Sarkozy se démarque de Macron sur les émeutes liées à la mort de Nahel et pointe l’héritage de mai 68

L’ancien président de la République se démarque de son lointain successeur qui a semblé pris de court par les violences dans de nombreuses villes du pays.

Sarkozy se démarque de Macron sur les émeutes et y voit « l’influence délétère de mai 68 » (les deux pris en photo le 16 juin 2020)
Sarkozy se démarque de Macron sur les émeutes et y voit « l’influence délétère de mai 68 » (les deux pris en photo le 16 juin 2020)

POLITIQUE - Sous les pavés… L’émeute ? Nicolas Sarkozy prend la parole dans une interview fleuve publiée par Le Figaro ce mercredi 16 août, quelques jours avant la parution d’un nouvel opus de ses mémoires intitulé Le Temps des combats (éd Fayard). L’occasion pour l’ancien chef de l’État de revenir sur plusieurs sujets qui ont rythmé l’actualité ces dernières semaines, comme le coup d’État au Niger ou les émeutes dans de nombreuses villes françaises.

Et sur ce dernier sujet, Nicolas Sarkozy se démarque clairement d’Emmanuel Macron. L’actuel président de la République - qui a toujours pu compter sur l’œil bienveillant de son prédécesseur - a semble-t-il été pris de court par les événements, allant jusqu’à lâcher un fameux « qui avait prévu ce qui allait se passer ? », quelques jours plus tard, pour mieux pointer le caractère éruptif et imprévisible d’un tel phénomène.

« Personne ne peut être surpris », lui répond l’ancien locataire de l’Élysée plus d’un mois plus tard, en citant notamment les émeutes qui ont parcouru la France en 2005, quand il était ministre de l’Intérieur, et que beaucoup ont comparé aux violences du début juillet. Pour cause, Nicolas Sarkozy voit effectivement ce mouvement comme un ricochet lointain… De mai 68.

Différences d’analyse

« La crise de l’autorité vient de loin. Nous n’en finissons plus de payer le prix d’une génération perdue qui n’a plus peur de rien. L’influence de 1968 a été délétère pour la France », analyse ainsi l’ancien président, chantre de la « verticalité », pour qui « quarante ans de contestation de toutes les autorités, de toutes les légitimités nous ont fait penser que l’individu avait tous les droits et aucun devoir. »

Plus précisément, Emmanuel Macron entend fournir à ces épisodes de violence une réponse « en même temps », comme à son habitude. « Je ne veux pas choisir », entre la réponse sociale et la réponse sécuritaire, expliquait-il au début du mois d’août à plusieurs journalistes du Figaro, en assumant vouloir « accompagner ces familles », notamment monoparentales - dont les enfants sont surreprésentés parmi les émeutiers-, et « en même temps les responsabiliser. » Une riposte sur deux jambes, en somme.

Nicolas Sarkozy, lui, n’en prône qu’une : celle de l’autorité. Deux, si l’on compte le durcissement des règles migratoires. « Notre démocratie est en danger, non du fait d’une trop grande autorité, mais de son absence dont on voit les résultats délétères chaque jour », explique ainsi l’ancien chef de l’État qui pense également avoir eu « raison contre tous ceux qui étaient dans le déni de la réalité » en tressant un lien entre délinquance et immigration lors de son mandat.

« Il faut mesurer le ­niveau d’indignation de l’époque et le comparer à la réalité d’aujourd’hui », fait valoir le responsable politique, condamné en appel à trois ans de prison dans l’affaire des écoutes, qui « voit le même aveuglement aujourd’hui » sur les questions migratoires. Un lien avec la délinquance, qu’Emmanuel Macron refuse de faire, en appelant à « ne pas confondre immigration et intégration »... Au contraire de son ministre de l’Intérieur. Il n’est d’ailleurs pas anodin de voir que Gérald Darmanin reçoit les éloges de Nicolas Sarkozy dans son livre.

Il n’est pas surprenant non plus de voir Nicolas Sarkozy faire référence à mai 68. Le chef de l’État cite souvent le mouvement qui a débouché sur l’augmentation de 35 % du salaire minimum, la réduction du temps de travail ou une nouvelle semaine de congés payés, comme la source des maux qui traversent la France.

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