Yahoo Actualités Encore loin du podium en Ligue 1, cet OM n'est-il pas simplement trop limité?
Impossible d’en vouloir à ceux qui ont préféré zapper sur Boca-Fluminense ou la Star Academy. Il fallait être costaud mentalement pour ne pas décrocher devant le triste spectacle proposé samedi soir par les Marseillais et les Lillois (0-0), au bout d’une journée décidément compliquée pour le foot français après l’autre 0-0 entre Lorient et Lens. Agacé, frustré, le Vélodrome a répondu par des sifflets. D'abord pour Pau Lopez, pour Pierre-Emerick Aubameyang et puis pour l’ensemble du collectif à la fin du match. Car cette équipe n’avance pas. Ou bien au ralenti. Après un tiers du championnat le temps presse, et même s’il y aura un match à rattraper (celui contre Lyon reporté au 6 décembre), la 8e place et les 13 points pris sur 30 possibles ne correspondent pas aux standards d’un club qui vise une place sur le podium.
Dupraz: "L'OM est moins bon collectivement que beaucoup d’équipes"
"On est l’Olympique de Marseille, on ne peut pas se contenter de ça, c’est une certitude", a consenti le capitaine Valentin Rongier après le nul concédé face aux Dogues. Avant aussitôt d’ajouter : "On a eu un enchaînement de matchs compliqués. Mais ce qu’on fait depuis un moment, c’est très sérieux et il faut continuer comme ça." Même discours positif du côté de Gennaro Gattuso, en poste depuis un peu plus d'un mois : "On est des professionnels bien payés. Donc je respecte le public qui paie son billet et je comprends sa déception. J'ai une grande confiance en mon équipe. On ne peut pas être parfait en un mois mais tactiquement on a fait un très bon match." Un optimisme loin d’être partagé par les groupes de supporters, qui n’ont pas encore eu le changement majeur qu’ils attendaient sur le plan du jeu et des résultats avec le départ de Marcelino et la nomination du champion du monde 2006.
Les partisans du verre à moitié plein demandent un peu de patience, surtout après la très grave crise traversée par le club. Mais une question se pose au vu des copies rendues depuis le début de saison: cet OM cuvée 2023-2024 n’est-il pas trop limité ? Pour Pascal Dupraz, ancien entraîneur d’Evian TG et Saint-Etienne, les dirigeants marseillais doivent déjà "revoir leurs ambitions à la baisse". "Je pense que Marseille est intrinsèquement moins fort ou collectivement moins bon que beaucoup d’équipes du championnat comme Paris, Monaco, Nice, Lille et même Lens. Je comprends les sifflets du Vélodrome quand on voit Pau Lopez jouer à 30 mètres de son but et rendre le ballon à l'adversaire. Il reste beaucoup de matchs, mais c’est une tendance et il y a encore beaucoup de travail...", a-t-il pointé ce dimanche dans Les Grandes Gueules du Sport sur RMC. La faute revient-elle en partie à Pablo Longoria ?
Un mercato (pour l'instant) décevant
Accroc au marché des transferts, l’Espagnol n’a pas chômé l’été dernier. Problème, ses recrues peinent à donner satisfaction. Conspué par le Vélodrome au moment de son remplacement samedi, Pierre-Emerick Aubameyang est le symbole de ce mercato prometteur sur le papier mais jusqu’à présent décevant. Avec un seul but inscrit en Ligue 1, l’attaquant gabonais est à des années-lumière du niveau affiché la saison dernière par Alexis Sanchez, qui avait tout de suite apporté son exigence et sa haine de la défaite. Loin de ses débuts prometteurs, Ismaïla Sarr enchaîne lui aussi les prestations sans saveur. Acheté 13 millions d’euros à Watford, le Sénégalais n'a pas (encore) fait oublier Cengiz Ünder, cédé en août à Fenerbahçe. Que dire de Joaquin Correa, l’Argentin prêté avec option d’achat par l’Inter qui ressemble pour l’instant à un beau petit flop ?
Accueilli cet été comme une rockstar sur le tarmac de l'aéroport de Marignane, Iliman Ndiaye a au moins le mérite de ne pas ménager ses efforts. Mais avec un but et deux passes décisives, son bilan reste aujourd’hui insuffisant. Pour booster son attaque, l’OM aimerait compter sur Vitinha. Ovationné à son entrée contre Lille, le Portugais se sait attendu au tournant cette saison pour tenter de justifier les 32 millions d’euros dépensés par les dirigeants phocéens pour le faire venir de Braga en janvier 2023. Malgré sa générosité, le déclic se fait attendre. Evidemment, l’attaque n’est pas le seul secteur défaillant. S’il ne faisait pas l’unanimité, Mattéo Guendouzi, envoyé à la Lazio, ne faisait pas moins bien que Geoffrey Kondogbia, dont la complicité avec Jordan Veretout et Valentin Rongier n’a rien de très évidente. Même constat pour Azzedine Ounahi, freiné par des pépins physiques et des prestations en demi-teinte. Pour beaucoup, cet OM a en prime perdu en caractère et en leadership avec les départs de Guendouzi mais aussi de Dimitri Payet, voire Sead Kolasinac.
Un choc à venir contre Lens
Même Chancel Mbemba, irréprochable la saison dernière au point d’être considéré comme une référence en Ligue 1 à son poste, a du mal à retrouver sa meilleure forme. Peut-être parce qu’il n’a pas été beaucoup associé à Samuel Gigot, blessé tout le mois d’octobre mais excellent pour son retour contre Lille. Pour remonter au classement, il faudra une défense impériale, surtout au vu des performances pour le moins mitigées de Pau Lopez. Trop neutre, parfois en difficulté sur sa ligne comme dans les airs, il n'est plus le gardien serein qui avait réussi son baptême à l'OM lors de l'exercice 2021-2022, comme il l'a lui-même reconnu récemment : "Le mois d'août a été compliqué pour moi. Pas sportivement, mais plus individuellement, mentalement avec moi-même. Je parlerai de ça après la saison. J'aimerais partager avec vous tout ce qu'il s'est passé dans ma tête et dans ma vie, mais ce n'est pas le moment..."
Les deux rendez-vous à venir devraient en dire plus sur la valeur réelle de cet effectif et sur sa capacité à redresser la barre. Avec un déplacement jeudi à Athènes pour y défier l'AEK en Ligue Europa, suivi d'un choc à Bollaert contre le RC Lens, trois jours plus tard, en clôture de la 12e journée de Ligue 1. Des Sang et Or qui avaient battu deux fois Marseille la saison dernière...
