Un singe survit deux ans avec un rein de cochon nain génétiquement édité

“Le rein d’un cochon nain génétiquement modifié a permis à un singe de vivre plus de deux ans. C’est l’une des survies les plus longues pour une transplantation d’organe interespèces”, rapporte Nature dans un article grand public qui décrypte les travaux scientifiques publiés le 11 octobre dans la même revue. Cette étude constitue une avancée dans l’idée de pouvoir un jour pallier la pénurie d’organes humains vitaux en utilisant des organes d’animaux, une pratique connue sous le nom de xénogreffe.

Pour celle-ci, les chercheurs ont édité 69 gènes du cochon nain - ce qui en fait l’édition du génome la plus complète réalisée sur des cochons vivants - dans le but d’empêcher le système immunitaire du receveur d’attaquer le nouvel organe et de neutraliser les virus présents dans le rein du donneur.

Wenning Qin, spécialiste en biologie moléculaire de la société eGenesis qui a piloté les travaux assure dans Nature :

“Cela prouve que notre organe [génétiquement modifié] est en principe sûr pour les primates non humains et permet de prolonger la vie.”

Ces dernières années, plusieurs xénogreffes d’organes de porcs ont été expérimentées sur des humains en vie (le premier n’a pas survécu longtemps, le second a été greffé il y a quelques semaines) ou en état de mort cérébrale. “Ce type de recherche est très important compte tenu de la pénurie de donneurs d’organes”, déclare David Cooper. Immunologiste spécialisé dans les xénogreffes du Massachusetts General Hospital de Boston, il n’a pas participé à l’étude mais est consultant pour eGenesis.

Les chercheurs estiment que cette étude permettra de fournir de précieuses données aux organismes de réglementation tels que la Food and Drug Administration (FDA, l’agence américaine du médicament), qui étudie actuellement la possibilité d’approuver les premiers essais cliniques de greffes d’organes d’animaux sur l’humain. Reste que la compréhension de la variabilité du succès des xénogreffes est essentielle pour envisager d’en réaliser plus fréquemment sur des humains. Par ailleurs, certains se demandent dans quelle mesure il sera possible d’effectuer autant de modifications génétiques avant de pouvoir pratiquer une greffe. En d’autres termes, la greffe, en routine, d’organes de cochons sur des humains, n’est pas encore pour demain.

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