Roussel, Maréchal, Bellamy... Pourquoi les politiques accourent au chevet des agriculteurs en colère

Roussel, Maréchal, Bellamy... Pourquoi les politiques accourent au chevet des agriculteurs en colère

Marion Maréchal, Fabien Roussel, François-Xavier Bellamy ce mercredi, Jordan Bardella le week-end dernier... Six jours après le début du mouvement des agriculteurs, plusieurs figures politiques s'affichent aux côtés du monde agricole. À quelques mois des élections européennes, pas question de passer à côté du courroux des agriculteurs.

La tête de liste Reconquête s'affiche ainsi aux côtés des agriculteurs à Bruxelles qui défilent sous la bannière de la Coordination rurale, un syndicat marqué à droite. Le patron des communistes prend de son côté la direction de Beauvais, dans l'Oise, longtemps terre de gauche, quelques heures après l'installation d'un rond-point sur l'A1, l'une des autoroutes les plus fréquentées d'Europe.

"Pas dans l'improvision"

Quant à François-Xavier Bellamy, le chef de file des LR pour le scrutin européen, il se rend dans l'Oise puis dans l'Aisne, qui comptent essentiellement des députés RN après des années à droite.

"Chacun se rend là où il pense pouvoir convaincre son électorat. On n'est pas dans l'improvision et le choix au doigt mouillé d'aller sur le premier barrage venu", observe la communicante Émilie Zapalski auprès de BFMTV.com.

"La défense de nos campagnes, ça brasse large"

Et pour cause: si les agriculteurs ont un poids électoral plutôt faible et ne représentent qu'à peine 1,5% de la population active, leur colère peut parler bien au-delà des exploitants agricoles.

"La défense d'un art de vivre à la française, de la défense de nos campagnes, ça brasse large, et pas que chez les propriétaires de tracteurs", reconnaît ainsi un conseiller ministériel.

Dans le viseur des politiques qui font le déplacement aux côtés des agriculteurs, c'est notamment l'électorat rural et périurbain qui est visé. "Beaucoup de ruraux ont l'impression de ne pas compter aux yeux du pays ou de ceux qui les gouvernent", avance ainsi le sociologue Benoît Coquard, spécialiste de la jeunesse rurale dans son livre Ceux qui restent.

"Le sentiment peut être partagé par beaucoup de gens en France. C'est sûr qu'en tant que personnage politique dans l'opposition, vous allez essayer de capitaliser sur la colère qui dépasse bien largement le monde agricole", décrypte le sociologue et spécialiste du monde rural Bertrand Hervieu.

"Beaucoup de gens peuvent se reconnaître"

Si certaines revendications des agriculteurs sont très spécifiques, plusieurs peuvent cependant parler à une large frange de la population, à l'instar du coût du gasoil et de la hausse des tarifs de l'électricité.

"Les paysans, ce sont les gens qui se lèvent tôt, qui travaillent dur, gagnent souvent mal leur vie. Je pense que beaucoup peuvent s'y reconnaître", reconnaissait d'ailleurs un conseiller ministériel dès lundi.

Plus largement, les questions agricoles ont toujours permis de faire de la politique. Salon de l'Agriculture inratable, Sommet de l'élevage en passe de devenir un classique... Les élus ratent rarement une occasion d'afficher leur soutien aux agriculteurs.

"Il y a une image d'Épinal qui dit que chaque Français a un agriculteur dans sa famille. Ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui mais d'une certaine façon, ça reste dans l'imaginaire collectif", explique le sociologue Éric Doidy, spécialiste de la ruralité.

Des annonces "dans la semaine qui vient"

Le monde agricole possède également un certain capital sympathie dans un pays qui a longtemps été considéré comme "le grenier de l'Europe". 56% des personnes interrogées dans un sondage Ifop appellent à "soutenir plus largement" le monde agricole. 74% d'entre elles lui font également confiance pour fournir une alimentation de qualité.

"Quand on va dans le fond, les gens sont souvent plus nuancés sur l'agriculture mais des sujets qui font consensus, il y en a relativement peu donc évidemment que les politiques s'y engouffrent", remarque encore la communicante Émilie Zapalsky.

Pour l'instant, le gouvernement semble, lui, à la peine. Si Emmanuel Macron a demandé à ses ministres d'apporter "des solutions concrètes", le ministre de l'Agriculture a reporté une loi sur les questions agricoles promise depuis plus d'un an. Marc Fesneau a cependant promis des annonces "dans la semaine qui vient".

Article original publié sur BFMTV.com