Royaume-Uni: le chef des commissaires affirme que la police est "institutionnellement raciste"

Dans une interview au quotidien "The Guardian", le chef du Conseil britannique des commissaires de police estime que les forces de l'ordre sont "institutionnellement racistes". Il devient le plus haut responsable de la police du Royaume-Uni à formuler une telle critique.

Une lourde accusation. Les forces de l'ordre du Royaume-Uni sont "institutionnellement racistes", a affirmé Gavin Stephens, à la tête du Conseil représentatif des commissaires de police britannique (NPCC), dans une interview publiée ce samedi dans le quotidien The Guardian. Il devient ainsi le plus haut responsable d'une organisation policière à formuler une telle autocritique, alors que le débat sur le racisme de la police a cours depuis plusieurs décennies dans le pays.

"Cela ne signifie pas que tous les policiers sont racistes", a-t-il toutefois nuancé.

Gavin Stephens a considéré qu'il était impératif que les personnes noires ne soient pas victimes d'usages disproportionnés de la force. Il a aussi jugé insuffisants les efforts faits dans la police pour lutter contre ces discriminations, notamment les réformes qui ont suivi le mouvement de protestation lié au meurtre de George Floyd, un homme noir, par un policier blanc aux États-Unis en mai 2020.

Le "mythe" des "jeunes hommes noirs dangereux"

"Les personnes noires sont sept fois plus susceptibles d'être arrêtées et fouillées que les Blancs et cinq fois plus susceptibles de faire l'objet d'un recours à la force... 10 % des fouilles enregistrées, 27 % des incidents liés au recours à la force et 35 % des incidents liés au Taser concernent des personnes noires", a notamment listé Gavin Stephens afin de matérialiser ces discriminations, avant de rappeler que "les dernières estimations suggèrent que seulement 3,5 % de la population [britannique] est noire".

Il a expliqué la surreprésentation des personnes noires parmi les personnes visées par des actions de police par un "mythe qui existe parfois dans la culture populaire selon lequel les jeunes hommes noirs sont dangereux. C'est un mythe".

"Oui, les jeunes hommes noirs sont impliqués dans la criminalité (...) mais il en va de même pour les hommes blancs si vous allez dans ma région", le Surrey, au sud-ouest de Londres, a-t-il défendu.

Divisions au sein des hauts gradés de la police

Selon le Guardian, la police britannique est agitée par la controverse sur son racisme institutionnel depuis une trentaine d'années. Certains chefs régionaux (police d'Écosse par exemple) et divisionnaires (police des transports de Londres) de la police ont reconnu ce problème, mais pas les plus hauts gradés.

Malgré un rapport accablant publié en 2021 et faisant état de racisme, de misogynie et d'homophobie institutionnels dans ses rangs, le chef de la police de Londres, le plus haut gradé du pays, a refusé d'accepter les deux premiers qualificatifs pour décrire les forces de l'ordre dont il a la charge. Les chefs des polices de Manchester et Birmingham, les deux autres plus grosses polices d'Angleterre après Londres, ont pris des positions similaires.

Les membres de la NPCC avaient eux-mêmes voter contre une résolution de reconnaissance des discriminations institutionnelles dans leurs rangs, les propos de Gavin Stephens relèvent donc de l'opinion personnelle.

Le débat a également cours en France, la police nationale faisant l'objet d'accusations de racisme institutionnel de la part d'organismes nationaux et d'associations. "Il est faux de dire qu'il y a un racisme systémique de la police nationale", avait estimé en juillet le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, à la tête des forces de l'ordre françaises.

Article original publié sur BFMTV.com

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