Salon de l’Agriculture : à Paris, les manifestants expriment leur colère avant l’ouverture

Les agriculteurs ont manifesté devant le parc des Expositions ce vendredi soir. Emmanuel Macron a été hué. Des manifs ont eu lieu ailleurs en France.

« Macron, sans solutions, pas de salon. » Ils sont en colère, déçus, prêts à en découdre. Le seul nom du président suffit à déclencher des huées dans la foule des agriculteurs de la FNSEA réunis devant l’entrée du Salon de l’agriculture à Paris ce vendredi 23 février au soir.

Avant le Salon de l’agriculture, les images des tracteurs qui bloquent le périphérique et entrent dans Paris

À la tribune montée devant le Parc des expositions porte de Versailles, où dans quelques heures la Ferme France s’ouvrira au public, Arnaud Rousseau parle à ses troupes et évoque notamment l’énorme flop du grand débat voulu par Emmanuel Macron, finalement annulé.

« Demain, le président de la République entend venir dans ce salon », reprend Arnaud Rousseau. « Houuuuu », gronde la foule de T-shirts floqués « On marche sur la tête ». « On va le saigner ! » hurle un agriculteur. Nouveaux sifflets.

« Manu Tchao ! »

« Demain, on veut des papiers signés », crie un adhérent. « Je lui dirai », répond Arnaud Rousseau, qui juge important que le président Macron « entende la colère du monde agricole ». « Ce salon, c’est le nôtre », rappelle-t-il. La foule approuve.

Devant le parc des Expositions porte de Versailles, le panneau « Paris » a été retourné. Une référence aux panneaux de communes retournés depuis plusieurs mois, prémices de la crise agricole que le gouvernement n’a pas vu venir.

Les manifestations n’avaient pas lieu qu’à Paris. Ailleurs en France, la FDSEA du Nord a appelé les agriculteurs à allumer des feux sur les ronds-points à 20 heures, comme l’a rapporté La Voix du Nord. Au Mans, un mur de parpaings a été érigé devant la préfecture, indique aussi la presse locale.

Dans la capitale, armés de torches, de cloches et de drapeaux aux couleurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), des centaines de manifestants ont marché pour une veillée d’armes devant leur « maison ». Sous sa pancarte « Manu Tchao ! », Romain Garnier explique : « Si ça ne bouge pas, il faut qu’il parte. Avec ce qu’il nous a donné pour l’instant, c’est tchao. »

Lui voudrait pouvoir à nouveau utiliser de l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde interdit en France mais encore utilisé en Allemagne pour prémunir la betterave à sucre d’un puceron. « Il suffit de le décider : c’est rapide, c’est concret. »

Les agriculteurs veulent du concret

Venue de l’Aisne, Mathilde de Wever, 45 ans, dirige avec son mari une ferme en polyculture-élevage. « Marre des promesses : ce métier c’est une passion. Pour nous, pas de cinéma, pas de piscine, pas de restau, ça me va, mais laissez-nous travailler ! »

Marre des injonctions « de gens qui ne connaissent rien à l’agriculture. Couper à cette date, planter à ce moment, déclarer ceci et cela. Des heures perdues... L’administration travaille avec des dates, nous avec le climat. Ça suffit », résume son mari Alexis.

« Le salon c’est nous », « ici c’est notre maison », sont-ils nombreux à dire, bière à la main, criant pour couvrir la sono tonitruante jusque devant les baraques à frites qui débitent sans discontinuer.

« On est là pour la nuit. Après le bras d’honneur qu’il nous a fait hier (jeudi), il doit venir nous annoncer des choses », estime Vincent Bouvrain de la région parisienne. Quelles choses ? « Un cap », « une vision » et quelque chose qui change dans la cour des fermes. Maintenant. En attendant, des agriculteurs ont annoncé leur intention de dormir sur place, prêts à attendre Emmanuel Macron de pied ferme à la première heure.

À voir aussi sur Le HuffPost :

Au Salon de l’Agriculture, Macron annule finalement son « grand débat » avec les agriculteurs

Contre l’insecticide thiaclopride, la France décide d’interdire l’importation des produits traités avec

VIDÉO - A l'heure du laitier, un face-à-face qui s'annonce tendu entre Macron et les agriculteurs