’entraîneur le laisse tranquille. Derrière, Lionel Messi a joué quand il voulait avec Luis Enrique. […] Messi faisait ce qu’il voulait au club donc après Luis Enrique s’est écrasé."

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Le cas si particulier de 'La Pulga' constitue peut-être l’une des rares exceptions où Luis Enrique a fait machine arrière. Et encore, c’est parce que la direction blaugrana a pris parti pour la star de l’Albiceleste. Jordi Alba, envoyé sur le banc "du jour au lendemain" pour faire de la place à Lucas Digne a mis plus de temps à retrouver la sélection espagnole après la nomination de Luis Enrique.

"Plus les gens réclamaient Jordi Alba et moins il le faisait jouer, rappelle encore le journaliste de l’After Foot sur RMC. Cette obsession s’est poursuivie quand il est devenu sélectionneur. Ensuite cela s’est arrangé mais cela a duré un long moment."

Les bannis et les chouchous de la Roja

En raison de leur passif en Catalogne, Jordi Alba a galéré pour revenir dans les bonnes grâces de Luis Enrique lors de son premier passage sur le banc de l’équipe d’Espagne. D’autres joueurs en ont alors fait les frais, et notamment ceux du Real Madrid.

"Il suffit qu’on le critique sur quelque chose pour qu’il s’enferme dedans. Cela s’est encore vu de manière plus forte en sélection où il avait beaucoup plus de pouvoir qu’au Barça. Par exemple, il a été longtemps sans convoquer des joueurs du Real Madrid. Dans la presse madrilène, il a été accusé de le faire parce qu’il est très mal parti du Real Madrid quand il était joueur. Il a été accusé d’être dans le ressentiment contre le Real Madrid. Plus on l’accusait, moins il convoquait les Madrilènes. Il s’enfermait là-dedans."

A l’inverse, d’autres joueurs ont bénéficié d’une certaine forme de clémence de la part de l’actuel coach du PSG. Deux internationaux, en particulier le duo composé par Eric Garcia et Ferran Torres. Si le défenseur montrait une certaine qualité en sélection, ses performances au Barça laissaient à désirer sans pour autant lui faire perdre la confiance de Luis Enrique. Pour l’ailier, loin d’être indiscutable en Catalogne ou avec la Roja, les détracteurs du coach n’ont eu de cesse de rappeler qu’il était le fiancé de sa fille.

"Ferran Torres jouait alors qu’il n’avait pas le niveau pour évoluer en sélection. En tout cas pas comme titulaire, note également Frédéric Hermel. Ce sont surtout les réactions dans la presse et dans l’opinion publique qui ont joué dans ses choix. Il a suffi de demander si Ferran Torres avait vraiment le niveau pour que Luis Enrique insiste. Pareil avec Eric Garcia qui évolue désormais à Gérone. Luis Enrique était obsédé par Eric Garcia alors qu’en Espagne les observateurs estimaient qu’il y avait de meilleurs défenseurs centraux que lui."

"Dire qu’il est responsable, c’est aussi affirmer son ego"

L’autre entêtement de Luis Enrique, en partie responsable de son départ après l’échec lors du Mondial 2022, c’est son passage sur Twitch. En conflit avec les médias, le sélectionneur préférait alors répondre aux supporters sur les réseaux sociaux. "C’était pour lui une manière de dire que les journalistes ne servaient à rien. Après l’élimination à la Coupe du monde dès les huitièmes face au Maroc, il a fait un direct sur Twitch le soir même. Cela a aussi un peu provoqué son départ, enchaîne le fin observateur du football espagnol. […] Du côté de la Fédération on ne trouvait pas cela très bien et il fallait respecter les journalistes et les codes."

L’entêtement de Luis Enrique demeure intimement lié à son ego. Par le passé et encore ce mercredi après la défaite contre Newcastle en Ligue des champions, Luis Enrique a pris ses responsabilités. Une volonté d’assumer qui peut être vue comme positive mais qui montre aussi sa volonté de rester au centre de l’attention selon Frédéric Hermel.

"Cela fait partie du personnage et de son ego. Il a un ego surdimensionné, insiste le membre de l’After Foot. Dire qu’il est responsable, c’est aussi affirmer son ego. Quand Luis Enrique dit qu’il est responsable, il défend son système et assume. Il dit être responsable mais aussi qu’il a raison. Quand Ancelotti fait un système avec cinq milieux dans le derby contre l’Atletico (défaite 3-1 du Real, le 24 septembre), il dit être le responsable et il dit qu’il s’est trompé. Luis Enrique c’est un jusqu'au-boutiste. Après c’est un très bon entraîneur mais il va mourir avec ses idées et ne jamais reconnaitre une erreur. Les critiques le renforcent dans son idée, toujours. Et en même temps il déteste la presse."

Et Frédéric Hermel de conclure: "Après, les dirigeants du PSG savaient comment il était. Luis Enrique c’est quelqu’un qui va au bout de son idée. C’est un entêté pour le bon et pour le mauvais." Mercredi face à Newcastle, l’entêtement de Luis Enrique a coûté cher au Paris Saint-Germain. D’ici la fin de saison, cela aura peut-être aussi porté ses fruits.

Article original publié sur RMC Sport