Boxe: "Yoka? On ne change pas un boxeur à 30 ans", assure son adversaire Ryad Merhy

Ryad Merhy, commet s’est noué le contact pour boxer Tony Yoka?

Après ma défaite en mai contre Kevin Lerena en Afrique du Sud (décision unanime). Je voulais vite reboxer et pas attendre six ou sept mois comme d’habitude. J’ai reçu un appel de All Star Boxing, le promoteur de Tony. C’était une bonne occasion de reboxer. C’était une bonne expérience. Pourquoi pas?

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Qu’est-ce qui vous a fait dire oui? Le fait de boxer à Roland-Garros?

On ne savait pas encore que ça aurait lieu à Roland-Garros. C’était d’abord la proposition pour affronter Tony. Je n’ai pas hésité très longtemps. J’ai dit ‘Tony est droitier, merci’. Je n’ai boxé que des gauchers dernièrement. Ça m’énervait. Un droitier c’est mieux. Il mesure 2,01m, c’est le truc qui dérange (contre 1,81m pour Merhy). C’est un très bon boxeur. Il faut se mesurer aux bons pour évoluer. C’est parfait.

Quel est le sentiment de boxer sur le court Central de Roland-Garros?

On attendait la salle. On ne savait pas si ce serait Bercy ou Nantes. Quand on nous a annoncé Roland-Garros, c’était dix fois mieux. Je pense que pas mal de Belges vont faire le déplacement. C’est plus simple pour eux de venir à Paris. Je ne serai pas seul là-bas.

Vous avez déjà croisé les gants avec Tony Yoka?

Jamais. J’ai des collègues qui ont sparré avec lui. On se connaît de vue, mais rien de plus.

Ce sera votre troisième combat en poids lourds!

Je combats dans la cour des gros. J’ai pris du poids. Je ne vise pas les poids lourds. Moi je suis un bridger à 91 kg. Je veux avant tout prendre du plaisir. Je suis sur la fin de ma carrière. Encore quelques années puis j’arrête. Je n’ai plus envie de faire des sacrifices au niveau du poids. Boxer en poids lourds c’est une occasion. Tony n’est pas un lourd de 115-120 kg. C’est dans mes cordes. Je suis à 104-105 kg de poids de forme, c’est parfait.

Qu’avez-vous appris des victoires de Martin Bakole et Carlos Takam face à Tony Yoka?

Eux sont de véritables poids lourds. Je suis un nouveau poids lourd. Je n’ai pas les mêmes aptitudes qu’eux. J’ai mes aptitudes de lourd-léger. J’essaye de faire la transition de lourd-léger vers lourd. C’est une autre façon de boxer. J’ai pris 15 kilos depuis les lourds-légers. Je ne bouge plus de la même manière qu’avant. J’ai dû travailler là-dessus.

Qu’est-ce que cela change pour vous?

Je me sens un peu plus fort car je ne fais plus de régime extrême. Je me soucie seulement de ma préparation, plus de mon poids. C’est quelque chose en moins dans ma tête. C’est plus gai.

Vous dites viser 104-105 kg. Pourquoi ce choix?

Je ne veux pas être trop bas au niveau du poids par rapport à Tony. Il doit dépasser les 105 kg. Si je descends trop bas, il y aura une différence de poids et à ce niveau-là ça ne paye pas. Il faut que je sois bien sur mes pieds et sur mes jambes.

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Yoka reste sur deux défaites d’affilée. Il doute. Faut-il attaquer fort dès le premier round pour le laisser dans le doute?

Tony est intelligent. Il y a beaucoup de personnes qui me disent d’attaquer directement car il est dans le doute. Je suis un boxeur instinctif. Je vais faire comme je le sens. Je ne vais pas me lancer tête baissée dans quelque chose que je ne connais pas.

Yoka a changé de coach en passant de Virgile Hunter à Don Charles. Cela fait que vous avez moins de repères sur ce qu’il va proposer?

Tony a la trentaine (31 ans). On est de la même génération. On ne change pas un boxeur à 30 ans. On peut trouver des tips, des petits éléments en plus. Je pense qu’ils ont travaillé sur les défauts vus lors de ses deux derniers combats. Je ne m’attends pas à des changements extravagants.

Vous comptez 26 KO sur vos 31 victoires. Vous êtes un puncheur. C’est un point à mettre de votre côté…

On est tous des êtres humains. Il suffit d’un coup. On est tous des êtres humains. On peut dominer tout un combat et tomber sur un coup. C’est ce qui fait que la boxe est à part. Il faut rester toujours vigilant. Oui je peux l’éteindre comme lui il peut m’éteindre. C’est ça la magie de ce sport. Le coup bien placé ou le lucky punch peut arriver. Je ne pense pas que j’ai le même impact que Bakole ou Takam. Eux sont de vrais poids lourds. C’est leur poids de corps qui se transmet dans leurs coups. J’ai une autre façon d’impacter l’adversaire avec mes coups. J’espère que tout sera bien réuni pour que ce jour-là mes coups soient électriques.

En France on vous connaît pour votre défaite contre Arsen Goulamirian pour une ceinture mondiale WBA par interim des lourds-léger (KO à la 11e reprise). Que gardez-vous de ce combat de 2018?

Le jour-même c’était un mauvais souvenir mais avec le recul ça reste une bonne expérience. C’est un combat qui m’a permis de me connaître, d’apprendre des choses sur moi. J’en tire beaucoup. J’ai appris comment améliorer ma boxe lors de cette défaite.

Tony Yoka amène avec lui pas mal de "fans" qui souhaitent le voir perdre. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Comme tout grand champion, il y a ceux qui l’aiment et ceux qui le détestent. Comme avec Floyd Mayweather. C’est ce qui fait la personnalité du boxeur. À toi de prendre ce que tu veux des gens. Les gens viennent regarder des combats et pas forcément te voir gagner. Que les gens prennent leurs places, ça fait de la pub pour notre affiche, c’est parfait.

Article original publié sur RMC Sport