Quel bilan pour Wembanyama après ses 10 premiers matchs en NBA ?

Quel bilan pour Wembanyama après ses 10 premiers matchs en NBA ?

L’impact entre la terre promise et la nouvelle météorite du basket mondial, lancée à pleine vitesse après une saison 2022-2023 sensationnelle, a enfin eu lieu. Et il est déjà temps de prendre une première mesure de l’onde de choc. N°1 de la dernière draft, rookie le plus attendu depuis LeBron James il y a 20 ans, Victor Wembanyama a enfin effectué ses grands débuts en NBA sous le maillot des San Antonio Spurs. Après 10 matchs de saison régulière, quel bilan tirer de ses premiers pas dans la Grande Ligue ?

• Le positif

Il n’aura mis que huit jours avant de signer sa première performance d’envergure. Son acte de naissance en NBA. Le 3 novembre, soit un tout petit peu plus d’une semaine après son baptême du feu contre les Dallas Mavericks, l’ancien intérieur de Boulogne-Levallois s’offre un match XXL contre les Phoenix Suns: 38 points (15/26 au tir), 10 rebonds et deux contres. Il devient à ce moment-là le troisième joueur de moins de 21 ans à marquer plus de 35 points et prendre au moins 10 rebonds dans un seul match. Les deux seuls à avoir réalisé une telle performance avant lui ? LeBron James et Kevin Durant, rien que ça.

Face à Durant, l’une de ses plus grandes inspirations, "Wemby", également devenu le premier rookie depuis Shaquille O'Neal en 1992 à cumuler plus de 85 points, 35 rebonds et 10 contres après cinq matches en NBA, a définitivement prouvé qu’il était capable de dominer dans la plus grande ligue de basket au monde. "Je ne vois personne comme lui en NBA, a salué Durant après la rencontre. Il est unique. Il va créer sa propre histoire."

En dehors de cette soirée d’ivresse face aux Suns, sommet émotionnel et point d’orgue statistique de ses 10 premiers matchs NBA, les chiffres valident son bon début de saison. En 30 minutes de moyenne, le Français tourne à 19,7 points (à 44% au tir), 8,8 rebonds, 2,5 passes décisives et 2,4 contres par match. À titre de comparaison, LeBron James avait inscrit 15,8 points de moyenne lors de ses 10 premiers matchs NBA en 2023-2024. À l’époque, le futur quadruple champion NBA (2012, 2013, 2016, 2020) était notamment descendu sous la barre des 10 points à deux reprises (7 et 8 points lors de ses 3e et 4e match). Victor Wembanyama, lui, fait pour l’instant preuve d’un peu plus de régularité dans le scoring, avec un match à 11 points (4/10 au tir, le 30 octobre face aux Los Angeles Clippers) comme "pire" copie.

Sur ce début de saison, Wembanyama, meilleur marqueur, rebondeur et contreur de son équipe, affiche la meilleure ligne de stats de tous les rookies, loin devant Ausar Thompson (Detroit, N°5 de la draft, 11,4 points par match), Brandon Miller (Charlotte, N°2 de la draft, 13 points) et Scoot Henderson (Portland, N°3 de la draft, 8,8 points). Seul Chet Holmgren, N°2 de la draft 2022 mais blessé toute la saison dernière, semble en mesure de tenir la comparaison (16,4 points point et 7,6 rebonds par match), même si Wembanyama a déjà pris une petite longueur d’avance sur le joueur du Thunder d’Oklahoma City, autre "licorne" de la ligue (2,16m), dans la course au titre de rookie de l’année.

Défensivement, enfin, l’influence de Wembanyama est déjà palpable. Si sa présence ne se traduit pas encore sur la défense collective des Spurs (on y reviendra), la grande carcasse de l’intérieur tricolore fait déjà beaucoup d’ombre dans les raquettes. Après seulement deux semaines et demie sur les parquets NBA, il est déjà le deuxième meilleur contreur de la ligue (2,4 contres) derrière Anthony Davis (3). Mais son apport ne se limite pas à l’aspect purement statistique. Son activité en défense, son intelligence dans le placement, sa mobilité et bien évidemment sa taille gênent considérablement les attaquants adverses. On ne compte d’ailleurs plus le nombre de joueurs contraints de changer la trajectoire de leur shoot ou même obligés de rebrousser chemin après avoir tenté d’attaquer le cercle à cause du géant français.

• Le négatif

Le solide début de saison de Wembanyama à titre individuel tranche cependant avec les difficultés collectives de sa franchise. En s’inclinant 118-113 dans la nuit de dimanche à lundi sur leur parquet contre le Miami Heat, les Spurs ont enchaîné une cinquième défaite consécutive. Après 10 rencontres, les Texans affichent un bilan de trois victoires et sept défaites qui les positionne à la 13e place (sur 15) de la conférence Ouest. En dehors de la belle parenthèse offerte par les deux victoires consécutives à Phoenix (le 1er et le 3 novembre), San Antonio n’y arrive pas en ce début de saison. La défaite contre Toronto (le 5 novembre, 123-116 après prolongation) après avoir mené de 22 points ou la claque reçue le lendemain à Indiana (152-111) ont particulièrement marqué les esprits.

Ce démarrage difficile s’inscrit dans la lignée de ce que les Spurs ont proposé la saison dernière, quand la franchise texane affichait le 28e (sur 30) bilan de toute la ligue (22 victoires, 60 défaites). Wembanyama le savait, et c’est d’ailleurs le concept de base de la draft, qui permet aux franchises les plus en difficulté de sélectionner les meilleurs espoirs de la planète: il a débarqué dans une équipe en reconstruction totale, dont l’ossature est identique à celle qui végétait dans les bas-fonds du classement en 2022-2023. Les Spurs sont en fait là où on les attendait, c’est-à-dire plus proches d’une bonne position à la draft 2024 que d’une qualification en playoffs. "La draft est évidemment l’objectif, rappelait d’ailleurs Fred Weis avant le début de la saison régulière. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils n’ont pas mis beaucoup d’argent sur une star pour l’entourer. Ils auraient pu. S’ils prennent un bon pick de draft l’année prochaine, tu te dis que ça peut être une équipe d’avenir qui pourra être létale d’ici quatre ou cinq ans… ou même avant."

En attendant, les hommes de Gregg Popovich affichent leur limite. Après 10 matchs, les Spurs possèdent la deuxième pire défense de toute la NBA. Offensivement, la marge de progression est également conséquente. Malgré les bons débuts de saison de Devin Vassell (18 points de moyenne) ou encore de Zach Collins, intéressant dans son binôme formé avec Wembanyama dans la raquette, les Texans sont encore très brouillons et Gregg Popovich, à l’image de son utilisation de Jeremy Sochan, ailier fort de formation repositionné à un poste de meneur, continue de tâtonner. Par séquence, la faible utilisation de Wembanyama ou la difficulté à le servir près du panier ont également pu interroger.

"On apprend quand on gagne. On apprend quand on perd. Que nous gagnions ou perdions, nous allons regarder la vidéo et relever les erreurs de l’équipe et de chaque joueur individuellement", a récemment confié le coach des Spurs. Une manière de faire comprendre que, pour cette année 1 du projet, il sera plus attentif à la manière qu’au résultat.

Dans la nuit de dimanche à lundi, après la défaite face au Miami Heat, l’iconique coach des Spurs, cinq fois champion à la tête de la franchise texane (1999, 2003, 2005, 2007 et 2014), voulait tout de même voir le verre à moitié plein. "L’effort est là et je peux voir la roue tourner, a-t-il assuré. Ils apprennent à comprendre les différentes situations sur le terrain. Ils apprennent à jouer ensemble. Donc j’étais vraiment fier d’eux et de ce qu’ils ont fait ce soir. Personne n’aime perdre, mais ils deviennent plus intelligents à chaque match."

Si son rendement est évidemment l’une des seules satisfactions du début de saison des Spurs, Wembanyama peut toutefois s’améliorer dans quelques domaines pour essayer de tirer encore plus son équipe vers le haut. Le MVP de la dernière saison de Betclic Elite est encore en phase d’apprentissage, comme en témoignent ses sept balles perdues face à Miami dans la nuit de dimanche à lundi ou ses quelques matchs délicats au niveau de l’adresse. "On est jeunes, l'équipe la plus jeune de la ligue, on apprend, détaillait le principal intéressé après avoir vécu un match compliqué face à New York la semaine passée (14 points à 4/14 au tir). On va connaître comme tout le monde des séries de défaites, le plus important est de savoir rebondir. On y arrivera bientôt.” Le rendez-vous est pris.

Article original publié sur RMC Sport