Les sept familles du rap français

Le rappeur Gims au Stade de France, à Saint-Denis, le 28 septembre 2019.   - Credit:ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
Le rappeur Gims au Stade de France, à Saint-Denis, le 28 septembre 2019. - Credit:ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Finie, l'époque où le rap semblait réservé à la jeunesse des cités HLM. Plus provincial, plus bourgeois aussi, le genre a changé. Au point que de nombreuses sensibilités politiques s'y expriment aujourd'hui. Panorama.

Les identitaires de gauche

Dans son morceau « Don't Laïk », Médine s'attaque avec virulence aux « laïcards », coupables à ses yeux de défendre une vision « dévoyée » de la laïcité. « Nous sommes épouvantail [sic] de la République / Les élites sont les prosélytes des propagandistes ultra-laïcards / Je me suffis d'Allah, pas besoin qu'on me laïcise. » Freeze Corleone est, lui, un admirateur du panafricaniste Kémi Séba. Au nom de la concurrence des mémoires, il ose assurer, dans un morceau intitulé « Congo » : « S/O [shout out] Congo / Tous les jours, R à F [rien à foutre] de la Shoah. »

Les centristes

Les frères toulousains Bigflo et Oli, aux paroles aussi sensibles que consensuelles, pourraient prendre leur carte à l'UDI. Un souci de nuance qui les distingue de confrères vociférants. Parfois pour le meilleur, comme dans « Le Cordon », récit délicat des affres de l'avortement. Parfois pour un résultat discutable. Dans « Sacré Bordel », les artistes d'origine algérienne et argentine s'interrogent sur leur identité française : «  Dans le grimoire, y'a les Gaulois, y'a les chevaliers / Mais dans la cuisine, y'a ma grand-mère et ses tatouages berbères effacés. » Un véritable numéro d'équilibristes, qui leur a valu, sur les réseaux sociaux, l'étiquette [...] Lire la suite