Coupe du monde féminine: Rubiales, un personnage "rustre et impulsif" au cœur de la polémique Hermoso

Coupe du monde féminine: Rubiales, un personnage "rustre et impulsif" au cœur de la polémique Hermoso

L’Espagne est en fête ce lundi matin. A l’autre bout du monde, l’équipe féminine a remporté pour la première fois la Coupe du monde en venant à bout de l’Angleterre à Sydney grâce à un but d’Olga Carmona (1-0). Pourtant, l’exploit sportif de la Roja, sacrée championne du monde pour sa troisième participation, a été éclipsé par la polémique liée à Luis Rubiales.

Le président de la Fédération espagnole, présent en Océanie depuis le début de la compétition pour soutenir les coéquipières d’Alexia Putellas, était très démonstratif lors de la rencontre. Lors du coup de sifflet final, il a célébré la victoire de l’Espagne en se prenant les parties intimes, juste à côté de la Reine Letizia et de sa fille Sofia (16 ans).

Sur le podium de la remise des médailles, il est allé jusqu'à embrasser sur la bouche Jennifer Hermoso. Ce geste n'est pas passé inaperçu et a beaucoup fait réagir, laissant la meilleure buteuse de l'histoire de la sélection dans l'embarras. Un geste pour lequel il s’est défendu.

"N'écoutons pas les idiots et les gens stupides, vraiment. Il s'agit juste de deux amis qui fêtent quelque chose", a expliqué Rubiales au micro de Cope depuis l'aéroport de Sydney. Pourtant, si ce geste a fait bondir en Espagne, elle reflète parfaitement le trait de caractère du personnage.

>> Revivez Espagne-Angleterre (1-0)

"C’est un événement révélateur de son côté rustre"

"C’est quelqu’un qui n’a jamais été réputé pour sa finesse, que ce soit dans ses gestes ou sa façon de parler, explique Frédéric Hermel, spécialiste du football espagnol pour RMC Sport. Il est dans le conflit permanent, notamment avec Javier Tebas, avec qui il est en guerre ouverte."

Depuis son arrivée à la présidence de la Fédération en 2018, Rubiales a multiplié les prises de décisions fortes, comme celles d’écarter Julen Lopetegui de son poste de sélectionneur à deux jours du début de la Coupe du monde 2018 - l’Espagne n’avait pas passé les poules - ou en délocalisant la Supercoupe en Arabie Saoudite au mois de janvier, tout en changeant de format.

Plus récemment, à quelques mois de la Coupe du monde au Qatar, Luis Rubiales était accusé d'avoir organisé des orgies avec l’argent de la Fédération de foot, "une fête dans un chalet privé à Salobreña au début de 2020" pour "quelques jours de travail". Mais selon lui, cette location avait eu lieu avant tout pour le plaisir de son équipe, alors que Luis Rubiales aurait "payé les dépenses avec la carte d’entreprise de la RFEF".

"Un groupe de huit ou dix jeunes filles a été invité par l'ancien footballeur et ami du président Nené" indiquait son oncle Juan dans sa déclaration. Il avait été aussi cité pour une utilisation de l’argent de la RFEF à d’autres fins personnelles.

Les joueuses ne veulent pas s'éterniser sur la polémique

Le "pico" (smack, en VF) sur la bouche de Jennifer Hermoso est "un événement révélateur du côté rustre du personnage pour Frédéric Hermel. "C’est surprenant mais ça n’a pas surpris quand on connaît le personnage. Il ne met pas à l’aise les gens autour de lui. Chaque geste est sujet à polémique en Espagne, un pays où les droits des femmes sont pris au sérieux."

Pendant que l’attaquante a calmé le jeu, insistant sur "un geste d’amitié et de gratitude" effectué sous l’émotion de la victoire en Coupe du monde, les joueuses de Jorge Vilda n’ont pas souhaité faire un drame de la situation, préférant continuer à célébrer leur première étoile, acquise dans un contexte particulier.

En septembre dernier, 15 joueuses avaient exprimé leur colère et s’étaient mises en retrait de la sélection pour dénoncer les méthodes jugées "dictatoriales" du sélectionneur, qui a toujours été soutenu par la Fédération et Luis Rubiales. Seules trois d’entre elles - Aitana Bonmati, Mariona Caldentey et Ona Batlle - ont fait le voyage pour le Mondial 2023, qui restera le plus beau souvenir d’une sélection bousculée mais jamais abattue.

Article original publié sur RMC Sport