Coupe du monde féminine: la revanche du sélectionneur espagnol Jorge Vilda

Coupe du monde féminine: la revanche du sélectionneur espagnol Jorge Vilda

Jorge Vilda revient de loin. Désavoué il y a un an par une partie des joueuses, le sélectionneur espagnol s'est accroché à ses méthodes jugées clivantes pour conduire la Roja en demi-finale d'un Mondial féminin pour la première fois, contre la Suède, mardi (10 heures) à Auckland.

Considérée comme l’équipe la plus offensive des sélections présentes dans le dernier carré (l’Angleterre et l’Australie s’affrontent mercredi), l’Espagne est à deux victoires d’aller chercher une première étoile chez les féminines, treize ans après le succès des garçons. Ce serait une performance exceptionnelle pour la 6e nation au classement Fifa, qui participe à son troisième Mondial (élimination en phase de groupes en 2015, huitième de finaliste en 2019). Mais cette campagne en Océanie porte également le sceau d’un homme: Jorge Vilda.

La RFEF au chevet de Vilda

En poste depuis 2015, le sélectionneur de la Roja a dû faire face à la fronde de 15 internationales, qui ont annoncé en septembre dernier qu’elles ne voulaient plus porter le maillot de leur sélection en raison de désaccords avec la gestion de Vilda. Mais contrairement aux joueuses de l’équipe de France, qui ont obtenu le départ de Corinne Diacre, le technicien espagnol a pu compter sur le soutien de la Fédération et de son président Luis Rubiales.

"Nous avons un président qui a réagi avec courage, qui m'a soutenu, moi et le staff (...). Il y a beaucoup d'unité dans le groupe, une bonne ambiance, une envie de compétition, du professionnalisme et de l'ambition", a déclaré lundi le coach de 42 ans en conférence de presse, à la veille de la demi-finale face à la Suède. Cette crise a menacé l'émergence de l'Espagne comme puissance du foot féminin, portée notamment par les investissements récents du FC Barcelone, vainqueur de la dernière Ligue des champions, ou du Real Madrid.

Des choix osés mais payants

Un an après une élimination en quart de finale de l’Euro, les Espagnoles proposent un jeu offensif attractif et les résultats sont au rendez-vous, malgré la gifle reçue par le Japon lors du dernier match de la phase de groupe (4-0). L'Espagne a éliminé la Suisse (5-1) en huitièmes puis les Pays-Bas finalistes en 2019 (2-1 a.p.) pour atteindre les demies pour la première fois de son histoire.

Ce parcours porte la marque des risques tactiques de Vilda, adepte du turn-over autour de son 4-3-3 axé sur la conservation du ballon et le contre-pressing: "Nous avons 23 titulaires. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des faits", a-t-il expliqué.

Après la déroute face aux Japonaises, l’entraîneur n’a pas hésité à écarter la gardienne titulaire Misa Rodriguez pour lancer dans le grand bain la jeune doublure Cata Coll lors de la phase à élimination directe. Le choix est d'autant plus osé que Coll, 22 ans, est aussi remplaçante au Barça, derrière la numéro un Sandra Paños, l'une des "frondeuses" qui a demandé sa réintégration, en vain.

Bonmati, le rayon de soleil espagnol

Autre choix fort opéré par Vilda: se passer d’Alexia Putellas au coup d’envoi face aux Suissesses et aux Néerlandaises. De retour à la compétition juste avant le tournoi après une longue blessure au genou contractée avant l’Euro, la double Ballon d’or est loin d’avoir retrouvé son niveau.

En parallèle, des nouveaux visages ont émergé, comme la milieu Teresa Abelleira (23 ans) ou l'attaquante Salma Parellelo (19 ans), qui a marqué le but de la qualification face aux Pays-Bas. Ces dernières sont entourées par l’expérience de certaines "rebelles", qui ont fait marche arrière. Seules trois d'entre elles ont été convoquées: Mariona Caldentey, Ona Batlle et Aitana Bonmati.

La milieu du Barça réalise une Coupe du monde de haute volée (3 réalisations, meilleure buteuse de son équipe), dans la lignée de sa saison avec son club, avec qui elle a remporté la Ligue des champions en juin dernier. Des performances qui la placent tout en haut de la liste des favorites pour le prochain Ballon d’or.

La Suède, un adversaire à dompter

Mais au-delà des choix payants opérés par Vilda, l’unité affichée par les Espagnoles témoigne des moments difficiles traversés par la sélection ces derniers mois. Après la qualification face aux Pays-Bas, Alexia Putellas et Jennifer Hermoso ont fondu en larmes sur le banc. “C'était un après-midi plein d'émotions. Je n'ai pas pu m'arrêter de pleurer, je pleurais encore en arrivant à l'hôtel. Nous avons traversé tant de choses ensemble”, a confié l’attaquante qui évolue désormais au Mexique.

Pour tenter d’accrocher une première étoile sur son maillot, l’Espagne va devoir se défaire de la Suède en demi-finale. Un adversaire qu’elle n’a jamais battue dans son histoire en onze confrontations (4 nuls, 7 défaites). Mais tous les rêves sont permis pour la Roja, qui espère concrétiser le plus important le 20 août, au Stadium Australia de Sydney, lieu de la finale de la Coupe du monde.

Article original publié sur RMC Sport