Ligue 1: l'OL joue sa saison financière ce mardi devant la DNCG

Ligue 1: l'OL joue sa saison financière ce mardi devant la DNCG

"C’est sûr que c’est une journée importante". Le ton grave de cette source interne au club ne laisse aucun doute sur les lourds enjeux qui vont se jouer ce mardi devant la DNCG. Le rendez-vous est fixé à 14h30 au siège de la LFP dans le 8eme arrondissement de la capitale. Sont attendus physiquement sur place: John Textor, l’actionnaire majoritaire, et Thierry Sauvage, le DG d’OL Groupe (en partance).

Initialement ce rendez-vous devant la DNCG devait être géré par Santiago Cucci, président exécutif intérimaire arrivé en juillet, mais il déjà reparti. Une instabilité managériale que ne manquera pas de relever Jean-Marc Mickeler, le président de la DNCG.

Plus de 90 millions de vente de joueurs qui font du bien

Le premier élément qui a changé depuis la décision prise en juillet d’encadrer le club et de l’empêcher de dépenser plus de 25 millions d’euros sur le marché des transferts, c’est que plusieurs joueurs ont été vendus au mercato. Trois transferts ont fait particulièrement du bien aux finances lyonnaises. Celui de Bradley Barcola au PSG pour un montant de 45 millions d’euros (+5 millions de bonus). Celui de Castello Lukeba à Leipzig pour un montant de 34 millions d’euros (bonus compris). Et enfin celui de Romain Faivre à Bournemouth (prêté ensuite à Lorient) contre 15 millions d’euros. A cela s’ajoutent d’autres transactions moins spectaculaires qui portent le montant des ventes à plus de 90 millions d’euros. Un argument massif qui a de quoi rassurer la DNCG. Serait-ce suffisant ? Pas sûr.

La vente bien engagée d’OL Reign pour 50 millions devrait être mise en avant

Lors de l’OPA (Offre Publique d’Achat) sur les petits porteurs d’actions OL, Eagle avait provisionné 65 millions d’euros, grâce au soutien de Michele Kang. Seuls environ 50 millions ont été nécessaires pour boucler cette OPA. Une réserve de cash d’environ 15 millions pourrait donc théoriquement redescendre d’Eagle jusqu’à l’OL. Autre levier que Textor devrait mettre en avant c’est la vente de la francise américaine de foot féminin de l’OL Reign. Selon nos informations, une négociation finale avec un acheteur unique est aujourd’hui engagée ce qui laisserait peu de doute sur une vente effective dans les prochains mois qui devrait rapporter près de 50 millions d’euros. L’avancée des négociations sera-t-elle suffisante aux yeux de la DNCG ? A voir.

L’actionnaire américain pourrait aussi évoquer la cession de l’OL féminin à Michele Kang. Cette opération est très avancée mais toujours pas effective. Elle ne rapportera pas de cash mais permettra à l’OL d’économiser près de 15 millions annuels de frais de fonctionnement. Enfin, la vente de la LDLC Arena, qui vient juste d’être inaugurée, pourrait aussi être avancée. Textor, qui entend se concentrer uniquement sur l’activité football, souhaiterait la vendre 200 millions d’euros (145 millions d’euros d’investissements ont été réalisés pour la faire sortir de terre) mais le projet n’est pas suffisamment avancé concrètement pour en faire un argument solide devant la DNCG.

Textor a réussi à refinancer l’énorme dette du club

Au 30 juin 2023, la dette du club s’élevait à 458 millions d’euros. Le 8 novembre, l’OL a annoncé avoir trouvé un accord avec plusieurs banques pour refinancer une grande partie de cette dette (320 millions) qui comprenait les PGE souscrits auprès de l’Etat de la période Covid, des traites de remboursement du stade et des dettes envers des entités privées comme Holnest (la holding de Jean-Michel Aulas toujours actionnaire minoritaire du club). Deux agences de notations ont noté cette opération avec une "solvabilité moyenne". Une appréciation suffisante aux yeux de John Textor qui s’était largement félicité au lendemain du deal:  "La confirmation des principales agences de notation de crédit et la qualité de nos nouveaux investisseurs témoignent de la force de la marque OL, de l'amélioration de la situation financière du groupe et de la solidité de son plan d'affaires pour l'avenir". Ce refinancement donne de l’oxygène à court terme car un grand remboursement de cette dette était programmé en 2024 mais il ne règle pas tous les problèmes.

Ecarter tous risques de cessation de paiement

Car au 30 juin 2023, la perte nette du club s’élevait à 99 millions d’euros malgré un chiffre d’affaires en augmentation. Lyon vit encore trop largement au-dessus de ses moyens. L’OL compte actuellement plus de 650 salariés. Le business plan élaboré à l’époque par Aulas pour faire vivre tous les salariés (joueurs pro et salariés administratifs) tablait a minima, pour une période de 5 ans, sur 3 ans de participation à la Ligue des champions, 1 an de Ligue Europa et une année sans Coupe d'Europe. Depuis le quart de finale de Ligue Europa contre West Ham en avril 2022, il n’y a plus d’Europe. Lyon est donc en train de brûler des jokers pas prévu sans oublier la perspective cataclysmique d’une descente en Ligue 2 qui apparaît possible à la lecture du classement (L’OL est dernier de Ligue 1 avec seulement 7 point pris sur 36 possibles).

Au vu de cette situation qui reste très préoccupante, la DNCG pourrait demander à John Textor et ses associés de s’engager à injecter du cash dans le club afin de desserrer totalement les contraintes. L’objectif de la DNCG est clair: assurer la pérennité de l’institution d’un point de vue financier cette saison afin d’écarter tout risque de cessation de paiement. Si elle n’est pas totalement convaincue par les éléments apportés par John Textor, la DNCG pourrait maintenir un encadrement mais en incluant un suivi sur plusieurs mois permettant au club d’augmenter ses marges de manœuvres au fur et à mesure que les engagements du boss de l’OL se réalisent.

Article original publié sur RMC Sport