Saint-Étienne : des enregistrements accablants pour le maire Gaël Perdriau

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JACQUES DEMARTHON / AFP

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Le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau photographié à Paris en juillet 2019 (illustration)

POLITIQUE - Menaces, barbouzeries, atteinte à la vie privée, argent public… L’affaire offre probablement le pire de ce que peut produire le monde politique. Ce lundi 12 septembre, Mediapart enfonce le clou dans l’affaire du chantage à la sextape qui ébranle la mairie de Saint-Etienne depuis la fin du mois d’août.

Pour rappel, le site d’investigation avait révélé que l’ancien premier adjoint (centriste), Gilles Artigues, avait fait l’objet d’un complot sordide visant à contenir sa carrière politique. Une machination qui implique l’actuel maire (Les Républicains), Gaël Perdriau.

L’élu centriste, connu pour ses positions conservatrices, avait été filmé à son insu lors d’une mise en scène organisée dans un hôtel parisien, de laquelle était sorti un film le montrant en compagnie d’un escort lui prodiguant un massage.

Le but ? S’en servir pour contrer ses ambitions en le menaçant de faire fuiter un film le montrant dans une posture a priori contradictoire avec ses engagements. Au moment des premières révélations de Mediapart, Gaël Perdriau niait toute implication. Il assurait même ne rien savoir de ce dossier.

« C’est une exécution »

Problème numéro 1 : le 6 septembre, Mediapart publiait un premier enregistrement dans lequel on entend clairement l’édile de droite évoquer cette vidéo. « La première victime, ce sera lui, parce que quelque part… Sauf que… Une fois que les choses sont sur la table, il est mort. Même s’il y est pour rien, il est mort » , affirme-t-il dans une discussion avec Gilles Rossary-Lenglet, décrit comme l’un des exécutants du piège tendu à Gilles Artigues.

Problème numéro 2 : Mediapart publie ce jour un autre enregistrement, encore plus accablant. Il s’agit d’une discussion entre Gilles Artigues, Gaël Perdriau et son chef de cabinet Pierre Gauttieri. Une conversation durant laquelle le « chantage », terme employé par l’édile, apparaît clairement.

« Si le fait que j’aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour, je n’en ai aucun problème », déclare par exemple – en présence du maire — Pierre Gauttieri. « Une fois que c’est sur les réseaux, c’est plus du chantage. C’est une exécution », prévient Gaël Perdriau, évoquant plus loin un « film complet d’une heure et quart » auquel la victime n’a pas eu accès (et qui en réalité ne dure que 30 minutes).

Des enregistrements qui montrent que non seulement Gaël Perdriau était au courant de la machination, mais qu’il avait bien conscience que la vidéo pouvait nuire à cet adjoint encombrant.

Autre détail embarrassant révélé par le site d’investigation, les subventions délivrées par le cabinet du maire à deux associations fraîchement créées et correspondant aux sommes demandées par Gilles Rossary-Lenglet pour commettre son forfait.

Alors qu’ils intéressent la justice qui a ouvert une enquête à la suite des révélations, ces documents ont tout simplement « disparu des serveurs de la mairie début septembre ».

Changement de défense

Au début de l’affaire, Gaël Perdriau assurait être totalement étranger aux faits révélés par Mediapart. « Je souhaite comprendre tous les tenants et aboutissants de cette affaire. Et par ailleurs, je conteste fermement toute notion de chantage qui serait lié aux décisions qu’il a prises au sein de l’exécutif », déclarait-il le 27 août.

Or, depuis la première salve d’enregistrements, le maire de Saint-Etienne a modifié sa ligne de défense. « C’est une terrible machination qui vise à me salir et détruire qui je suis politiquement », se défendait le 8 septembre dans Le Parisien celui dont le nom circulait cet été pour rejoindre le gouvernement formé par Emmanuel Macron.

« Qui aurait intérêt à transformer ce qui est pour moi un fait divers en affaire politique ? Je cherche », insistait-il.

Et de sous-entendre que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, avec lequel il est en conflit ne serait pas étranger à l’affaire : « Pour trouver des personnalités nationales aux Républicains, il n’y a pas besoin d’aller très loin… Il n’y a pas de hasard en politique ».

Des justifications hasardeuses qui résistent mal au nouvel enregistrement révélé ce lundi. Gaël Perdriau fait l’objet d’une information judiciaire ouverte par le parquet de Lyon, et des perquisitions ont été menées chez les protagonistes ainsi qu’à la mairie de Saint-Etienne.

Présidente par intérim des Républicains, Annie Genevard a évoqué ce dimanche 11 septembre sa possible exclusion du parti de la droite « si les faits sont avérés ».

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