Pourquoi les clubs de Ligue 1 pourraient se mordre les doigts de l'accord LFP-CVC

Pourquoi les clubs de Ligue 1 pourraient se mordre les doigts de l'accord LFP-CVC

Avril 2022. Au moment d’officialiser l’accord, la Ligue de football professionnel ne cache pas son immense satisfaction. À l’époque, l’instance salue un deal qui vient renforcer son ambition de "positionner à moyen terme la France sur le podium mondial des ligues de football, tant sur le plan sportif que sur le plan économique".

L'accord est le suivant: en échange d’1,5 milliard d’euros, le fonds d’investissement CVC Capital Partners va percevoir à vie 13% des revenus de la LFP. "Le football français est sauvé", lance quelques semaines plus tard Vincent Labrune, le président de l’instance, dans les colonnes des Echos.

L’enthousiasme de Vincent Labrune n’est pas si contagieux. 18 mois après cet accord, Christophe Bouchet, ancien président de l’OM, est nettement moins dithyrambique. Invité de l’After Foot mercredi soir sur RMC à l’occasion de la sortie de son livre "Main basse sur l’argent du foot français", l’ex-patron de Sportfive France (une société de marketing sportif) tire la sonnette d’alarme.

"Au lieu de toucher 100%, il y a un fonds qui a pris 13% des droits de la LFP, qui a donné de l’argent en avance… mais qui, en contrepartie, touche à vie - à vie! - 13% de l’ensemble des revenus, détaille Christophe Bouchet. Ce n’est pas uniquement les droits TV. Pour simplifier, c’est 13% sur la très large majorité des revenus globaux de la LFP, c'est-à-dire les droits TV, les droits commerciaux et les droits des paris en ligne."

"Il fallait trouver de l’argent coûte que coûte, soit disant car tout le monde allait faire faillite"

"Une grande partie des revenus de la LFP est obéré par le deal CVC aujourd’hui, ce qui est invraisemblable", poursuit Christophe Bouchet. Avant d’imager: "Vous achetez une maison, vous avez besoin d’argent et vous cédez une de vos chambres ou votre salon… votre maison n’a plus la même valeur ! Le jour où vous voulez la louer ou la revendre…"

Pour Christophe Bouchet, le fait que l’accord ne soit pas caper dans le temps est un réel danger pour le football français. Il prend notamment l’exemple de nos voisins espagnols, où un tel accord a été signé sur 50 ans et à 8%. Mais selon lui, le contexte très incertain au moment de la signature de cet accord, avec la pandémie de Covid-19 et l’épisode Mediapro, a poussé la Ligue à monter un tel deal.

"Il fallait trouver de l’argent coûte que coûte, soit disant car tout le monde allait faire faillite, ajoute Christophe Bouchet dans l’After Foot. Pourquoi les clubs ont accepté? Parce que depuis 20 ans, les présidents de club raisonnent toujours en cash. Ils ont vu 1,5 milliard… Les clubs n’auraient pas fait faillite. Mais ils se sont dits 'On va tous faire faillite, ça va être le chaos'. Les politiques, l’Elysée et Matignon, ont cru aussi à ce discours-là et on s’est dit ‘on va faire un deal'."

Contactée par L’Equipe au sujet de la parution du livre de Christophe Bouchet, la LFP a indiqué être "surprise" et assure "prendre connaissance du contenu du livre". "Vincent Labrune et Arnaud Rouger (directeur général exécutif de la LFP) ont reçu Christophe Bouchet au mois de mai et il n'a jamais été question de la société commerciale et de CVC", précise la Ligue.

Article original publié sur RMC Sport