En Russie, les gérants d’un bar risquent jusqu’à dix ans de prison pour « extrémisme LGBT+ »

Les droits des minorités sexuelles sont drastiquement limités depuis quelques années, sous l’impulsion de Vladimir Poutine qui prône un modèle de famille « traditionnel ».

INTERNATIONAL - Des sanctions qui deviennent de plus en plus concrètes. Deux gérants d’un bar en Russie ont été placés, ce mercredi 20 mars, en détention provisoire pendant deux mois pour « extrémisme » LGBT+ et risquent jusqu’à dix ans de prison. Cette décision intervient dans un contexte où le pays dirigé par Vladimir Poutine réprime de plus en plus fortement les minorités sexuelles.

Pourquoi, en Russie, les droits LGBT sont-ils particulièrement visés depuis la guerre en Ukraine

Le directeur artistique et l’administratrice du bar « Pose » sont accusés d’avoir une « orientation sexuelle non traditionnelle » et de « soutenir également les opinions et les activités de l’association publique internationale LGBT interdite » en Russie rapporte le communiqué partagé par le tribunal d’Orenbourg.

Des policiers avaient effectué une descente dans ce bar durant la nuit du 9 mars, a affirmé Mediazona qui a relayé une vidéo de la scène montrant des personnes allongées sur le sol, face contre terre, les mains sur la tête, entourées de policiers. L’établissement situé près de la frontière avec le Kazakhstan, avait annoncé sur les réseaux sociaux accueillir « une programmation avec des spectacles », sans donner plus de détails.

Il « s’agit de la première affaire pénale de ce type en Russie après la décision de la Cour suprême de classer (sous l’étiquette) extrémiste le mouvement LGBT », s’est félicitée Ekaterina Mizoulina, une militante défendant les « valeurs traditionnelles » prônées par Vladimir Poutine.

Les craintes se concrétisent

Depuis ces dernières années, les droits des minorités sexuelles ont été drastiquement limités sous l’impulsion de Vladimir Poutine, le président russe, qui, avec l’Église orthodoxe, assure vouloir éliminer de la sphère publique des comportements jugés importés d’Occident.

Plus récemment, en novembre dernier, la Cour suprême russe a banni le « mouvement international LGBT » pour « extrémisme », une formulation floue mais ouvrant la porte à de lourdes peines de prison. Désormais, les descentes de police et les intimidations dans les bars et les clubs ouverts aux LGBT+ sont de plus en plus fréquentes, ce qui en effraie plus d’un.

La cheffe de la branche russe de l’ONG Amnesty International, Natalia Zviaguina, a dénoncé ce mardi 19 mars l’ouverture en Russie de « la première enquête pour “extrémisme” en lien avec la communauté LGBT+ (...) Ce que les personnes LGBTI et les défenseurs des droits humains craignaient depuis la fin de l’année dernière s’est finalement concrétisé », a-t-elle déploré dans un communiqué.

La Russie avait aussi interdit en 2022 toute forme de « propagande » LGBT+ dans les médias, sur internet, dans les livres et dans les films tandis qu’en juillet 2023, les députés russes avaient également voté une loi interdisant notamment aux personnes transgenres les opérations chirurgicales et les thérapies hormonales.

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