JO de Paris 2024: comment l'athlétisme français poursuit sa révolution à dix mois des Jeux

JO de Paris 2024: comment l'athlétisme français poursuit sa révolution à dix mois des Jeux

Il faut sauver le soldat athlé avant les Jeux de Paris. Avec une seule médaille à Tokyo en 2021, une seule aux Mondiaux de Eugene en 2022 puis de Budapest en 2023, les Bleus ne font pas rêver les foules. Après l’été, la Fédération française d'athlétisme (FFA) a reçu une convocation du ministère des Sports pour "optimiser les performances et maximiser les chances de médailles."

Romain Barras, directeur de la haute performance depuis à peine deux ans, a pris ce rendez-vous du bon côté. "La ministre a eu la volonté de nous mettre la tête dedans, et elle s’est basée sur notre travail. On n’est pas une grande nation d’athlé, on ne fera pas 10 médailles, elle le sait. Mais elle parle de déclic. J’ai exposé ma vision de la saison, avec Saint-Malo, l’Afrique du Sud, un accompagnement proximal et une optimisation de la performance".

Saint-Malo est donc le point de départ de l’aventure olympique. Quelques jours aux thermes avec seulement les quinze meilleures chances de médailles. 13 en individuels (Mayer, Zhoya, Kwaou-Mathey, Tual, Robert, Finot…) et deux relais, le 4x400m hommes et 4x400m mixte. "On a établi une médaillabilité avec les résultats de Budapest, de Eugene et autres, avec des coefficients. Cela peut être dur pour des Pascal Martinot-Lagarde, Jimmy Gressier ou Renaud Lavillenie, mais je les ai appelés pour expliquer et ils doivent avoir envie de revenir dans les 15 meilleurs."

Un nutritionniste à temps plein seulement depuis le 1er septembre

Un premier serrage de vis, pour une poignée d’athlètes qui auront droit à un accompagnement encore plus professionnel. La FFA s’est dotée d’un nutritionniste à temps plein, d’une préparatrice mentale, de data analyst, de spécialistes de la récupération, de la biomécanique, de la vidéo. Un travail débuté par Romain Barras dès son arrivée et qui se poursuit. "C’est la fameuse optimisation de la performance, on a staffé l’équipe encore plus, avec du professionnalisme. On a déjà eu des athlètes qui comptaient sur des personnes pour enlever les mauvaises ondes des stades… on ne peut plus cautionner ce genre de choses."

Téo Andant, le dernier relayeur du collectif 4x400m hommes de Budapest, celui qui a évité aux Bleus le zéro pointé avec la médaille d’argent, est convaincu que la Fédé va dans le bon sens. "C’est hyper calé, par exemple, après les courses et le temps à la presse, on va dans une tente pour faire du vélo de récup’, prise de lactate, le nutritionniste et la psy sont là. Des petits détails qui vont nous faire progresser."

"À Budapest, un ou deux athlètes nous avaient caché la gravité de leur blessure"

La jeunesse française peut en effet rattraper le gratin mondial, ou peut encore l’espérer. Thibault Collet a décollé à Budapest, record à 5m90 à la perche. Yanis Méziane a progressé comme personne sur 800m. La Fédération essaie sérieusement de combler le retard pris sur les grandes nations sur ces détails. Cela peut paraître fou, mais nombre d’athlètes n’avaient pas de suivi nutritionnel particulier. Pas de suivi de récupération. Romain Barras a tapé du poing sur la table sur le suivi médical également. "À Budapest, un ou deux athlètes nous ont caché la gravité de leur blessure juste avant la compétition, de peur de ne pas être sélectionné. C’est une infime minorité. Mais il faut se faire confiance. On va envoyer nos médecins au contact des athlètes tout au long de la saison pour les aider. Et surtout, en cas de problème, déclencher des opérations commandos s’il le faut. Il faut être au plus proche et le plus réactif possible".

Quentin Bigot, vice-champion du monde du marteau en 2019, valide totalement l’évolution de la FFA. "Je suis dans le circuit depuis 2010, je vois une vraie différence. La FFA met vraiment les moyens pour qu’on soit dans les meilleures conditions. Certains diront qu’on peut améliorer évidemment. Par exemple, ici à Saint-Malo, les quelques jours de cohésion avec la préparatrice mentale, c’est top. On se découvre un peu, même sur des jeux bêtes sur la plage. C’est bien de faire ça en octobre et pas à deux mois des Jeux. Saint-Malo, ce n’est pas juste les thermes dans les bains à remous".

Une cinquantaine d’athlètes en Afrique du Sud en décembre

En décembre, la FFA passera la seconde avec un stage intensif en Afrique du Sud de trois semaines avec une cinquantaine d’athlètes, qui devraient former l’équipe olympique de Paris 2024. Il faudra ensuite préparer les championnats du monde en salle de Glasgow en mars, puis les championnats d’Europe de Rome en juin. Des rendez-vous à ne pas manquer, où une belle présence tricolore est désirée par le ministère en accord avec la Fédération. La révolution est un leurre si proche des Jeux, mais l’évolution est notable et permet d’espérer atteindre des objectifs raisonnables, entre deux et trois médailles au Stade de France.

Article original publié sur RMC Sport