Mondiaux d'athlétisme: la France fonce vers le pire bilan de son histoire, à un an de Paris 2024

Mondiaux d'athlétisme: la France fonce vers le pire bilan de son histoire, à un an de Paris 2024

L’Agence nationale du sport réclame des résultats à la Fédération française d’athlétisme. Pour l’instant c’est raté et dans les grandes largeurs. A Budapest, les Bleus arrivaient relativement confiants. Le directeur de la haute performance Romain Barras disait ne pas craindre le zéro pointé: "Ça ne me fait pas plus peur qu’une seule ou deux médailles, car cela reste en-deçà de nos espoirs. Et la densité est intéressante. Quand on regarde les bilans mondiaux cette année, on peut espérer une quinzaine de finalistes."

Aucune bonne surprise, aucune révélation

Même si le tableau des médailles est bloqué à zéro, la placing table (qui attribue des points à chaque athlète ou relais qui termine dans le top 8) reflète le véritable niveau d’une nation. Sur les dix-huit premiers championnats du monde, la France a compté au moins dix finalistes à quatorze reprises. Le pire résultat est de six finalistes, à Helsinki en 1983 et à Doha en 2019. A l’aube du dernier weekend de compétition, la France n’a placé que deux athlètes dans le top 8 du 110m haies (Sasha Zhoya 6ème et Wilhem Belocian 8ème) ainsi que le relais 4x400m mixte (4e).

Les coureurs de 800m Benjamin Robert et Gabriel Tual devaient entrer en finale, ils se sont totalement ratés en demi-finale. A la perche féminine, Chapelle, Chevrier et Bonnin ont échoué en qualification. Alexandra Tavernier, médaillée de bronze mondial au marteau à Moscou 2015, n’y arrive plus. A 44 ans, la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon s’accroche mais même avec un concours correct en Hongrie, elle a été expulsée du top 8 au tout dernier moment par une Américaine. Elle termine 9e. Yann Schrub a fait vibrer le stade et termine premier européen sur le 10.000m, mais sa 9e place ne rapporte aucun point.

"Mettez vos enfants à l’athlé et on aura des résultats dans 20 ans"

En étant réaliste sur les chances de Kevin Mayer, dont le tendon d’Achille gauche siffle très fort, les chances de top 8 sont désormais quasi nulles. Rénelle Lamote est en demies du 800m. Alice Finot en finale du 3.000m steeple et Jimmy Gressier en finale du 5.000m. Trois athlètes de grand talent mais le niveau mondial est monstrueux sur ces disciplines. Thibault Collet à la perche, un relais 4x400m voire le 4x100m doivent aussi rentrer en finale mais les déconvenues sont telles que les espoirs paraissent s’évaporer les uns après les autres.

Le leader Mayer s’agace malgré tout qu’on touche à l’équipe de France. "Je défendrai toujours mon équipe car je porte le maillot de l’équipe de France. Et je ne réponds pas des résultats quand on voit la place de l’athlé en France. Si vous voulez des résultats, mettez vos enfants dans un club d’athlétisme, qu’ils le regardent à la télévision, et dans vingt ans, on aura des résultats."

Le home advantage pour sauver la face?

La Fédération française d’athlétisme ne s’attendait pas à vivre des Mondiaux aussi compliqués. Parmi les cadres, on sait très bien que les résultats seront insuffisants au Stade de France l’été prochain pour les Jeux olympiques. Les cellules de performance par discipline voulus par la FFA ne plaisent pas à tout le monde. La dynamique collective n’existe pas encore en France. "Les mecs ne se challengent pas les uns et les autres, confient un entraîneur. Chacun joue sa partition."

Très critique envers la politique d’André Giraud, le président de la FFA, l’ancien manager des Bleus Renaud Longuèvre essaie malgré tout de positiver. "Je vois quand même deux ou trois médailles à Paris 2024. Avec le home advantage, le public qui va pousser… et les jeunes vont continuer de grandir: Robert et Tual, Kpatcha à la longueur qui était blessé ici, Zhoya… ce ne sera pas tout noir." Un point sur lequel tout le monde s’accorde, il est trop tard pour inverser la tendance de manière spectaculaire d’ici à l’été prochain.

Article original publié sur RMC Sport