Saint-Jean-de-Luz : les vibrants hommages à Agnès Lasalle, la professeure tuée

Le collège-lycée catholique Saint-Thomas d’Aquin rend hommage à la professeure d’espagnol poignardée la veille en classe, le 23 février 2023 à Saint-Jean-de-Luz.
GAIZKA IROZ / AFP Le collège-lycée catholique Saint-Thomas d’Aquin rend hommage à la professeure d’espagnol poignardée la veille en classe, le 23 février 2023 à Saint-Jean-de-Luz.

HOMMAGE - La parole puis le silence. Les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz sont arrivés ce jeudi 23 février au matin avec des bouquets de fleurs ou des roses blanches pour rendre hommage à leur professeure Agnès Lassalle, poignardée la veille par un élève tenant des « propos incohérents » selon les enquêteurs.

Quelques heures avant la minute de silence honorée à 15h dans l’ensemble des établissements secondaires de France qui ne sont pas actuellement en congés, beaucoup d’élèves ont été accompagnés par leurs parents jusqu’à l’entrée du collège-lycée privé ou déposés en voiture sur le parking.

« Ça va être une dure journée, je suis encore beaucoup sous le coup de l’émotion », a lâché un assistant d’éducation, qui n’a pas voulu donner son nom, alors que la police municipale dissuadait les élèves de répondre à la presse.

« Une prof très gentille, à l’écoute »

Mais quelques-uns ont tout de même accepté d’échanger avec les journalistes, à l’instar de deux élèves d’Agnès Lassalle. Ces lycéennes décrivent une enseignante « très appréciée » au sein de ce collège-lycée privé et sous-contrat avec l’État. « Nous avons très mal dormi cette nuit », ont-elles confié au site Actu.fr , alors qu’elles déposaient des roses blanches devant l’établissement.

« C’est important d’être présent pour sa famille, ses proches, ses élèves, il faut donner de la force aussi à ceux qui ont vu ça », a déclaré Rudy, un ancien élève de la professeur de 53 ans. Il est actuellement en 3e et a suivi l’année dernière ses cours d’espagnol. Il décrit une « prof très gentille »« à l’écoute », qui « savait garder sa place » et « était droite dans ses bottes ».

Agrégée en espagnol, Agnès Lassalle travaillait dans ce lycée privé de Saint-Jean-de-Luz depuis 1997. Mercredi, Pap Ndiaye, venu sur les lieux, avait salué son « exceptionnel dévouement ». Ce jeudi après-midi, avant de participer à la minute de silence en son honneur dans un collège d’Albertville (Savoie), le ministre de l’Éducation nationale a de nouveau souligné l’engagement de la professeure : « Elle consacrait toute sa vie à son enseignement ».

Un dévouement applaudit aussi par la rectrice de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure : « Elle rayonnait dans son travail. C’était une excellente professeure, qui mérite toute notre admiration », a-t-elle confié au quotidien Midi Libre.

« J’aurais aimé qu’elle profite un peu plus de sa vie »

Au micro de France Inter, ce jeudi matin, on a pu entendre l’émotion dans la voix de Stéphane, le compagnon de l’enseignante. Il a partagé des détails sur leur vie de couple et sur les hobbies d’Agnès Lassalle, qui dansait le rock’n roll, le swing, la salsa et le flamenco. Une passion pour la danse qui a d’ailleurs joué un grand rôle dans leur histoire puisqu’ils se sont rencontrés sur une piste de danse, il y a 14 ans. Les deux amoureux s’apprêtaient à fêter cet anniversaire.

Sur son temps libre, la professeure d’espagnol, « très à l’écoute, très gentille, bienveillante », s’essayait aussi à la peinture. « J’aurais aimé qu’elle profite un peu plus de sa vie », a confié l’homme qui partageait sa vie. Il assure que sa compagne « adorait ses élèves, aimait son boulot », et qu’elle a rempli « sa mission jusqu’au bout ».

« Une petite voix qui lui parle »

Dans une conférence de presse précédant la minute de silence, devant l’enceinte du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin, le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, a exprimé son admiration pour cette « professeure extrêmement investie unanimement appréciée de ses élèves, de ses collègues ».

Avant de revenir sur les premiers éléments de l’investigation : l’auteur présumé de l’agression, âgé de 16 ans et placé en garde à vue, « n’était pas connu des services de police, ni des services de justice » affirme Jérôme Bourrier. « Son état permet la garde à vue », a-t-il ajouté, alors que deux sources proches du dossier ont évoqué à l’AFP un jeune homme tenant « des propos incohérents » et aux « troubles psy avérés ».

Le mis en cause aurait évoqué « une petite voix qui lui parle, un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal, et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat » selon le procureur de la République Jérôme Bourrier. L’enquête est toujours en cours pour déterminer le mobile du prévenu.

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