Football: Riad Mouyette, itinéraire d'un Français qui vit son rêve en Australie après des refus à la pelle en France

Talentueux, passionné, mais surtout obstiné, Riad Mouyette, 24 ans, a collectionné les revers. Le premier au Clermont foot à l’âge de 13 ans. Puis plus tard d'autres refus, Montluçon, Lyon la Duchère, Toulon. Des essais sans lendemain et la perspective d'une carrière professionnelle qui s’éloigne. “Je me suis clairement posé la question d’arrêter le foot.”, évoque-t-il.

C’est à l’été 2023 que la vie du défenseur auvergnat prend une tout autre tournure. Il est alors animateur dans une école primaire, en parallèle de ses études de droit, et joueur du Football Club Riomois en Régional 1, une compétition de quartier lui permet d’accéder au rêve suprême de signer professionnel.

“La CAN de Clermont-Ferrand a changé ma vie”

Depuis l’été 2020, Riad Mouyette, franco-algérien, joue pour la sélection algérienne lors de la Coupe d’Afrique des nations, rendez-vous annuel où des joueurs de plusieurs pays se disputent un trophée lors d’un tournoi de deux semaines. La CAN de Clermont-Ferrand est d’ailleurs la plus médiatisée de l’Hexagone.

"A ce moment-là, je touche 400€ par mois, je ne fais rien de ma vie", se rappelle-t-il. Vainqueur de la compétition en 2022 et demi-finaliste en2023, Riad monte une vidéo "highlights" de ses prestations. C’est un ancien coéquipier, et joueur du North Sunshine Eagles, Redouane Sarakh qui sert d’intermédiaire. Meilleur buteur et élu meilleur du championnat de D3 australien, sa parole compte. "Le club cherchait un renfort en urgence au poste de défenseur, en deux jours j’ai reçu mon billet d’avion."

C’est alors qu'il est alité à l'hôpital, après une opération du rein, que Riad apprend la nouvelle. De folles perspectives s’offrent à lui, il touche enfin son rêve du doigt. Il profite d’une fenêtre de transfert pour rejoindre le club australien en juin 2023. "La CAN de Clermont-Ferrand a changé ma vie", se réjouit-t-il.

Le rêve australien

La direction du club lui propose de jouer les neuf dernières rencontres du championnat. Son loyer est pris en charge et son salaire décuplé en comparaison de sa vie clermontoise. Titulaire dès son premier match Riad enchaîne les bonnes performances: il n’a pas le droit à l’erreur s’il veut signer un contrat plus long. "C’est un championnat extrêmement athlétique, plus qu’en France et ce qu’ils ont aimé chez moi c’est ma touche technique, ma capacité à ressortir les ballons proprement, faire de bonnes relances", analyse-t-il.

A la fin de la saison, en août, le club le sonde, désireux de le garder dans l’équipe. "Je faisais le mec qui hésitait comme si j’avais d’autres propositions mais j’étais super content", s’amuse-t-il. L’aventure continue, la direction des Nort Sunshine Eagles lui propose un nouveau contrat d’un an. Il jouera l'intégralité de la saison suivante, qui débute en février.

Outre la dimension athlétique c’est le professionnalisme et la ferveur d’un club de D3 qui a le plus surpris l’Auvergnat. "Les infrastructures sont meilleures, et surtout le personnel, avant chaque entraînement j’ai un kiné, un préparateur physique, ça n’a rien à voir avec la France", souligne-t-il. Un millier de supporters remplissent les travées du Larissa Stadium à chaque rencontre, sur billetterie payante.

Encore deux mois en France et Riad retournera vers son aventure australienne pour une nouvelle saison. "Je pense que j’ai vraiment une carte à jouer là-bas, je peux atteindre la première division du championnat, c’est un objectif", conclut-il. Histoire de prolonger un rêve éveillé.

Article original publié sur RMC Sport