Yahoo Actualités BC One: le break a enflammé Roland-Garros, à neuf mois des Jeux olympiques de Paris 2024
Avec son vieux polo boutonné jusqu’au col, son bas de survêt un peu défraîchi, Hong 10 semble venu de 1999. Le B-Boy sud-coréen est un vieux de la vieille. Lauréat de Battle of the Year en 2002, il a remporté le BC One en 2006 et 2013. Cette fois, il est revenu de blessures au dos et au genou pour mettre une troisième ceinture autour de sa taille. A 38 ans, il a ouvert grand les bouches des 8.000 spectateurs du court Philippe-Chatrier à chaque fois qu’il venait se posait sur sa ligne d’épaule, tête en bas avec des flexions de coude impossibles. Dany Dann n’a pas résisté (défaite 4-1) à l’énergie du vétéran asiatique.
Dans sa tenue orange qui rappelle la terre battue de Roland-Garros, le Français, déjà sélectionné pour les Jeux olympiques, a prouvé qu’il était le chouchou du public. A chaque entrée en scène, il a électrisé la foule maniant chambrage et empathie envers l’adversaire. Hong a avoué qu’il avait une stratégie face au Tricolore: "Je savais que le public allait pousser pour lui. Vous savez, je danse toujours à l’extérieur. Je suis un peu le bad guy. Je voulais commencer tous mes matches. Sauf en demi-finale contre lui. Mon idée était ‘Vas-y Dany c’est ton public, démarre’ . Il a accepté. En quelque sorte ma stratégie a fonctionné. Les fans l’ont encouragé , ça ne m’a pas énervé, c’était un super moment, ça m’a donné plus de force."
Sous le toit du Central, il ne faisait pas un temps à sortir les danseurs. Assez frisquet, un public parfois bien emmitouflé. Pas grave, le spectacle était présent dans cet écrin majestueux. Aucun B-boy ne s’est plaint du mercure. Hong a retrouvé en finale une autre légende de la danse hip-hop, le Canadien Phil Wizard, dans sa tenue blanche. Hong rêvait de défier une nouvelle fois le magicien de Vancouver. Alors, repartir avec la ceinture lui semble encore plus fou: "Je n’ai pas les mots. J’ai toujours gardé espoir malgré les blessures au dos et au genou. Je voulais revenir", souffle-t-il.
De belles promesses côté français
Les trois premiers juges sondés l’ont donné vainqueur. K-O! Phil Wizard a sorti une carte de Uno avec le 0 dessus pour la montrer aux juges en guise de gentille protestation. Sorti des qualifications, B-boy Khalil a éliminé l’Américain Jeffro avant de buter en quart sur le Japonais Issin. Chez les filles, il y a les petites sauteuses, pas très hautes, capables de prouesses gymniques à l’image de B-Girl Nicka la Lituanienne ou India la Néerlandaise, qui était tenante du titre, et en face, il y a des filles plus joueuses et musicales comme B-Girl 671, chinoise, et Ami, la Japonaise. C’est la danse de ces dernières qui a été récompensée. En finale, la Nippone à la casquette l’emporte 3-1: "Je ne pensais pas à la ceinture avoue-t-elle. Le BC One est ma scène de rêve. C’était dur mentalement. Je suis restée focus sur ce que je voulais faire. La vue de ma sœur en tribune a fait s’envoler tout mon stress."
Médaillée européenne, B-Girl Syssy avec ses grands segments a failli déboulonner la pile électrique 671 (défaite 3-2) en quart. Les espoirs sont là en vue d’une qualification olympique pour l’ado française. Des Jeux qui appâtent déjà les cadors du breaking. Dans un sourire, le malin Hong 10 a avoué qu’il échangerait une voire deux de ses ceintures du BC One contre un or olympique l’an prochain à Paris. Chiche?
