Droits TV: comment va se dérouler l’appel d’offres pour la Ligue 1

Droits TV: comment va se dérouler l’appel d’offres pour la Ligue 1

C’est au 1 rue d’Astorg dans le 8e arrondissement de Paris que tout va se jouer. Le siège du cabinet d’avocat Clifford Chance, qui accompagne la Ligue sur ses appels d’offres, sera le lieu où se réuniront tous les dirigeants du foot professionnel pour diriger l’attribution des droits TV de la Ligue, ce lundi 16 et mardi 17 octobre.

Autour de Vincent Labrune, le président de la Ligue de Football Professionnel, se tiendront notamment Benjamin Morel (directeur général de LFP Médias), Mathieu Ficot (directeur adjoint délégué de la LFP et architecte de cet appel d’offre), Arnaud Rouger (Directeur général de la LFP), Jean-Christophe Germani, patron de CVC France et Yves Wehrli, avocat chez Clifford qui conseille et défend la LFP depuis plusieurs années. Un huissier de justice sera aussi présent, chargé de vérifier la bonne conduite de la procédure extrêmement encadrée.

Périmètre sécurisé, portables interdits

Les offres seront remises entre 8h et 10h en main propre chez Clifford, ou dans un lieu choisi par le candidat à un huissier qui sera chargé d’apporter cette offre chez Clifford. À 10h, toutes les offres seront collectées et le personnel concerné par l’appel d’offres rentrera dans un périmètre privatisé et sécurisé (une partie de l’immeuble de Clifford) jusqu’au mardi 17 octobre au soir, moment de la fin des enchères financières. Des agents de sécurité et des huissiers seront présents. Aucune communication avec l’extérieur ne sera possible. Chaque membre de l’équipe devra remettre son portable. Dans la zone sécurisée, aucun appareil électronique ne sera autorisé sauf l’ordinateur portable sans connexion fourni par Clifford.
Dans leur offre qualitative, chaque candidat devra décrire ses engagements en matière d’exploitation, de traitement éditorial, de communication/promotion mais aussi de lutte contre le piratage, un sujet qui tient à cœur aux dirigeants de la LFP. Comme annoncé par RMC Sport le 27 septembre dernier, huit sociétés ont manifesté leur intérêt à la Ligue pour les droits audiovisuels du foot pro suite au lancement de l’appel à candidatures.

Évidemment, cela ne veut pas dire qu’il y aura huit dossiers déposés, puisque parmi ces huit figure par exemple Canal+, qui a publiquement signifié qu’il n’y participerait pas. Selon les dernières indiscrétions, DAZN devrait bien déposer un dossier, tout comme BeIn Sport et sans doute le groupe Discovery (propriétaire d’Eurosport). Amazon devrait aussi y participer même si le groupe américain laisse fuiter qu’il ne "fera pas de folie".

Une garantie financière renforcée

Dès qu’ils auront reçu les offres qualitatives, les dirigeants de la LFP étudieront attentivement le dispositif garantissant la bonne exécution de l’engagement financier que chaque candidat aura obligatoirement remis. L’évaluation repose sur la réputation, la solidité financière, l’historique d’exploitation et la qualité des instruments de garantie proposés. Ensuite, une décisions sera prise: soit les voyants sont au vert aux yeux de la Ligue et le candidat est autorisé à participer aux enchères financières, soit les garanties ne sont pas jugées suffisantes et l’aventure s’arrête là.

Ce dispositif de garantie a été largement renforcé pour ne pas revivre le fiasco MediaPro, qui s’était retrouvé en incapacité de payer ses traites. Chaque offre qualitative est évaluée par la LFP sur la base d’une méthodologie déposée chez un huissier et aboutit à une note qualitative globale (sur 10). Cette note est ensuite convertie en coefficient qualitatif qui varie selon les lots (de 1 à 1,1 pour les lots "matchs en direct"; de 1 à 1,4 pour les lots "Magazines").

Des enchères par palier et des sous-licences possibles

Une fois cette étape passée, les heureux candidats devront préparer le carnet de chèques le lendemain, mardi 17 octobre, jour des fameuses enchères financières. Pour chaque lot, tous les candidats sont invités à confirmer leur participation à la mise à prix annoncée le jour de l’appel d’offre: 530 millions pour le lot 1, 270 millions pour le lot 2, en ce qui concerne les lots des matchs de Ligue 1 en direct. Si d’aventure, aucun candidat ne donne son accord pour sa participation à cette mise à prix, le lot sera déclaré infructueux.

Le déroulé des enchères se fera lot par lot. Le suspense entourant le lot 1, le plus prestigieux, en fait l’enjeu le plus important de cet appel d’offres. Si un candidat se retrouve seul à participer à la mise à prix, il est directement déclaré attributaire du lot. S’il y a plusieurs candidats qui acceptent de débuter leur participation à la mise à prix, l’enchère s’engage avec une règle de palier fixe. 10 millions de palier pour le lot 1, 5 millions pour le lot 2 par exemple. Impossible donc de rajouter seulement quelques dizaines de milliers d’euros pour battre le concurrent.

Les offres financières seront pondérées avec le coefficient qualitatif et seules les offres financières pondérées seront prises en compte à la fin. Le candidat ayant les meilleures offres financières pondérées se verra attributaire du lot en question. Afin d’offrir plus d’options d’exploitation pour les lauréats, chaque détenteur d’un lot pourra le sous-licencier à un autre acteur, sans condition pour un accord avec un diffuseur en clair, sous condition pour un accord avec un diffuseur payant. La LFP demandera ainsi à ce qu'il n'y ait pas plus de deux diffuseurs payants et que l'accord soit conclu pour au moins deux ans.

825 millions d’euros espérés

Pour la Ligue 1, l’appel d’offres se découpe en cinq lots. Le lot 1 correspond au "meilleur de la Ligue 1" (deux meilleurs choix en exclu et choix 4 en co-diffusion), avec une mise à prix de 530 millions d’euros. Le lot 2 est décrit comme le "100% Ligue 1" (choix 3 et 5 à 9 en exclu, choix 4 en co-diffusion). Le lot 3 correspond aux magazines du soir le week-end (15 millions de mise à prix). Le lot 4 correspond au magazine du dimanche matin (5 millions de mise à prix). Et le lot 5 correspond aux magazines quotidiens en semaine (5 millions de mise à prix). Pour les lots qui n’auraient pas été attribués, des négociations de gré à gré devront s’engager avec n’importe quel acteur, y compris ceux qui n’auraient pas participé à l’appel d’offres, comme Canal+. Pour les cinq lots Ligue 1, la LFP espère 825 millions d’euros par an jusqu’en 2029.

Article original publié sur RMC Sport