« À un très haut niveau, les politiques ouvrent le parapluie dès qu’il y a un problème »
Le 13 juillet, L'Humanité révélait que le ministère de l'Intérieur avait refusé de rendre publique une note du conseil scientifique de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), depuis dissous, intitulée « Police et racisme, 12 recommandations pour améliorer la formation des agents et la lutte contre le racisme ».
Le document expliquait avec précision et détachement qu'il existe des problèmes de racisme dans la police, mais que l'institution ne devait pas être accablée dans son ensemble. Smaïn Laacher, professeur émérite à l'université de Strasbourg et directeur de l'Observatoire du fait migratoire et de l'asile à la Fondation Jean-Jaurès, présidait, à l'époque, ce conseil scientifique. Il a accepté de revenir, pour Le Point, sur l'origine, le contenu et la disparition de ce rapport.
Le Point : Quelle est la genèse de ce rapport ?
Le sociologue Smain Laacher en 2009. © Boris Horvat/AFPSmaïn Laacher : Personne n'a demandé au conseil scientifique de créer un groupe de travail sur la police et le racisme, c'est une initiative personnelle que j'ai prise en demandant préalablement la permission de la Dilcrah. Après la mort de George Floyd [un Afro-Américain de 46 ans mort le 25 mai 2020, asphyxié sous le genou d'un policier à Minneapolis (Minnesota), NDLR], je sentais que le débat pouvait prendre une tournure très problématique, qui serait plus obscurcissante qu'éclaircissante parce que cela po [...] Lire la suite