Les soirées « Bunga-Bunga » et le « Rubygate » de Berlusconi, ces affaires qui auront terni ses dernières années

Les quinze dernières années de la vie de Silvio Berlusconi auront été marquées par un scandale politique, judiciaire et sexuel : le « RubyGate » né à la suite de l’affaire des soirées « bunga-bunga » (photo d’archive prise à Rome en décembre 2004).
Les quinze dernières années de la vie de Silvio Berlusconi auront été marquées par un scandale politique, judiciaire et sexuel : le « RubyGate » né à la suite de l’affaire des soirées « bunga-bunga » (photo d’archive prise à Rome en décembre 2004).

Entre prostitution de mineure, abus de pouvoir et corruption de témoin, ce vaste scandale politique et judiciaire a duré plus d’une décennie. Et bien qu’acquitté, le « Cavaliere », mort ce lundi à l’âge de 86 ans, n’en est pas sorti indemne.

ITALIE - La voleuse de cœurs est celle par qui le scandale est arrivé. En 2010, Silvio Berlusconi, qui est mort ce lundi 12 juin à l’âge de 86 ans, ne le sait pas encore, mais son troisième mandat de président du Conseil touche à sa fin. Et ce sera le dernier. En cause : l’affaire des soirées « Bunga-Bunga » et le « RubyGate », un scandale sexuel qui écornera la fin de vie (notamment politique) du Cavaliere.

« Ruby Rubacuori », soit « la voleuse de cœurs » dans la langue de Dante, s’appelle en réalité Karima El-Mahroug. Et en 2010, lorsque la police vient frapper à sa porte, c’est pour une affaire de vol, celui d’une montre d’une valeur de 3 000 euros. Sauf que rapidement, cette banale histoire prend un tour étrange : Silvio Berlusconi en personne demande aux carabiniers de la libérer parce qu’elle serait (c’est faux) la nièce du président d’Égypte Hosni Moubarak.

Le harem du « Caïman »

La suite ? La jeune femme, mineure à l’époque des faits, se révèle être particulièrement bavarde et raconte dans la presse qu’elle a déjà participé à des soirées dites « bunga-bunga » dans la luxueuse villa de Berlusconi à Arcore, en banlieue de Milan. Des fêtes au cours desquelles des jeunes femmes, parfois mineures donc, s’agitent sur une barre de pole dance et s’exhibent devant le milliardaire et ses invités, avant que certaines, une fois choisies, se prostituent. Des orgies dont Berlusconi minimisera l’ampleur au tribunal, évoquant de simples dîners élégants éventuellement suivis de « compétition de burlesque ».

Les jeunes femmes concernées par cette organisation bien rodée sont rémunérées quelques milliers d’euros pour leur participation aux fêtes, qu’elles se prostituent ou non. Certaines ont par la suite été invitées à faire des apparitions sur les chaînes de télévision que possède Silvio Berlusconi, quand elles ne sont pas installées à proximité d’Arcore, sous la surveillance d’une ancienne hygiéniste dentaire et élue milanaise aux ordres du « Caïman », histoire d’être disponibles en permanence. D’ailleurs, le terme « bunga-bunga » a été choisi en hommage à la manière dont l’autocrate libyen Mouammar Kadhafi désignait son harem.

Blanchi par la justice

Après ces révélations, qui font suite aux multiples infidélités de Silvio Berlusconi et à un divorce particulièrement médiatisé avec sa seconde femme, la justice s’empare de l’affaire. Et si le Cavaliere joue la carte du séducteur macho pour dégonfler les accusations, il est d’abord condamné en 2013 à sept ans de prison et à une inéligibilité à vie, pour prostitution de mineure et abus de pouvoir. Avant de se retrouver au cœur d’un second procès, cette fois pour avoir tenté d’acheter le silence de certains témoins compromettants. Rien que ça.

Mais en appel en 2014, puis en cassation en 2015, la justice italienne cassera le premier verdict et innocentera finalement Silvio Berlusconi : il était impossible qu’il ait su que « Ruby » était mineure, et n’a été coupable d’aucun abus de pouvoir, assurèrent les juges de la juridiction suprême. Même chose en février 2023 dans l’affaire de l’achat du silence des témoins : les juges se laissèrent convaincre que le Cavaliere n’avait couvert de cadeaux plusieurs jeunes femmes, pour des millions d’euros, que pour compenser l’atteinte à leur réputation. Et il remporta son procès.

Il n’en reste pas moins qu’au moment des procès des soirées « bunga-bunga », Silvio Berlusconi était sous le coup d’une peine d’inéligibilité, liée à une condamnation pour fraude fiscale. Une sanction qui, accompagnée de la chute de son parti dans les urnes et de la montée d’autres formations populistes, aura ainsi conduit à l’éloigner définitivement des postes les plus importants du pouvoir italien.

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