«Les Fantômes», traque hantée par le cauchemar syrien

Rencontres furtives, même douleur, stratégies différentes (Adam Bessa et Julia Franz Richter). | Memento Films
Rencontres furtives, même douleur, stratégies différentes (Adam Bessa et Julia Franz Richter). | Memento Films

Ce fut une des belles découvertes du dernier Festival de Cannes, où il a fait l'ouverture de la Semaine de la critique. Les Fantômes, premier long-métrage de fiction de Jonathan Millet, est un film aux enjeux brûlants liés à l'histoire contemporaine, et aussi une belle proposition de cinéma.

Les fantômes que mentionnent le titre sont multiples, et de natures différentes. Fantômes, ces Syriens ayant dû fuir en Europe la dictature de Bachar el-Assad et qui sont interdits par nos lois d'une pleine existence, tout en vivant à la fois ici et encore dans la douleur des souvenirs.

Fantômes les sbires du régime syrien, infiltrés parmi les émigrés, pour les espionner et parfois encore les persécuter, ou grapillant une bienveillance qu'une partie des citoyens et des organisations d'Europe portent à qui vient de ce pays martyr.

Et fantômes, les centaines de milliers de victimes de l'écrasement du mouvement de libération syrienne, qui hantent la mémoire de leurs compatriotes survivants, et rôdent malgré tout dans la mauvaise conscience d'un continent qui a détourné les yeux de leurs souffrances et de leur sacrifice, et qui organise encore leur mort par noyade en Méditerranée.

Ces derniers, les morts de Syrie, resteront hors-champ dans ce film presque entièrement situé entre l'Est de la France et l'Allemagne. Mais leur mémoire, et celle de l'espoir démocratique noyé dans le sang, habitent les espaces incertains où les premiers, les survivants, traquent les seconds, et sont traqués par eux.

De multiples lignes de tension

Habité d'une fureur inspirée par le sort atroce de ses proches, Hamid a rejoint le réseau clandestin qui tente d'identifier et de neutraliser, par des moyens légaux ou non, les tortionnaires de Damas établis en Europe.

Ce ressort, inspiré de l'existence d'une organisation qui existe vraiment, serait à lui seul suffisant pour un thriller contemporain de haute volée,…

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