Coupe du monde de rugby: "Vous ne m’entendrez jamais faire un commentaire négatif sur un arbitre", assure Florian Grill

Coupe du monde de rugby: "Vous ne m’entendrez jamais faire un commentaire négatif sur un arbitre", assure Florian Grill

Est-ce que vous vous expliquez cette défaite sur le fil des Bleus?

Je pense que les les Bleus ont fait une partie entière. C'est le très haut niveau, ça se joue à rien. Fabien Galthié et Jean-Marc Lhermet feront le bilan sportif détaillé de ce match. J'éprouve surtout de la tristesse pour les Bleus, pour le staff. Forcément, ce n'est pas l'aboutissement dont ils avaient rêvé mais ça ne doit pas passer sous silence les quatre années fabuleuses, le fait qu'on soit remonté à la deuxième place au classement mondial. C'est ça aussi que je veux retenir. Et puis surtout le résultat de cette Coupe du monde au-delà du résultat sportif. Des millions de personnes devant leur télé, les vraies valeurs du rugby qui transparaissent complètement dans les stades. Ce sont des choses très positives de cette Coupe du monde.

Vous avez pu en parler avec Fabien Galthié?

Bien sûr. D'abord, j'ai confirmé Fabien dans ses fonctions parce que ce n’est pas le résultat d'un soir qui doit remettre en cause quatre années de travail qui ont donné d'excellents résultats. J'ai la certitude que Fabien est la bonne personne à la bonne place et qu'on a besoin de lui pour les échéances à venir. D'un point de vue sportif, il y a des choses à redire sur ce match. Il va falloir prendre le temps de se poser, d'analyser ça. Il le fera avec Jean-Marc Lhermet et c'est très bien qu'il le fasse. C'est une nécessité. Et puis après on va se revoir. Là, c’est un peu le temps de la digestion, il y a une forme de deuil qu'il faut admettre. Il faur saluer les quelques joueurs qui raccrochent, saluer les quelques membres du staff qui raccrochent aussi. Et puis ensuite se poser Jean-Marc, Fabien et moi, on le fera dans les semaines à venir pour préparer la suite et l'organisation de la future équipe. France.

Est-ce la faute de Fabien Galthié si les Bleus n’ont pas passé les quarts de finale?

Je trouve qu'on a la mémoire courte, on oublie le fait qu'on est passé de la huitième position au classement mondial à la deuxième. On oublie le fait qu'on a battu les Blacks en match d'ouverture et que là tout le monde était à dire “Formidable!”. Il y a un match qui se joue à un point... Arrêtons. Il ne faut pas perturber ni brutaliser les organisations. J'ai découvert Fabien pendant ces trois mois avec Jean-Marc Lhermet. On a vu l'organisation millimétrée qu'il avait mise en place, on a vu la qualité du staff, on a vu la qualité de l'état d'esprit général du groupe. C'est rare d'avoir fait une Coupe du monde sans qu'il y ait de tensions à l'intérieur du groupe, avec des courants divers et variés. Franchement, il y a une réussite totale. Il y a une équipe qui est jeune, il y a deux joueurs qui raccrochent les crampons, mais il y en a encore plein qui vont pouvoir continuer. On a plein d'autres échéances qui arrivent et qui sont sportivement très intéressantes. Il faut être un petit peu mesuré dans ses propos. Je ne regarde pas le résultat d'un match, je regarde les trois mois qu'on vient de passer avec Fabien et Jean-Marc et ces trois mois sont extrêmement positifs. Et puis je regarde les quatre années passées et elles sont aussi extrêmement positives.

Qu’avez-vous pensé de l’arbitrage de Ben O’Keeffe que beaucoup, à commencer par Antoine Dupont, jugent défavorable aux Bleus ?

Vous savez, moi je suis président de la FFR. On a 2.700 arbitres en France, il nous en faudrait 3.300. Vous ne m’entendrez jamais faire un commentaire négatif sur un arbitre. C'est un aléa du jeu, les joueurs peuvent faire des fautes, les arbitres peuvent faire des fautes, ça arrive. Il n’est pas de mon ressort ni de mon envie ni de ma stratégie de commenter les décisions arbitrales. Par contre, ce que je sais c'est que la France a besoin de peser à l'international et qu'on a besoin de plus travailler et donc on a besoin d'être présents dans toutes les commissions. Il y a une commission rugby à World Rugby, on a besoin d'y être avec des techniciens, avec des gens qui expliquent, on ne doit pas subir les décisions de World Rugby, on doit être partie prenante de ces décisions. C'est un travail de fond que l’on ne mène pas pendant les quelques semaines de la Coupe du monde mais pendant les années qui précèdent. On est en train de préparer 2027.

Depuis la démission en début d’année de l’ex-président de la FFR Bernard Laporte (condamné en première instance pour “corruption”, il a fait appel) la France n'a plus personne au comité exécutif de World Rugby. Est-ce que c’est parce que nous ne pesons pas sur le rugby mondial que les Bleus ont subi un arbitrage défavorable dimanche? 

La France ne pèse pas à l'international. On n’a plus de représentant à World Rugby et je ne veux pas revenir sur les circonstances douloureuses et les affaires qui ont conduit à des démissions quelque part forcées. Mais surtout, on n’a personne ou presque dans les groupes de travail, dans les commissions, etc. La réalité du fonctionnement de World rugby, ce n’est pas juste un poste de vice-président qui brille. Il faut y être au quotidien, travailler au quotidien. Si l’on pratique la politique de la chaise vide, il ne faut pas s'étonner que les gens ne tiennent pas beaucoup compte de vous. On a un seul arbitre de champ qui a été sélectionné sur cette Coupe du monde, donc on ne pèse pas à l'international, donc il y a une vraie stratégie de reconquête qu'il faut faire pour que la France existe, pour qu'on pèse plus fort. Pour cela, on a constitué un groupe d'une quinzaine de personnes qui doit être présent dans les commissions, dans les groupes de travail. On doit peser sur "Rugby Afrique" parce qu'on a une vraie responsabilité vis-à-vis du continent africain. On a une responsabilité vis-à-vis du continent européen, on a une responsabilité sur les zones d'influence de nos territoires d'outre-mer. La France doit être présente. On ne peut pas être champion du monde demain avec une équipe de France performante si on est un nain politique à la Fédération française de rugby. Et c'est cet énorme hiatus qui klaxonne. Alors après je ne vais pas m'attacher à des sujets d'arbitrage, ce n’est pas mon rôle et puis je suis là pour défendre les arbitres. Mais je note que l'influence de la France n’est pas tolérable telle qu'elle est aujourd'hui au niveau international. On a besoin de remonter l'influence de la France. Quand on veut être champions du monde, le haut niveau doit être du haut niveau partout, y compris dans l'organisation politique de la FFR.

Donc ça peut-être un des éléments de réponse?

Bien sûr, la France doit peser à l'international. On ne peut pas être la deuxième nation sportive au classement mondial et être quasi inexistants dans les instances.

Est-ce que la FFR prévoit quelque chose pour sceller cette Coupe du monde? Un événement ? Une cérémonie? 

Ce que je veux dire d’abord, c'est qu’il y a une vie après la Coupe du monde! Il y a le Women XV en Nouvelle-Zélande [nouveau tournoi international féminin du 20 octobre au 4 novembre]. On ne va pas oublier nos féminines et donc je voudrais qu'on s'intéresse un peu plus à elles. On est en train de discuter de la possibilité d'accueillir la prochaine édition en France. Après on va avoir les Tournois des Six nations masculin et féminin. Les Jeux olympiques et paralympiques. On n’a pas fini d'entendre parler de rugby. Sans parler du TOP14 de la PRO D2 ou des clubs du quotidien. Bien sûr qu’il y aura un moment autour des Bleus, on en parle. On réfléchit à la manière de le faire. Pour l’instant il y a un dueil à respecter. Après quatre années centrées sur un objectif... Il faut du temps et respecter les personnes. On n'a pas besoin de réagir à la va-vite, on trouvera les occasions de partager ensemble. Fabien les trouvera avec le groupe, avec le staff. C'est indispensable bien sûr.

C’est inquiétant pour la suite de la compétition que les hôtes soient sortis? 

Je ne pense pas. On est déçus, on ne va pas le cacher. Mais en même temps des demi-finales de Coupe du monde, la finale et la petite finale, ça reste des matchs pour lesquels il y aura un engouement très fort. On n'a pas de doute là-dessus. Bien sûr que l'Irlande comme la France étaient des nations qui drainaient beaucoup de supporters. Mais bon, ceux qui ont pris leur place, croyez-moi, ils vont les garder parce qu'on va assister à des matchs de très très haut niveau.

Est-ce que vous avez eu échos d’une revente massive de billets pour les demi-finales et la finale de la Coupe du monde?

Non. Je n’ai aucune idée d'un chiffre global. Je rappelle qu’il y a une plateforme officielle pour la revente des places et que c'est la plateforme officielle qu'il faut recommander.

Des changements sont prévus parmi les entraîneurs. Le staff est prêt pour la suite?

Bon, il y a encore des choses qui doivent se décider avec Fabien. C'est Fabien qui est qui est le leader de ce staff donc ça fera partie des discussions avec Jean-Marc, Fabien et moi.

Vous vous êtes fixés une date limite pour finaliser le nouveau staff?

On a considéré qu'il fallait laisser quelques jours pour faire le deuil de cette Coupe du monde. Il faut le respecter. Et puis on se verra dans les deux, trois semaines à venir avec Jean-Marc et Fabien pour faire un point plus détaillé.

Alors qu’il tourne la page de la Coupe du monde, Antoine Dupont pourrait se lancer dans l’aventure olympique... Où en est-on d'une possible participation du capitaine des Bleus aux JO de Paris 2024?

C'est extrêmement clair, tout le monde s'est mis d'accord. La Fédération française de rugby, le Stade Toulousain, l'équipe de France à VII. Pour dire que si Antoine avait envie de faire les Jeux olympiques, c'était possible. Maintenant, la décision appartient à Antoine. Il avait dit qu'il prendrait sa décision après la Coupe du monde. Là aussi, je pense qu'il faut le laisser digérer. S'il a envie de la faire, on sera ravis. Et s'il n’a pas envie de la faire, on le comprendra aussi. Je pense qu'il faut respecter son choix sportif, mais en tout cas les conditions sont créées pour que, s'il le décide, ce soit possible.

Est-ce que le fait qu’il ne soit pas champion du monde peut changer la donne pour lui et pour son club? 

Je lui laisse sa décision. Le club et nous sommes d'accord. Donc vraiment la décision est dans les mains d'Antoine et là c'est la décision d'un sportif et il faut la respecter.

Il pourrait louper le Tournoi des Six Nations 2024. Est-ce acceptable que la figure de proue du XV de France ne soit pas là?

Oui, mais on l'a déjà anticipé et on l'a déjà accepté. On est un sport collectif. Et même si l’on met très en valeur Antoine, lui-même met toujours en valeur le groupe. Au sein de l'équipe de France à VII, ça serait impensable qu’il débarque et qu'il soit parachuté sans avoir fait des matchs de préparation, sans avoir vécu avec le groupe et sans avoir participé au collectif. C’est un choix, il y a un vrai enjeu autour du rugby à VII et des Jeux olympiques qui vont être un événement énorme. C'est très clair chez nous, si Antoine veut faire les Jeux olympiques, il doit être dans le groupe de France VII avant. Il doit jouer avec ses partenaires, il doit faire partie intégrante du groupe, il y est attendu très positivement, mais il ne pourra pas faire le Tournoi.

Vous voulez qu’Antoine Dupont soient aux Jeux de Paris 2024?

Moi j'ai envie qu'il y soit parce que je pense que là on est encore complètement bercés par la Coupe du monde. Mais franchement, les Jeux olympiques et paralympiques sont un événement absolument monstrueux. Avoir Antoine en tête de gondole de ces Jeux, c'est une chance phénoménale. Le fait qu'il en ait eu envie, moi j'applaudis des deux mains. Mais je ne lui mets pas la pression. Sa décision restera respectable quelle qu’elle soit. S’il a envie de le faire, je serai ravi qu’il le fasse

La convention FFR-LNR qui encadre la mise à disposition des joueurs par les clubs pour le XV de France va-t-elle être revue?

On a fait un séminaire fin août avec la Ligue nationale de rugby et on est parfaitement alignés. On a vraiment conscience. On a besoin les uns des autres. Il y a une dépendance entre les deux qui est parfaitement assumée et positive. A la question : est-ce que la convention va être remis en cause? Mais non! D’abord, elle est signée. Si on devait la changer ou l'ajuster sur quelques points, il faut que ça soit sur la base d'une décision unanime. Donc peut être qu'on fera quelques ajustements, mais il faudra que ça soit décidé conjointement. Et aujourd'hui, le modèle nous convient parce qu'il est efficace. Ce n’est pas parce qu'on a perdu d'un point ce match que soudainement il faut tout remettre en cause. Ce modèle, il a quand-même permis d'avoir trois titres de champion du monde U20. Il permet d'avoir une équipe de France qui performe, qui est deuxième au classement mondial. Ne cassons pas ce qui marche.

Mais les clubs sont-ils prêts à donner autant pour le XV de France que ces quatre dernières années? Ne se disent-ils pas “Tout ça pour ça!” quand on voit que les Bleus ne passent pas les quarts?

Tout ça pour ça? Mais pardon... Il y a une Coupe du monde qui a drainé des millions de personnes. On a fait des pointes à 18 millions de téléspectateurs. Est-ce que ça ne va pas bénéficier aux clubs de la Ligue nationale de rugby? On n'a jamais aussi bien défendu les valeurs du rugby. Je pense que le grand public a compris que le rugby avait un impact éducatif. Regardez les comportements des gens dans les stades, regarder la sérénité, regarder les scènes de fraternité qu'on a vues. C’est majeur pour le rugby, ça sert les intérêts de tout le rugby depuis le plus petit club amateur qui voit ses effectifs croître de 15 ou 20% jusqu'au club de TOP 14 qui vont mieux vendre les valeurs du rugby. On voit aussi la dimension citoyenne du rugby. Enfin tous ces points-là sont des points extrêmement positifs qui font partie de l'héritage de la Coupe du monde. Bien sûr qu'on aurait voulu être champions du monde en plus. Mais dire simplement que c'est une catastrophe et que tout s'est arrêté parce que on a perdu un match en quart de finale d'un point, non. Il y a plein d'impacts positifs. L'héritage de la Coupe du monde est positif parce que la Ligue et la Fédération ont réussi à s'entendre sur un modèle qui est pertinent. Un modèle qu'on doit vendre à l'international. La France est forte parce qu'elle a un modèle de clubs et un modèle fédéral. Dès lors qu’on a régulé ce modèle par le salary cap et le système des JIFF [Joueurs issus des filières de formation] c’est devenu ultra pertinent. Les U20 nous l'ont montré et l'équipe de France nous le montrera.

Vous avez découvert un déficit plus important que prévu en reprenant les rênes de la FFR. Est-ce que dans ce contexte vous allez maintenir le budget du XV de France?

Je vais quantifier ce gouffre financier. On est en train d'arrêter les comptes et on va être pour la saison 2022-2023 sur un déficit d’exploitation, c’est-à-dire de fonctionnement, de l’ordre de 15 millions d’euros. Pour la saison 2023-2024, on nous avait annoncé 9 millions d’euros de déficit d’exploitation quand j’ai repris la fédération. On est plutôt à 20 millions. Après, quand vous prenez un héritage, vous prenez tout. Le positif et le négatif. Je ne vais pas pleurer, c’est comme ça, c'est factuel, c'est une réalité. Ma responsabilité de président avec les équipes qui m'entourent, c'est de trouver des solutions et je ne vais pas les trouver en faisant un grand séminaire coupeur de tête en disant qu’il va falloir réduire le budget. L'équipe de France génère 80% des revenus de la FFR. Elle est majeure dans le fonctionnement de la fédération. Je suis un entrepreneur, je sais investir. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Je ne suis pas du tout mal à l'aise sur le fait qu'on ait mis le paquet sur cette équipe de France, qu'on ait mis les moyens parce que cette équipe de France performe, c'est grâce à ça qu'elle est devenue numéro deuxième au classement mondial. Et elle va continuer à performer parce que cette équipe de France est jeune et elle a du potentiel et un très bon sélectionneur en la personne de Fabien Galthié. Je ne vous dis pas qu’on n’essaiera pas, avec Fabien et Jean-Marc Lhermet de faire quelques économies à droite à gauche. Mais on ne va remettre en question le fait principal qui est de dire il y a de la performance dans cette équipe de France et il faut investir là-dessus parce que c'est l'intérêt du rugby français. Tout le monde en bénéficie, les clubs amateurs les premiers avec 15 à 20% de croissance des effectifs. Ne nous trompons pas de de priorité.

Combien la Coupe du monde va rapporter au rugby professionnel et amateur français?

On verra l'atterrissage final. Admettons que l’on soit à peu près entre 30 et 35 millions d’euros de résultats. Un tiers ira aux villes hôtes. Il restera 70%, 33% iront à la Ligue nationale de rugby. Le solde est fléché vers la Fédération française de rugby, mais en fait pas vraiment puisqu’il y a un montant d'à peu près cinq millions d'euros qui ira vers les campus, c’est-à-dire la pérennisation des postes d'apprentis dans les clubs. Ce qui restera sera grosso modo partagé. Un petit montant, peut-être cinq millions d’euros, qui ira sur les comptes de la fédération pour des investissements en développement. Le reste servira à accompagner les clubs amateurs sur de petites améliorations d'installations avec des dossiers au maximum de 5.000 euros, par exemple pour féminiser un vestiaire, pour une buvette, pour la sécurisation de l'accès, pour un accès PMR [personnes à mobilité réduite], pour une barrière de sécurité, etc.

On s’attendait à une augmentation importante du nombre de licenciés cette saison. Est-ce que ça se confirme?

Dans le budget dont j’ai hérité, on m'avait dit qu'il y aurait une augmentation des licences de 30%. C'était malheureusement, comme l'ensemble du budget, très optimiste. Je tablais plutôt sur une croissance de 20%. On est aux alentours des 15%. On a jusqu'à la fin du mois de décembre pour atteindre les 20%. En tout cas on se rapprochera. L'enjeu pour les clubs va être de fidéliser ces licenciés de les garder. L'héritage de la Coupe du monde sera d'améliorer les installations parce que ce qui fait aussi qu'on garde des licenciés dans les clubs c'est qu’il y a un chouette club house, c'est qu’il y a les installations sécuritaires qu'il faut, c'est qu'il y a des vestiaires pour les filles. Ces petites installations pour lesquelles on va investir. On subventionnera à hauteur de 50% maximum les clubs qui feront un dossier. Les dossiers ne pourront pas aller au-delà de 5.000 euros. Environ 300 dossiers de clubs seront financés grâce à l'héritage de la Coupe du monde.

Le Tournoi des Six Nations pourrait être décalé au printemps. Où en sont les discussions et qu’en pensez-vous?

En fait ce dont on est en train de parler, c'est le projet d'un alignement du calendrier mondial. C'est-à-dire l’idée que les Six Nations et les Four Nations [le tournoi des nations de l’hémisphère sud] puissent se passer dans une même fenêtre temporelle. C’est un peu le Graal, le rêve absolu. Cela suppose effectivement que l’on décale de quelques semaines le Tournoi des Six Nations - on parle de deux-trois semaines - et qu'éventuellement les nations du Sud anticipent aussi considérablement les dates pour que tout ça soit aligné. Parallèlement à ça, on est en train de parler d’une Nations Cup. C’est à dire qu'on prendrait les dates de la tournée d'automne et de la tournée d'été et on ferait une nouvelle compétition. Avec, dans un second temps, des montées et des descentes pour les nations du tier 2 [les nations émergentes comme Japon, les Fidji, l’Uruguay ou la Roumanie]. On est en train d’en discuter aujourd'hui. C'est ce sujet-là sur lequel la FFR et LNR doivent parler d'une seule voix. Dans la construction possible de la Nations Cup, il y a des décisions qui peuvent être prises qui pourraient tuer le TOP 14.

Lesquelles?

Par exemple, on parle beaucoup des jours de repos des joueurs, si on multiplie les doublons, quel va être l'intérêt pour les clubs de recruter des internationaux qu’ils ne pourront pratiquement jamais voir jouer? Ça, ce n'est pas tolérable pour nous. On a mis en place des systèmes sur la santé des pratiquants qui sont intelligents en France, qui tiennent compte du temps effectif de jeu, etc. On a donc fait des contre-propositions positives à World Rugby, au comité des Six Nations, à tout le monde, en disant: “regardez le modèle français, il est pertinent!”. Je veux que la santé des pratiquants soit vraiment un élément du débat sur la mise en œuvre de la Nations Cup. Et quand je parle de santé des pratiquants, je ne parle pas uniquement des jours de repos. Moi je parle de l'évolution des règles. Est-ce que l'on va parler de l'abaissement de la ligne de placage? Je parle des conditions d'arbitrage. Est-ce que les conditions d'arbitrage sont appliquées? Est-ce que les règles sont appliquées de manière suffisamment stricte? Est-ce que les décisions qui sont prises en commissions sont suffisamment strictes? C’est ce genre de sujet que je veux mettre sur la table.

La Coupe internationale de rugby fauteuil débute ce mercredi à Paris. Vous y serez? Il faut le voir comme une répétition générale avant les Jeux paralympiques?

J’y serai certainement pour la journée finale. Même si le rugby fauteuil ne fait pas partie de la FFR, toute cette dimension du rugby handicap et du rugby adapté est majeure. Je veux transformer la FFR en fédération à mission, assumer notre rôle sportif. On a aussi un rôle éducatif. J'essaye par exemple de profiter de cette Coupe du monde pour convaincre le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, que tous les professeurs des écoles soient formés au rugby à 5. On diffuserait la culture du rugby dans le monde scolaire et ça ferait du bien au pays. Et puis il y a la dimension citoyenne avec le rugby adapté, le rugby santé, les quartiers prioritaires de la ville, les zones de revitalisation rurale. Je crois beaucoup à cet investissement. La Coupe internationale de rugby fauteuil fait partie de cette vision d'un rugby citoyen.

Nos rugbywomen tricolores sont, elles, en Nouvelle-Zélande pour disputer le Women XV, une nouvelle compétition internationale. Ca tombe à point nommé, maintenant que les Bleus sont éliminés de leur Coupe du monde?

Le rugby ne s'arrête pas parce que on s'est arrêtés en quart de finale de la Coupe du monde. Il y a le Women XV qui va être passionnant. Il va falloir se lever un peu tôt puisque c'est en Nouvelle-Zélande mais on est en ordre de bataille pour obtenir la prochaine édition en France. Et puis nos féminines sont en train de nous remplir les stades. Dans les stades de la Coupe du monde, 30% des spectateurs sont des spectatrices. Je ne m'interdis pas d'aller faire un aller-retour en fonction des des résultats. On verra comment on rentre ça dans les plannings. C'est un petit peu compliqué au regard de toutes les actualités de la FFR, y compris budgétaires, mais je vais suivre avec impatience et gourmandise les résultats de notre équipe de France.

Article original publié sur RMC Sport