Sainte-Soline : qu'est-ce que "l'éco-terrorisme" dont parle Gérald Darmanin ?

Gérald Darmanin a dénoncé dimanche
Gérald Darmanin a dénoncé dimanche "l’éco-terrorisme" de certains militants présents à Sainte-Soline

Le ministre de l’Intérieur a dénoncé dimanche "l'éco-terrorisme" de certains militants après des affrontements, samedi, entre manifestants et forces de l’ordre à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, qui ont fait plusieurs blessés.

À Sainte-Soline, le rassemblement contre un projet pour l’irrigation agricole interdit par la préfecture des Deux-Sèvres a fait une soixantaine de blessés côté gendarmes. Pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, "ce chiffre démontre que ce n’était pas une manifestation pacifique mais un rassemblement très violent". Dimanche, il a dénoncé "l’éco-terrorisme" de certains militants.

Un terme confirmé lundi matin par le préfet de police, Laurent Nuñez. "Pour certains, on peut les qualifier d’écoterroristes", a-t-il expliqué sur France Info. Il précise : "Le terrorisme, ce sont tous les actes qui visent à créer des troubles graves à l'ordre public, en vue de semer l'intimidation ou la terreur, c'est la définition judiciaire". L’article 421-1 du Code pénal précise en effet que "les destructions, dégradations et détériorations (…) constituent des actes de terrorisme, lorsqu'elles sont intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur".

Laurent Nuñez ajoute que "les services de renseignement travaillent sur ces individus qui développent une forme de radicalité violente autour de la cause écologique" et précise qu’"un certain nombre d’entre eux sont fichés S, au même titre que les terroristes islamistes".

Un phénomène apparu dans les années 60

Les propos de Gérald Darmanin ont fait réagir la députée insoumise de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain. "L’éco-terrorisme, c’est une insulte aux militants de l’écologie, c’est une insulte aux victimes du terrorisme d’associer le mot terrorisme à écologie", s’est indignée l’élue sur RMC. Elle dénonce un "écran de fumée" destiné à masquer le "contenu du combat". Le patron du PS Olivier Faure s’est également indigné sur Twitter : "Les mots ont un sens. Le ministre de l'Intérieur insulte la mémoire des victimes du terrorisme. À tout confondre, on aboutit à l'hystérisation du débat."

Le terme d’éco-terrorisme n’est pas nouveau. Dans un article publié sur le site du Cairn en 2010, Benoît Gagnon, doctorant en criminologie à l’Université de Montréal, définit l’éco-terrorisme comme étant "toute activité terroriste justifiée par des discours liés à la protection de l’environnement ou par la défense des animaux". Ce phénomène remonterait aux années 1960, "avec des groupes activistes opposés à la chasse" au Royaume-Uni. Il s’est depuis étendu dans le monde, et notamment dans les pays industrialisés.

"Les actions des groupes écoterroristes visent principalement des entreprises qui vont œuvrer dans des secteurs qui sont rentables, mais qui sont également de grands consommateurs d'énergie, de grands pollueurs", analyse-t-il. Déjà en 2010, le chercheur estime que l’éco-terrorisme risque de devenir l’une des formes de terrorisme dominantes dans les prochaines années.

VIDÉO - Clémentine Autain: "Il y a un problème de doctrine de maintien de l'ordre" à Sainte-Soline