Séisme en Turquie : 35 000 morts et une centaine de promoteurs immobiliers désormais traqués

Sept jours après ce tremblement de terre dévastateur, des centaines procédures judiciaires ont été lancées pour demander des comptes aux promoteurs immobiliers turcs.

INTERNATIONAL - Le bilan du violent séisme qui a frappé le 6 février la Turquie et la Syrie s’élève désormais à 35 225 morts, selon les derniers bilans officiels communiqués ce lundi 13 février.

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 31 643 morts en Turquie, a annoncé l’Afad, organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités syriennes ont dénombré 3 581 morts dans leur pays. Des chiffres encore loin de la réalité, selon les estimations de l’ONU.

Istanbul cherche les responsables

En Turquie, où plusieurs villes du sud-est ont été transformées en champs de ruines par le séisme, les bâtiments disposent pourtant d’une multitude de réglementations. Mais celles-ci sont si peu appliquées que même les constructions les plus récentes ne sont pas forcément aux normes. Nos confrères du Monde relatent ainsi l’immense colère des habitants du bâtiment Rönesans, un immeuble de luxe présenté comme le plus sûre de la ville d’Antakya et réduit en décombres.

De quoi lancer une forme de chasse aux sorcières contre certains promoteurs et entrepreneurs immobiliers véreux, accusés de ne pas avoir respecté une série de normes et de régulations strictes de construction adoptée par la Turquie et calquées sur celles de la Californie, terre de séismes.

Face à la colère qui gronde dans le pays contre ces mafias du bâtiment, relayée par la presse et les réseaux sociaux, les autorités turques ont donc réagi sans attendre et les arrestations et mandats d’arrêt pleuvent désormais. Dimanche, trois personnes ont été écrouées en Turquie, sept ont été interpellées dont deux promoteurs qui tentaient de s’échapper en Géorgie. Et pas moins de 114 sont toujours recherchées, a annoncé le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag. Au total, 134 enquêtes ont été lancées.

Selon un décompte officiel, ce sont près de 12 000 bâtiments qui ont été détruits ou endommagés en Turquie. Surtout que la plupart de ces constructions se sont affaissées sur elles-mêmes, sans laisser la moindre chance à leurs occupants surpris dans leur sommeil par la violente secousse, survenue à 4 heures du matin.

« Même quand les immeubles s’effondrent, les gens sont normalement capables de trouver des poches dans lesquelles s’abriter jusqu’aux secours », insiste le Pr Mustafa Erdik, ingénieur sismique joint par l’AFP. « Ici on observe un effondrment en crêpes avec des étages qui s’empilent les uns sur les autres », ne laissant que très peu de chances de survie aux occupants, ajoute celui qui est par ailleurs président de la Turkish Earthquake Foundation.

Une aide humanitaire insuffisante...

Une semaine après les secousses, la situation est encore complexe sur le terrain. Le contexte géopolitique, notamment en Syrie ne favorisant pas l’accès aux secours. Surtout à Bab-al Hawa, dans le nord-ouest, désormais le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles, ravagées elles aussi par le séisme.

Une aide insuffisante, a admis l’ONU qui évoque des carences dans l’acheminement de l’aide aux régions syriennes déchirées par la guerre. « Jusqu’à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie » qui « se sentent à juste titre abandonnés » et il faut désormais « corriger cet échec au plus vite ».

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a d’ailleurs rencontré le président syrien Bachar al-Assad dimanche à Damas, assurant que ce dernier s’était montré prêt à envisager l’ouverture de nouveaux points de passages pour acheminer l’aide dans les zones rebelles.

Il a indiqué « être ouvert à l’idée d’envisager des points d’accès transfrontaliers pour cette urgence », a affirmé le chef de l’OMS à des journalistes. « Les crises cumulées du conflit, du Covid, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables », a relevé Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui s’était rendu la veille à Alep.

Selon un responsable du ministère syrien des Transports Suleiman Khalil, 62 avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri dans le pays et d’autres sont attendus dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d’Arabie saoudite.

... malgré de nouveaux miracles

En revanche, un motif d’espoir pousse les secours à maintenir leurs efforts pour trouver des rescapés, même une semaine après le tremblement de terre. En effet, de nouveaux sauvetages miraculeux ont lieu dans les décombres. Un membre d’une équipe de secouristes britanniques a publié une vidéo sur Twitter ce dimanche montrant un sauveteur emprunter un tunnel créé dans les ruines de cette même ville et en ressortir un Turc, bloqué pendant cinq jours.

Dimanche, des opérations pourtant inespérées, au-delà de la période cruciale des 72 heures ont également permis de dégager vivantes sept personnes, selon les échos de la presse turque.

Parmi elles, un enfant de 3 ans à Kahramanmaras et une femme de 60 ans à Besni. Une femme de 40 ans a aussi été sauvée au bout de 170 heures à Gaziantep.

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