NBA: collectivement et individuellement, à quoi s’attendre pour la première saison de Wembanyama avec les Spurs?

Rookie le plus attendu depuis 20 ans et l'arrivée de LeBron James, Victor Wembanyama fait ses grands débuts en NBA dans la nuit de mercredi à jeudi (3h30). Si ses lignes de stats seront particulièrement scrutées, il ne faut toutefois pas s’attendre à le voir ramener les San Antonio Spurs au sommet dès sa première année.

NBA: collectivement et individuellement, à quoi s’attendre pour la première saison de Wembanyama avec les Spurs?

Il y a d’abord eu la déflagration qui a suivi ses deux prestations étincelantes à Las Vegas en octobre 2022, quand le monde du basket s’est rendu compte de l’ampleur du phénomène. Et puis une saison de tous les records sous les couleurs de Boulogne-Levallois, achevée sur une défaite en finale face à l’ogre monégasque devant un court central de Roland-Garros plein à craquer. Avant une issue en apothéose, une place de N°1 à la draft, des premiers pas de rock star à San Antonio et des débuts très prometteurs en présaison.

Jusqu’ici, le parcours de Victor Wembanyama a tout de la success story à l’américaine. Mais si la belle histoire du prodige français est contée depuis longtemps et aussi surprenant que cela puisse paraître au vu de l’énorme engouement autour de lui, sa carrière NBA n’a toujours pas commencé. Après tant d’attente, l’Odyssée de l’intérieur dans la plus grande ligue de basket au monde débute officiellement dans la nuit de ce mercredi à jeudi (3h30) face aux Dallas Mavericks à l’occasion du premier match de saison régulière des San Antonio Spurs.

Samedi 7 octobre, à un peu plus de deux semaines de la reprise de la NBA, ils étaient plus de 13.000 fans des Spurs à s’être massés au Frost Bank Center de San Antonio pour assister… à un simple entraînement. Pour les amoureux de la franchise aux cinq titres NBA (1999, 2003, 2005, 2007 et 2014), privés de playoffs lors des quatre dernières saisons, l’arrivée du prodige français est une bénédiction et l’opportunité rêvée de renouer avec la gloire d’un passé pas si lointain. Mais l’effet Wembanyama va-t-il immédiatement se faire sentir? L’intérieur tricolore, qu’un grand nombre d’observateurs imaginent comme le futur visage de la ligue nord-américaine, va-t-il parvenir à peser dès sa saison 1?

"Une saison réussie sera une saison où on se rapproche - même de 1% - du but final qui est de gagner un titre, a clamé le principal intéressé en conférence de presse il y a quelques jours. Je suis prêt à faire tous les sacrifices pour aider la franchise et nous rapprocher de cet objectif. Je n’ai aucun doute sur notre capacité à gagner dès maintenant."

Pour les Spurs, objectif... draft 2024 ?

Au risque de passer pour des rabat-joie, Victor Wembanyama et les Spurs ne seront pas champions NBA cette saison. Pour la franchise texane, toujours emmenée par l’iconique Gregg Popovich, général en chef depuis 1996, une qualification en playoffs, que ce soit directement (top 6 de la Conférence Ouest) ou via le play-in (mini-tournoi entre les équipes classées de la 7e à la 10e place de la Conférence), paraît même difficilement atteignable.

Le constat est implacable et il n’est que le résultat du concept de base de la draft, qui permet aux franchises les plus en difficulté de sélectionner les meilleurs espoirs de la planète: l’ancien joueur de Boulogne-Levallois débarque dans une équipe en reconstruction totale, qui affichait le 28e (sur 30) pire bilan de toute l’année la saison dernière. "L’année dernière, les Spurs étaient la pire défense et l’avant-dernière attaque, décrypte Fred Weis, consultant basket pour RMC Sport et ancien international français. Donc on part de très, très loin et ça n’a pas recruté non plus de fou pour l’entourer."

"Il y a un travail de longue haleine. Ils vont gagner une dizaine de matchs de plus grâce à lui, ce qui est déjà énorme", estime Weis.

Autour de Victor Wembanyama, l’ossature de l’équipe est la même que la saison passée. Les meilleurs joueurs de l’effectif se nomment Keldon Johnson (24 ans), Devin Vassell (23 ans), Jeremy Sochan (20 ans) ou encore Tre Jones (23 ans). Du talent, de la jeunesse… mais aucun n’a pour l’instant montré qu’il avait le niveau d’une star capable d’épauler "Wemby" face aux autres grosses cylindrées de la Ligue. Pas un problème pour autant, puisque les renforts pourraient venir de ...la prochaine draft. "C'est évidemment l’objectif, insiste Fred Weis. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils n’ont pas mis beaucoup d’argent sur une star pour l’entourer. Ils auraient pu. S’ils prennent un bon pick de draft l’année prochaine, tu te dis que ça peut être une équipe d’avenir qui pourra être létale d’ici quatre ou cinq ans… ou même avant."

"Je n’ai pas de grandes attentes sur les résultats. J’attends 10 victoires de plus que l’année dernière (22 victoires pour 60 défaites, ndlr), confirme Stephen Brun dans le podcast RMC Basket Time. Ça ne sera pas suffisant pour les playoffs, mais je pense que ce n’est même pas l’objectif. Je pense qu’il y aura une gestion des victoires car les Spurs peuvent prétendre une nouvelle fois à un pick très haut l’année prochaine. Et là ça changerait la donne si tu récupères le choix N°1 ou N°2. Pour moi, l’objectif des Spurs est sur deux, trois ans."

L'histoire prouve qu'il faut s'armer de patience

Il ne faudrait donc pas s’y tromper: les San Antonio Spurs risquent cette année encore de regarder plus vers le bas que vers le haut. Le cours de l’histoire ne fait d’ailleurs qu’appuyer ce scénario. Jamais ou presque un rookie n’a réussi à transfigurer à lui seul le visage de sa franchise. LeBron James, N°1 de la draft 2003, a dû attendre sa troisième saison en NBA pour se qualifier en playoffs.

"Et il arrive dans une équipe où il y a Carlos Boozer et Zydrunas Ilgauskas, qui sont All Star, ou même Ricky Davis qui est un bon scoreur", précise Stephen Brun.

En dehors du cas de LeBron James, les exemples récents de grands joueurs qui ont dû patienter avant de se qualifier pour la première fois en playoffs sont légion. Luka Doncic a attendu sa deuxième saison pour découvrir la post-season. Kevin Durant? Sa troisième. Anthony Davis? Sa troisième également. Devin Booker? Sa sixième.

Les fans des Spurs les plus nostalgiques prendront l’exemple de Tim Duncan, champion NBA en 1999 deux ans après sa draft. Mais à l’époque, le double MVP de la saison régulière (2002 et 2003) débarquait dans une équipe déjà extrêmement compétitive.

"Quand Duncan arrive, il y a David Robinson (blessé toute la saison précédente, ce qui a permis aux Spurs d’aller chercher le premier choix de draft, ndlr), Sean Elliott ou encore Avery Johnson, qui sont trois joueurs fantastiques de NBA", tempère Stephen Brun.

D’une manière générale, les plus grands de ce sport ont dû faire preuve d’obstination pour aller chercher le Graal. LeBron James et Michael Jordan ont ainsi dû attendre respectivement neuf et sept ans avant de décrocher leur premier titre NBA.

Quelle ligne de stats pour son année rookie?

Victor Wembanyama ne sera - dans un premier temps - pas jugé trop sévèrement sur les résultats de son équipe puisqu’il est dépendant du niveau de ses coéquipiers. Mais il y a en revanche un secteur où il est particulièrement attendu: ses statistiques personnelles. S’il n’a pas de pouvoir sur la construction de l'effectif, le Français a en revanche toutes les cartes en main ou presque sur son propre rendement. Le basket étant un sport de stats et la NBA impitoyable avec les joueurs incapables de noircir les feuilles de match, "Wemby" va devoir empiler les points, rebonds et contres. Mais dans quelles proportions?

Sur ce point, la plupart des grands médias américains se sont déjà amusés à imaginer sa ligne de statistiques. ESPN et NBC Sports le voient autour des 20 points, 9,5 rebonds et 2,5 contres de moyenne, quand Bleacher Report est un petit peu moins généreux en imaginant Victor Wembanyama tourner à 17,5 points, 8,5 rebonds, 2 passes et 2,2 contres.

"Honnêtement? Je pense qu’il sera à 20 points, 7 rebonds et 2 contres. Et 20 points, c’est un plancher", juge de son côté Fred Weis. À titre de comparaison, il tournait la saison dernière à 21,6 points, 10,4 rebonds et trois contres de moyenne en Betclic Elite.

"Il y a plus d'espace qu’en Europe et il connaît le jeu… Je pense que personne ne va le déranger", poursuit Fred Weis.

D’autant que la personnalité et le leadership aperçus la saison dernière à Boulogne-Levallois, où le joueur formé à Nanterre était, à seulement 19 ans, le patron d’une l’équipe vice-championne de France, permettent d’être optimiste concernant son acclimatation et sa capacité à prendre ses responsabilités. "D’un point de vue personnel, il n’y a pas vraiment d’objectif de statistiques, a assuré Wembanyama devant les médias à quelques jours de la reprise. Mais bien sûr qu’aider mon équipe au maximum passera aussi par de bonnes performances individuelles."

Aligner une grosse ligne de stats ne devrait pas être un problème pour Wembanyama. Même avec la jurisprudence Popovich, qui prône un jeu extrêmement collectif, les récents rookies qui ont débarqué dans une franchise en ayant les clefs du camion - et le niveau pour l’assumer - ont toujours réussi à scorer. Paolo Banchero, N°1 de la draft 2022, tournait à 20 points de moyenne la saison dernière. Luka Doncic a quant à lui dépassé la barre des 21 points de moyenne dès sa saison rookie en 2018-2019. Le Slovène, arrivé d’Europe en ayant tout à prouver comme lui, est assurément l'un des modèles à suivre.

Article original publié sur RMC Sport

VIDÉO - Débuts de Wembanyama en NBA : premier match cette nuit face aux Dallas Mavericks